L'appel de l'étranger implique-t-il un risque ?

Question

Bonjour,

Je suis un jeune avocat travaillant depuis un an au sein d’un cabinet québécois de moyenne envergure. Je ne pratique qu’en droit du travail depuis mon stage. Assoiffé de nouveaux défis et aimant voyager, j’aimerais parfaire mon champ d’expertise avec une maîtrise en droit du travail en France en septembre 2013. J’aurai, au moment de partir, 2 ans et demi de pratique au sein du même cabinet. Croyez-vous qu’il est pertinent de le faire? Pensez-vous qu’il me sera possible de retrouver un emploi au Québec après une année d’absence?


Réponse

Cher lecteur,

Votre situation est très intéressante mais comme c’est souvent le cas, il n’y a pas de réponse universelle applicable à chacun. Les circonstances dans lesquelles se fera votre départ, la situation économique à votre retour, la durée de votre séjour à l’étranger et la réputation du cabinet ou vous œuvrez actuellement, seront quelques uns des facteurs qui auront un impact sur votre réinsertion au Québec.

Vu qu’il est impossible de prévoir plusieurs de ces facteurs, la prise de ce type de décision est toujours un peu risquée. D’un autre côté, ne pas prendre de décision est une décision en soit. J’en profite pour vous ressortir des citations parmi mes préférées (pour les mordus de rédaction juridique, je m’excuse de ne pouvoir vous citer les auteurs en note de bas de page) : ''on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre'' ou encore ''on ne peut pas voler le deuxième but en gardant le pied sur le premier''.

Si vous restez, vous aurez acquis plus d’expérience et aurez un emploi stable, en plus d’avoir développé des contacts pendant l’année travaillée.

Si vous partez, vous aurez un diplôme de plus et surtout, vous aurez vécu une enrichissante expérience de vie. Bien que je ne sois pas un spécialiste du droit du travail, j’ai cependant des réserves quant à l’utilité d’une maitrise en droit du travail faite en France… Il me semble que le droit français, en matière de relations de travail, trouve de moins en moins d’écho de ce côté-ci de l’Atlantique. D’un autre côté, l’expérience vécue aura probablement une immense valeur au niveau humain. Donc, au niveau de la pertinence de faire cette démarche, j’ai des doutes d’un point de vue strictement professionnel. Du côté enrichissement personnel, je vous conseille d’y aller.

Est-ce qu’il sera possible de vous trouver un emploi à votre retour. Impossible d’y répondre, mais il n’y a pas de moment idéal pour suspendre sa carrière dans le but de vivre quelque chose de particulier. Si vous attendez ce moment, vous n’irez jamais. Vous avez par contre intérêt à maximiser vos chances de succès à votre retour.

Ce que je ferais à votre place ? Je parlerais de votre réflexion aux associés de votre cabinet afin de voir s’ils vous laisseraient partir « sans solde » pendant une année. Si c’est le cas, allez-y sans hésiter. Dans le cas contraire, ils vont probablement vous dire qu’ils ne peuvent pas vous garantir une place à votre retour, ce qui est tout à fait normal à mon avis. C’est à vous de décider si vous prenez ce risque, mais dites-vous que s’ils ne peuvent pas vous réintégrer dans leur équipe, ils vous donneront probablement d’excellentes lettres de référence lesquelles vous seront utiles lors de votre retour.

Je conclurais en vous soulignant que je recommande toujours d’acquérir au moins trois années d’expérience avant de suspendre votre parcours professionnel, hsitoire d’être alléchant à votre retour. Vous ne serez pas bien loin de ce minimum alors ça devrait aller pour vous. Partir pour maximum une année est aussi recommandé car au-delà de cette période, les employeurs éventuels pourront avoir peur que vous soyez déconnecté de la pratique. Finalement faites cette démarche dans le but d’acquérir, en plus de l’enrichissement personnel, des connaissances ou un diplôme qui idéalement vous démarquera de la concurrence. C’est à ce niveau que je modifierais votre projet mais comme mentionné précédemment, je ne suis pas un spécialiste du droit du travail. Peut-être serait-il souhaitable de parler du choix de formation et de destination avec les associés de votre bureau.

Je vous souhaite bonne chance dans votre stimulant projet et j’espère que mes conseils pourront vous aider à le réaliser.

Bonne semaine,

Pierre Arcand

La Question au Recruteur

Chaque semaine, le recruteur juridique Me Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.

La Question au Recruteur de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes pour autant qu’elles concernent votre carrière de juriste.

Sur l'auteur

Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.