De la prison au Barreau
Gabriel Poirier
2022-07-12 15:00:00
Et ce fut loin d’être simple. Le Comité d’accès à la profession (CAP) a retardé son entrée dans la profession en raison de ses démêlés judiciaires.
Encore en avril et mai dernier, le bachelier de l’Université Laval s’adressait sans succès à la Cour supérieure et à la Cour d’appel pour contraindre le CAP à lui donner satisfaction.
Ces péripéties semblent maintenant être chose du passé puisqu'il est inscrit au Tableau de l’Ordre depuis le 28 juin dernier. Cette information a été confirmée à Droit-Inc par le Barreau du Québec. Le CAP a finalement rendu une décision favorable à Me Cozak au Tableau de L'Ordre.
Le Barreau 2022 travaille maintenant pour l’étude légale de Stéphane Harvey. Ce dénouement paraît tout naturel puisqu’il a été représenté par ce dernier lorsqu’il était poursuivi par la Couronne entre 2015 et 2017.
« Nous sommes particulièrement heureux de l’ajout de cet actif à notre cabinet », a déclaré Me Harvey à Droit-Inc.
Rappelons que Me Cozak a été arrêté en 2015, quelques mois après l’obtention de son baccalauréat en droit, dans le cadre d’une affaire de drogue avec son frère Charles Cozak et leur père Daniel Cozak. Ce dernier étant chimiste, les médias ont rapidement nommé cette histoire le « procès Breaking Bad », du nom de la populaire série.
Joint par Droit-Inc, Me Cozak a décliné notre demande d’entretien. « Puisque des procédures judiciaires ne sont pas à exclure pour l’heure, relativement au traitement que m’a réservé le Barreau du Québec, je m’abstiendrai de tout commentaire », a-t-il écrit.
La saga Cozak
Le trio Cozak a été accusé en septembre 2015 d'avoir fabriqué de la drogue de synthèse. Ils ont été libérés après 26 mois d’incarcération en vertu de l’arrêt Jordan... sans que le procès « Breaking Bad » ne puisse se conclure.
Encore à ce jour, Me Cozak nie la véracité de ces accusations.
Samuel Cozak avait ensuite été accusé quelques mois plus tard, en décembre 2015, de voie de fait simple à la suite d’une altercation avec un agent correctionnel. Il a été reconnu coupable en décembre 2019 par le juge Alain Morand de la Cour du Québec.
M. Cozak a fait appel de cette décision devant la Cour supérieure et la Cour d’appel, mais ces requêtes ont été rejetées.
Le CAP s’était notamment référé à l’accusation de voie de fait qui pesait sur Me Cozak pour retarder son entrée dans la profession. Cette décision était d’autant plus difficile à comprendre pour le Barreau 2022 qu’il avait été admis en octobre 2019 à la formation professionnelle de l’École du Barreau.
Un autre Comité d’accès à la profession, formé en 2019 de Mes Richard Roy, Joanne de Grand’Maison et Marie-Eve Landreville, l’avait pourtant déclaré « admissible » à suivre la formation du Barreau. Ce Comité concluait que les gestes de voies de fait avaient été commis dans un « contexte très particulier », qui ne « (permettait) pas de conclure à une propension à la violence de (Samuel Cozak), non plus qu’à une volonté de ne pas respecter les lois. »
Démêlés avec le Barreau
« Du jour au lendemain, je n’étais plus avocat ».
C’est en ces termes que Me Cozak avait décrit à Droit-Inc son « retrait » du Tableau de l’Ordre.
Le bachelier de l’Université Laval avait reçu, le 18 décembre 2020, un certificat d'admissibilité à l’exercice de la profession d’avocat, avant d’apprendre, cinq jours plus tard, qu’il s’agissait d’une erreur et que le « CAP ne s’était pas encore prononcé au sujet de son admissibilité au Tableau. »
Me Cozak avait ensuite entrepris plusieurs recours pour inciter le CAP à reprendre l’examen de candidature, sans obtenir toutefois satisfaction.
Rappelons qu’il a finalement été admis dans la profession le 28 juin dernier.