Le notaire Gauthier affirme n'avoir été qu'une courroie de transmission

La Presse Canadienne
2013-06-17 16:14:00

Il croit avoir débuté en 2000, mais il dit qu'il est possible qu'il ait commencé dès 1996, comme l'ont affirmé d'autres témoins devant la commission.
Même s'il récoltait des "fonds illégaux" de la part des ingénieurs, il ignorait que ces mêmes ingénieurs s'entendaient entre eux pour se partager les contrats. "Moi, ce que j'ai appris ici, c'est qu'il y avait une collusion entre les firmes de génie-conseil", a-t-il affirmé.
Le notaire retraité, décrit par plusieurs témoins comme ayant joué un rôle central dans le système de ristournes qui avait cours à Laval durant les années 2000, a tenté de réduire aussi son rôle au sein du parti PRO. Il a nié avoir été une "éminence grise" ou un "ténor", comme le lui suggérait le procureur chef adjoint de la commission, Denis Gallant.
"La cuisine du PRO, je n'étais pas au courant de ça du tout, du tout", a-t-il lancé, montrant plutôt du doigt l'ex-représentant officiel du parti, Me Jean Bertrand. Il l'a présenté comme l'expert, le responsable, celui qui "prenait ses propres décisions et faisait ses propres dépenses".
Me Gauthier a également martelé qu'il était opposé à l'idée de se servir des conseillers du PRO comme prête-noms pour financer le parti et les rembourser _ comme il a déjà été mis en preuve devant la commission. Selon lui, c'est Me Bertrand qui y tenait.

Me Gallant a fait entendre plusieurs conversations d'écoute électronique entre Me Gauthier et Me Bertrand, d'une part, et entre Me Gauthier et sa fille Mélanie Gauthier, qui travaillait à la Ville de Laval. Ils se demandent ce que les policiers cherchent au juste, lors des perquisitions à l'hôtel de ville de Laval et au domicile de l'ex-maire, le 4 octobre 2012. Ils s'interrogent aussi sur l'identité de celui qui semble avoir parlé aux policiers.
Malgré la teneur de ces conversations, Me Gauthier assure qu'il n'était qu'un "simple citoyen" qui voulait savoir ce qui se passait à l'hôtel de ville de Laval, qu'il posait toutes ces questions à Me Bertrand et à sa fille par simple "curiosité".
Pourtant, lors d'une conversation avec sa fille qui travaille à la Ville de Laval, il s'apprête à avancer le nom de la personne qu'il soupçonne d'avoir parlé et sa fille l'interrompt pour lui dire de ne pas donner de nom au téléphone. Ils évoquent même ensemble "la collusion" et un "délateur qui est frustré".
Me Gauthier soutient aujourd'hui ne pas se rappeler du nom de la personne qu'il soupçonnait à l'époque.
Visiblement, Me Gauthier et sa fille craignaient alors d'être enregistrés. "Il ne peut pas y avoir de micro là", lance M. Gauthier. Mais sa fille relate que des panneaux du plafond suspendu du bureau ont été déplacés, d'après une autre personne.
Mais dans ces enregistrements, Me Gauthier, qui réduit la portée de son rôle au PRO des Lavallois, dispense généreusement les conseils sur la façon de gérer la crise lors des perquisitions, sur le communiqué de presse qu'il diffuserait; il s'informe à savoir où est le maire Vaillancourt.