Prendre une année sabatique : une bonne idée ?

Pierre Arcand
2012-12-17 08:30:00
Bonjour,
Je travaille au sein d’un grand cabinet depuis mon stage en 2009. Plusieurs de mes collègues sont partis pendant un an pour voyager en se disant que s’ils ne le font pas, ils ne le feront jamais. J’ai envie de faire la même chose mais je suis hésitante car j’ai peur de ne rien retrouver à mon retour. Est-ce que j’ai raison d’hésiter ? Merci de votre aide.
Réponse
Chère lectrice,
Oui vous avez raison d’hésiter mais ça ne veut pas dire que vous ne devez pas réaliser votre « trip ». Il est effectivement bon de peser le "pour et le contre" d’une telle décision avant de la prendre.

De plus, partir une année pour voyager sans vraiment avoir de responsabilités, voir du pays et rencontrer des gens de par le monde ne peut être qu’une expérience très enrichissante tant humainement que du point de vue des souvenirs que vous garderez. Les voyages forment la jeunesse, alors si vous avez une chance de partir, vous devriez vous lancer.
Mais avant de le faire, vous devez être consciente des aspects moins positifs. Premièrement il est faux de croire que les employeurs se jetteront à vos pieds à votre retour. Si vous avez un excellent dossier académique et quatre ans d’expérience dans un grand cabinet, vous devriez être en mesure de vous trouver quelque chose. Cependant ce ne sera peut-être pas tous les choix du monde qui vont seront offerts. Votre carrière va immanquablement accuser un recul par rapport aux Barreaux 2009 qui seront restés à travailler pendant votre année d’oisiveté. Ceci étant dit, il n’est pas impossible de rattraper ledit retard en y mettant patience et labeur.
Un autre point à considérer, bien que je ne sois pas certain que ce soit négatif, est le fait qu’il vous sera probablement difficile de reprendre le collier à un rythme de 60 heures par semaine après une année à vous la couler douce. Est-ce négatif de brasser et repositionner ses valeurs ? Sûrement pas, mais autant j’adhère à la valeur des voyages pour la jeunesse, autant je défends le principe qu’on n’a rien sans rien et que l’effort est habituellement récompensé. Je connais peu de postes qui permettent d’avoir de bons revenus, des défis et de travailler peu. Il faut éviter de prendre de mauvais plis.
Comme vous pouvez le constater, la réponse n’est pas aussi claire que ça et dans cette situation, j’ai tendance à rechercher une position intermédiaire qui minimiserait les aspects négatifs sans trop toucher aux positifs.
Une des solutions serait d’aller suivre une formation complémentaire à l’étranger. Il y en a pour tous les goûts, alors si vous désirez voir du pays sans perdre vos acquis, un MBA ou une autre formation reconnue pourrait être envisagée. Par contre si votre but est de « triper » solide, choisissez une formation qui sera moins exigeante et moins longue. Vous pouvez en choisir une qui dure 4 ou 5 mois et partir pour 12 mois. À votre retour, vous expliquerez en partie votre départ par un désir de parfaire votre formation, mais vous aurez en même temps pu donner libre cour à votre côté aventurier. Les employeurs potentiels ne seront pas tous dupes, mais votre périple passera plus facilement.
En terminant, je vous répèterai d’y aller mais qu’il y a un risque. J’ajouterai qu’au baseball on ne peut pas voler le deuxième but en gardant le pied sur le premier. Il faut savoir prendre des risques qui soient calculés. Planifiez votre départ avec minutie mais préparez également votre retour avec autant de soins.
Sur ces mots, je vous souhaite bonne chance et bon voyage si vous décidez de le faire.
Chaque semaine, le recruteur juridique Me Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.
La Question au Recruteur de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes pour autant qu’elles concernent votre carrière de juriste.
Sur l'auteur
Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.