Mon avocat express!
Céline Gobert
2012-02-21 15:00:00
D’un côté, Me Jacques Cyr qui exerce depuis 1976 une pratique générale, majoritairement en solo. De l’autre, Me Cathie St-Germain qui collabore actuellement avec des avocats sur tout ce qui concerne la rédaction de procédures et la recherche législative.
Aujourd’hui, ils ont décidé de s’associer pour créer un tout nouveau concept : Avocats conseillers juridiques Express Inc., un cabinet qui veut aider les personnes souhaitant se représenter seules devant la Cour.
"On a décidé de modifier la conception des études d’avocats parce que tout le monde se plaint que la justice coûte cher, que les avocats coûtent cher... ce qui est vrai", commente Me Cyr.
Un coût qui s’explique, selon lui, par des dépenses élevées, de fastidieuses procédures imposées par les codes et par des juges aussi qui, en voulant simplifier les choses, les compliquent le plus souvent (avec les demandes de documents additionnels pour préparer les dossiers par exemple).
Ceux qui trinquent ? Toujours les mêmes selon lui, soit : la classe moyenne. Les plus riches pouvant se payer un avocat, les plus pauvres bénéficiant de l’aide juridique.
Mais c’est également dans le contexte d’un dépôt d’un projet de loi pour modifier le Code de procédure civil, qui augmenterait la limite de la Cour des petites créances de 7000 à 15000 $, qu’intervient leur projet.
Certains chiffres sont également venus influencer leur décision : il y a 42% de personnes qui se représentent seul en droit matrimonial.
Sachant qu’en 2010, il y a eu 13 000 divorces, le calcul est rapide : cela fait 26 000 clients potentiels.
"Nous ce que l’on veut, c’est de permettre aux gens qui veulent se représenter seuls devant la Cour, d’avoir les bons outils, l’objectif étant de ne pas prendre de mandats."
Une aide qui trône métaphoriquement sur le logo : au premier plan, on y voit logiquement le client, en fond, l’avocat qui pose une main sur l’épaule du client. "Cela exprime son rôle de soutien; le crayon étant le symbole d’une aide possible à la rédaction", explique-t-il.
Le mot "Express" aussi a été soigneusement choisi. "Express oui, mais pas bâclé", assure-t-il.
"On voulait que les gens comprennent bien que, lorsqu’ils viennent ici, ils viennent chercher un service, on leur donne, ils payent, ils s’en retournent."
Retour d’ascenseur
Pour une consultation d’une heure au tarif de 145 $ + taxes, ils vont alors coacher et conseiller le client.
Quels sont ses droits ? Comment préparer les procédures ? Quels formulaires remplir ? Quels témoins amener lors d’une audition ? Que dire et ne pas dire face au juge ? Autant de questions auxquelles ils se chargeront d’apporter une réponse.
Et cela, dans de nombreux domaines : droit civil, familial, droit des assurances, de la consommation, responsabilité civile, régie du logement, baux commerciaux, droit immobilier, droit de la construction, faillite, et de façon limitée, le droit administratif avec CSST et SAAQ.
"Je n’en connais pas d’autres qui font cela, c’est novateur", se réjouit Me Cyr.
Et les services juridiques en ligne ?
"Risqué et dangereux, selon lui, si vous êtes face à la personne, vous posez des questions, vous pouvez interagir. Rien ne se fera par téléphone ici, ni sur internet."
D’ailleurs, plus tard, le client pourra revenir vers eux pour des consultations d’un quart d’heure s’il le souhaite.
Pour Me Cyr, il s’agit là d’un service rendu à la population.
"J’ai eu une belle carrière, j’ai fait une belle pratique, aujourd’hui je pense que c’est une façon de dire 'on a de l’expérience, et on va vous aider'", dit-il.
Un retour d’ascenseur en quelque sorte...
Et après ?
Dans le futur, les deux associés souhaitent développer un véritable réseau où tout sera centralisé, communications et prises de rendez-vous. D’ailleurs, ils ont déjà commencé à approcher les avocats disposés à faire de la consultation.
"Jusqu'à maintenant, tous ceux que l’on a approchés se sont montrés intéressés”, assure-t-il.
Ainsi, si le client change d’avis et ne souhaite plus se représenter seul, les avocats seront libres d’accepter le mandat.
Dans l’idéal et à terme, si les avocats des grands cabinets se joignaient au réseau, ce serait, selon lui, une belle contribution qu’ils pourraient faire à l’égard de la population.
"Cela donnerait la chance à Monsieur Tout le Monde d’avoir accès à un cabinet de grande envergure à un prix raisonnable."
Le site web sera mis en ligne d’ici une à deux semaines. Le duo sera joignable à un seul numéro mais les clients pourront les rencontrer à divers endroits : au siège social du cabinet et dans deux autres bureaux, un sur la rue St-Denis, l’autre à Laval.
"Cela peut partir lentement comme cela peut-être fou", déclare Me Cyr, se donnant jusqu’à septembre pour voir le résultat.
En attendant, il compte sur le bouche à oreille, les réseaux sociaux et une éventuelle campagne publicitaire dans les journaux Voir et Métro pour se faire connaître.
"Nous n’enlèverons rien aux avocats car les gens qui veulent se représenter seuls continueront à se représenter seuls. De toute façon, à la Cour des petites créances ils n’ont pas le droit à un avocat", précise Me Cyr déjà prêt à essuyer quelques critiques.