Une juge sous enquête
Marie-Ève Buisson
2024-02-09 10:15:06
Le Conseil de la magistrature du Québec lance une enquête envers une juge. Pourquoi donc?
La juge Joëlle Roy est sous enquête après avoir réagi en pleine salle d’audience à un texte d’Yves Boisvert la concernant.
Deux plaintes ont été déposées à l’encontre de la juge relativement aux propos qu’elle a tenu en salle d’audience les 12 et 13 octobre 2023. La première plaignante, Eloyse Berger, soutient que la juge a manqué de sérénité.
La deuxième plainte déposée par Me Sophie Lamarre, directrice adjointe des poursuites criminelles et pénales (DPCP), mentionne que certains commentaires de la juge manquaient de sensibilité. Ils pourraient même avoir blessé les victimes et miné leur confiance envers le système de justice.
Le Conseil de la magistrature du Québec rappelle qu’en salle d’audience, les juges doivent faire preuve de réserve, de courtoisie et de sérénité.
Un texte qui fait réagir
Dans son article « La patiente qui n'a pas ouvert les yeux », Yves Boisvert critiquait la juge Joëlle Roy pour sa gestion dans une affaire d'agression sexuelle.
Il dénonçait l’analyse de la juge face au comportement « défectueux » de la plaignante. « Elle serait ici à la recherche de la parfaite victime » c’est-à-dire une victime qui sait se défendre, mentionne-t-il.
Il remettait également en question toutes les fois où la juge Roy s’est fait corriger « sévèrement » par les tribunaux d’appel.
En état de choc
Le lendemain de la parution de l’article, la juge a lu en pleine salle d’audience une déclaration où elle exprimait son ressenti face à la chronique..
Elle a mentionné que le texte était, selon elle, d’une grande violence à son égard et qu’il visait non pas la juge mais bien la femme derrière la toge. Elle a ajouté en pleurant qu’elle assimilait les mots du chroniqueur à des coups qu’elle estimait des plus vicieux, compte tenu de leur ordre et leur amplitude.
« Je trouve ça tellement injuste. Si vous pensez que je suis une incompétente, faites votre requête en récusation tout de suite », avait-elle lancé aux avocats, selon La Presse.
Le procès en question a été reporté par la juge Roy qui s’est dit ne plus être en mesure de siéger.
Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, s’était alors dit perplexe dans cette affaire. Il s'inquiétait du fait que des victimes alléguées n’aient pu témoigner lors du procès.