Sarkozy mis en examen
La Presse Canadienne
2014-07-02 07:00:00
M. Sarkozy a été interrogé par les policiers dans la banlieue parisienne de Nanterre, selon ce qu'a révélé un responsable sous le couvert de l'anonymat.
Son avocat, Thierry Herzog, et le juge Gilbert Azibert ont aussi été épinglés.
La presse française rapporte que l'ancien président est interrogé en lien avec une enquête portant sur le financement de sa campage présidentielle en 2007. L'ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi pourrait notamment avoir versé des millions de dollars en contributions illégales à cette campagne.
M. Sarkozy et son avocat pourraient avoir été informés du déroulement de l'enquête par un magistrat sympathique à leur cause, M. Azibert. Les deux hommes nient avoir quoi que ce soit à se reprocher.
Les soupçons des enquêteurs découlent en partie de conversations téléphoniques enregistrées entre M. Sarkozy et son avocat. M. Sarkozy avait dénoncé ces enregistrements, qu'il avait comparés aux tactiques de la police secrète de l'ancienne Allemagne de l'Est.
Cette détention risque de ternir encore davantage la réputation de M. Sarkozy, au moment où celui-ci envisageait un retour politique après avoir été défait par François Hollande en 2012.
Les alliés de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) de M. Sarkozy _ une formation conservatrice plongée dans la tourmente par des questions concernant le financement de la campagne présidentielle de 2012 _ se sont rapidement portés à sa défense. "Aucun ancien président n'a jamais été traité de cette façon, avec autant de haine", a lancé sur Twitter le parlementaire Christian Estrosi.
L'ancien président Jacques Chirac avait été reconnu coupable de corruption après avoir quitté le pouvoir, en 2011, mais il n'avait pas été placé en garde à vue pendant son interrogatoire.
Le gouvernement socialiste n'a pas voulu se mêler de l'affaire.
"La justice enquête, elle doit aller jusqu'au bout, a dit le porte-parole Stéphane Le Foll à la télévision française. Nicolas Sarkozy aujourd'hui est un justiciable comme les autres."
La loi française prévoit que le crime de trafic d'influence peut entraîner une peine d'emprisonnement de cinq ans, de même qu'une amende.
La garde à vue peut durer 48 heures, au maximum. À l'issue de cette détention, Nicolas Sarkozy, qui est âgé de 59 ans, pourrait être relâché ou conduit devant les juges qui mènent l'enquête.
Le politologue Thomas Guenole estime qu'il serait prématuré de tirer des conclusions concernant l'avenir politique de M. Sarkozy sur la base de son arrestation.
"La mort politique de Nicolas Sarkozy a souvent été annoncée depuis deux ans en raison de son implication dans des histoires politico-juridiques... Et il s'en est toujours tiré", a-t-il dit.
Il a rappelé l'"amour immense" voué à l'ancien président par les éléments les plus radicaux de l'UMP, qui estiment que les enquêtes dont il fait l'objet sont motivées politiquement.