Troquer sa toge contre une blouse blanche!
Diane Poupeau
2019-05-16 11:15:00
Originaire de l'Ouest de l'île de Montréal, Mathieu Courchesne hésite sur la voie à suivre après le Cégep. « J'ai été séduit par l'idée du droit, c'est un programme très ouvert sur le monde », se souvient-il.
En 2011, il se lance dans un baccalauréat en droit à l'Université de Montréal. Parallèlement, il travaille au sein de l'Institut en santé mentale Douglas, à Verdun, comme coordonnateur adjoint du Comité des usagers. Sa mission? Informer les usagers quant à leurs droits.
« C'est là que j'ai découvert les problématiques entourant le droit de la santé », raconte-t-il. Il acquiert alors la certitude qu'il exercera en droit médical.
Faire la différence dans la vie des gens
Un ami lui recommande de faire la course aux stages. « L'idée des grands cabinets n'était pas dans mon radar mais on m'avait parlé de McCarthy Tétrault qui faisait du droit médical ».
Il intègre alors le cabinet comme étudiant et est embauché comme sociétaire au sein du groupe de litige une fois admis au Barreau en 2015. Le jeune avocat y pratique en responsabilité médicale civile et disciplinaire, litige commercial et litige en valeurs mobilières.
Mais l'attrait pour le milieu médicale demeure. « J'ai été dans une situation d'aide avec les médecins en tant qu'avocat. J'en étais venu à vraiment m'identifier avec leur profession », se souvient-il.
Ce qui l'attire dans la médecine, c'est l'« idée de pouvoir faire une différence dans la vie des gens, servir tout le monde sur un pied d'égalité ».
La psychiatrie, un coup de coeur
En 2016, il s'inscrit finalement au doctorat en médecine à l'Université de Montréal. Mathieu Courchesne est actuellement en train d'achever la troisième année de ce programme qui en compte cinq en tout. Il entamera son externat au mois d'août.
Le futur médecin hésite encore quant à la discipline qu'il pratiquera. S'il est aujourd'hui Président du Groupe d'intérêt en chirurgie de l'Université de Montréal, il avoue que la psychiatrie est restée un « coup de coeur ».
« Les questions de psychiatrie légale m'intéressent énormément, l'idée de criminaliser une problème qui pourrait en fait être médical... Il y a beaucoup de développements à faire en la matière. Il existe beaucoup de spécialités médicales pour le corps mais notre existence est en grande partie psychique, peu de souffrances physiques peuvent pousser au suicide », explique-t-il.
Me Courchesne n'a toutefois pas encore renoncé au droit. Il travaille aujourd'hui comme avocat indépendant pour MT>Réseau, une division de McCarthy Tétrault qui réunit des avocats contractuels indépendants.
Sa formation et son expérience juridiques sont d'ailleurs un atout dans son cursus en médecine. « Ce sont deux domaines complémentaires. Je m'identifie encore beaucoup avec la profession d'avocat et, ultimement, j'aimerais mettre cette particularité au profit de mes collègues, que ce soit en termes d'organisation des soins ou de politiques de santé ».
Une question de discipline et de passion
Avec d'autres juristes étudiants en médecine, il a d'ailleurs fondé cette année l'Association des juristes en médecine de l’Université de Montréal qu'il préside. « Notre particularité nous permet de jeter un regard différent sur la pratique et de sensibiliser nos collègues sur les enjeux éthiques et légaux qui entourent la profession », nous a-t-il expliqué.
L'association regroupe aujourd'hui Claudiane Germain, bachelière en sciences biomédicales qui fût stagiaire chez Fasken en 2017, Marion Lavoie-Cardinal, ancienne avocate plaideuse au Procureur général du Québec, et Christopher Belval, qui était lui aussi avocat sociétaire chez McCarthy Tétrault, au sein du groupe de droit des affaires.
À côté de ses études et de son métier d'avocat indépendant, Mathieu Courchesne est Secrétaire du conseil d’administration de Momenta, une biennale internationale d’art contemporain consacrée à l’image qui se tient tous les deux ans à Montréal. Il est également impliqué auprès des jeunes gouverneurs des Grands ballets canadiens de Montréal.
Le futur médecin est donc bien occupé. « C'est une question de discipline et de passion. Personne ne nous force à le faire donc on le fait car on aime ça. À la fin de la journée, c'est important pour moi d'être une personne complète, confie-t-il. Ma priorité, c'est la médecine mais j'aimerais garder le contact avec la pratique et mes implications ».