Zizanie judiciaire autour d'Astérix: Uderzo contre-attaque et porte plainte contre sa fille
Afp
2013-12-02 11:38:00
Sa fille unique, Sylvie Uderzo, a porté plainte en 2011 contre X pour "abus de faiblesse". Elle assure que certains membres de l'entourage d'Albert, âgé de 86 ans, profitent de son état de santé pour abuser de ses largesses et influer sur la gestion de son oeuvre et de sa fortune.
Dans cette affaire, "on s'achemine vers un non-lieu, mais on pense qu'elle va faire appel (...) nous n'allons plus nous laisser faire", a assuré l'avocat du père d'Astérix, Me Pierre Cornut-Gentille.
Ce nouveau rebond judiciaire s'inscrit dans une guerre familiale qui a éclaté en 2007, lorsque Sylvie Uderzo et son époux, Bernard de Choisy, sont remerciés par les éditions Albert René, en charge des albums d'Astérix conçus après le décès du coauteur de l'irréductible Gaulois, René Goscinny.
Contrairement à tout ce qui a été dit, "c'est moi qui ai pris la décision d'écarter ma fille", révèle aujourd'hui M. Uderzo.
"Elle me disait: +Toi, tu es un artiste. Occupe-toi de ton personnage. Reste dans ta bulle et nous nous occuperons de la gestion de la société+", raconte-t-il.
"Mettre la main sur notre patrimoine"
Mais Albert Uderzo s'inquiète de l'emprise de son gendre, "un gourou", sur Sylvie et de sa mainmise sur la maison d'édition. La société est alors cédée à Hachette Livre en 2008, au grand dam de sa fille.
En 2011, Sylvie Uderzo - qui a finalement vendu ses parts à Hachette et reçu quelques 13 millions d'euros - porte plainte pour abus de faiblesse puis, en septembre 2013, contre l'expert-comptable du dessinateur, l'accusant de "faux témoignage".
"Ces actes ont pour unique objet de porter atteinte à notre intégrité psychologique, de hâter notre affaiblissement pour mettre la main sur notre patrimoine qu'ils convoitent", accusent aujourd'hui Albert et son épouse Ada, 82 ans, dans un communiqué.
Une interprétation "totalement "fausse", pour Me Nicolas Huc-Morel, conseil de Sylvie Uderzo. "Ma cliente souhaite uniquement que la lumière soit faite sur la manipulation dont sont victimes ses parents", a réagi l'avocat, sollicité par l'AFP.
Le père d'Astérix a toujours démenti être en état de faiblesse.
"Des experts m'ont interrogé pendant dix-sept heures. Ils ont conclu qu'ils aimeraient avoir une telle mémoire s'ils arrivent à mon âge", a-t-il relevé, dans un sourire.
Les conclusions des enquêteurs sont d'ailleurs sans appel. "Aucun élément n'a révélé des faits d'abus de faiblesse" dont auraient été ou seraient encore victimes Albert et son épouse Ada Uderzo, selon le rapport remis au juge d'instruction et dont l'AFP a obtenu copie. Ils mettent en avant "l'énergie étonnante", "la grande vivacité intellectuelle" et "la mémoire intacte" du dessinateur.
L'enjeu de cette saga familiale est de taille car Astérix est assis sur un tas d'or. Le célèbre Gaulois est la BD la plus vendue (352 millions d'albums) et la plus traduite (111 langues et dialectes) au monde. Le dernier album, le premier sans Uderzo, est sorti le 24 octobre dans 15 pays.