J’ai testé le speed réseautage !
Natacha Mignon
2009-11-11 14:15:00
En bref, j’allais payer de ma personne.
A 18 heures pétantes, 70 participants se pressent à l’entrée du bistrot, entièrement dédié à l’événement. Les tables sont alignées d’un bout à l’autre du café et, devant chaque chaise, un collant de couleur détermine la profession de la personne qui s’y installera initialement. La chose est pensée pour éviter que les gens de même profession ne se croisent trop souvent. Et oui, si le but est ludique, la fin est le réseautage.
Munie d’une étiquette à point jaune, je m’installe logiquement à une place de même couleur.
Tout le monde fait de même, invité par Nicolas Morin, avocat chez Heenan Blaikie, qui va officier comme maître de cérémonie. Il commence par un rappel des règles, pas inutile puisque (j’ai vérifié) personne dans l’assistance n’est familier du speed dating.
« A droite, il y a les shakers, à gauche, les movers. Les premiers, restent en place, les seconds changent de chaise toutes les trois minutes », dit-il. Pas de chance, j’ai choisi le mauvais coté, je vais devoir bouger.
Equipé de son sifflet et d’un chronomètre, Nicolas lance les hostilités.
Mon premier shaker, Alexandre Germain, est un fiscaliste, qui travaille pour un groupe financier. Le temps qu’il m’explique à quel niveau son groupe intervient, pas le temps pour moi d’en savoir plus, sur pourquoi il est là. Zut.
Le sifflet retentit. Il faut changer de place.
Autre rencontre, je me lance d’abord. La montre en tête, je lui raconte en 30 secondes : ma carrière d’avocate en France, mon arrivée au Québec il y a quelques mois, l’équivalence des diplômes qui traine à arriver, ce qui m’ouvre finalement la porte chez droit-inc.com. Mon interlocutrice est, elle, comptable agréée, directrice d’un service, chez KPMG. Marie-Thérèse Dugas est là pour rencontrer des avocats, qu’elle pourra référer à des clients.
Moins drôle, l’histoire de Marco Nocella, jeune avocat dans la vingtaine. En quelques mots, il me raconte l’histoire de toute une promotion en temps de crise : pas de boulot, pas le choix de sa spécialité, une impasse qu’il n’imaginait pas étudiant. Alors, ce soir, c’est une occasion de plus pour lui de croiser du monde.
Je passe encore devant des avocats, un notaire, une chasseuse de tête en finance, des comptables ... À chacun, il faut répéter son histoire. À la fin, on devient à la fois très performant, mais on sonne comme un disque rayé.
Là, privilège journalistique, je demande une pause. Ca tombe bien, une personne est partie, mon exclusion rétablit la parité. L’exercice a été pour moi éreintant. Il faut être bref, incisif et crier pour s’entendre.
Les filles, nous y avons laissé notre voix.
Est-ce que l’événement atteint son but, à savoir de créer des contacts entre les participants ?
Je le crois. Déjà, si plus d’avocats sont présents, beaucoup de participants sont issus d’autres professions. Les intérêts des participants sont ainsi variés et complémentaires : référencement de dossiers, recherches de spécialistes, nouvel employeur, contact avec ses pairs … Trois minutes, c’est court mais suffisant pour se donner envie de se revoir, ou savoir qu’on ne donnera pas suite.
L’exercice est ludique, il évite les silences gênés des cocktails et les poignées de mains maladroites. Idéal pour les timides, qui, même eux, sont repartis avec au moins 16 cartes de visites. La suite est entre les mains de chacun …