Pratiquer en solo

Il ne dirait pas non aux grands cabinets

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Céline Gobert

2012-05-30 15:00:00

Cet avocat de 33 ans s’est lancé en solo après seulement trois années de pratique. S’il a gagné liberté, argent et respect de ses pairs, il se verrait bien pourtant intégrer un grand cabinet.
Me Anthony Soliman n’avait pas vraiment le profil académique requis pour entrer dans le grand cabinet de ses rêves. Alors, il commence comme assistant marketing chez Davies.

Anthony Soliman s'est mis à son compte 3 ans après avoir démarré sa carrière
Anthony Soliman s'est mis à son compte 3 ans après avoir démarré sa carrière
Pour ce Barreau 2008, diplômé en droit de l’Université Sherbrooke, trois années d’expérience en stage chez Nelson Cameron Champagne finissent ensuite de le convaincre à se lancer en solo.

On est en avril 2011.

« Le manque de motivation, les divergences sur certaines questions - quels dossiers prendre ou non - m’ont poussé à me lancer en solo. Aussi, je voulais me concentrer davantage sur ma pratique en corpo commercial », dit l’avocat.

Des minières pour clients

Aujourd’hui, en solo, il fait beaucoup de valeurs mobilières, un peu de marques de commerce, un peu de civil pour une clientèle à 60% anglophone, 30% francophone et 10% arabe.

« Je travaille notamment avec deux clients, des minières cotées à la Bourse de Toronto, des compagnies dans l’exploitation de l’or, de l’argent ou du cuivre. Je m’occupe de toutes les communications avec l’AMF, la bourse TSX, les placements privés, le financement, les obligations de divulgation continue, les relations avec les investisseurs et actionnaires de ces compagnies-là, tout ce qui est certificats d’action, mais aussi des relations avec les agents de courtage », détaille-t-il.

Ce qu’il aime dans les valeurs mobilières, c’est surtout le côté structuré, réglementé. Aussi : lever des fonds pour le client.

« Il n’y a pas beaucoup de personnes qui font les valeurs mobilières pour des minières ici à Montréal, l’avantage que l’on a, c’est que les taux horaires sont plus bas ici qu’à Toronto. Le français aide aussi dans la communication avec l’AMF. »

Ses clients, eux, ont des profils variés : Ressources Caldera Inc ou Sunset Cove Mining, des compagnies minières canadiennes avec des projets au Pérou, en Arménie et Colombie Britannique, ou même, un organisme de charité américain, pour qui il prépare des dossiers pour qu’il soit reconnu au Canada.

Aussi, Me Soliman compte un client en Hollande, et des collaborations diverses dans la restauration, l’assurance, la production de pièces d’accessoires d’auto ou d’applications iPhone.

Réalisme et honnêteté

« Ma force ? Je dirais que je suis réaliste, honnête, et je ne vais pas entreprendre des affaires là où je ne suis pas qualifié, ou si c'est une perte de temps pour le client. Lorsque j’ai décidé de me lancer en solo, mes anciens patrons me l’ont déconseillé, ils m’ont dit que ce n’était pas facile au début, surtout au niveau de l’argent. Mais ma décision était prise. »

De sa pratique solo, il a gagné le respect de ses pairs, dit-il, de ses amis. Beaucoup de personnes lui rapportent leur admiration envers des jeunes qui, comme lui, se lancent en solo.

« Cela prend beaucoup de courage. »

Le bilan ?

« Ça marche bien, confie-t-il, sur le plan financier, je travaille moins et tout ce que je facture me revient et je n’ai pas beaucoup de dépenses au niveau loyer. Je suis passé de 50 000 $ à 75 000 voire 80 000 $ en solo. »

Avec cette réussite, il souhaiterait inspirer d’autres jeunes à se lancer à l’eau.

« Je leur dirai de bien y penser, de s’assurer d’avoir des clients pour commencer, de ne pas s’attendre à l’eldorado, posséder des qualités telles que entrepreneuriat et la confiance en soi. »

20 dossiers actifs

Un an de pratique plus tard, il possède une vingtaine de dossiers actifs, fait tout tout seul, apprend des nombreux défis qu’il a à relever.

La plus grande difficulté était peut-être la facturation : comment juger le taux horaire ? Et aussi : courir après les clients pour se faire payer.

La plupart du temps, il applique des forfaits. L’incorporation d’une compagnie ? 1500 $. Dépôts de déclaration ? Entre 100 et 150 $. Tarif horaire : 180 $.

« Certains sont réticents à payer ou jugent les estimés trop gros; ils commencent alors à négocier. Au début on a toujours tendance à dire oui, voire à faire des mandats à perte pour attirer la clientèle. »

Au fil du temps, on apprend à dire non. Question de feeling. On cerne aussi mieux la personnalité du client.

Pour le moment, l’avocat va continuer son chemin, poursuivre ses engagements, voire peut-être même candidater au Conseil d’administration de l’AJBM l’année prochaine.

Il siège actuellement sur le comité des affaires culturelles de l’Association du Jeune Barreau de Montréal, comité qui organise le concours oratoire en juin et la rentrée judiciaire en septembre.

À l’avenir, ce qu’il aimerait, c’est mettre à profit son expérience pour un nouveau challenge. « J’aimerai cela, travailler chez Fasken, Blakes, ou Norton Rose. Les grands bureaux c’est la stabilité. Je reste à l’écoute… »
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