Une avocate qui cherche des millions!
Camille Dufétel
2022-10-26 15:00:00
Cette « Campagne majeure du Carrefour international Brian-Mulroney », telle que baptisée par l’Université, vise à recueillir, sur près de cinq ans, 80 millions de dollars en vue de la construction du Carrefour international Brian-Mulroney. Elle est présidée par le très honorable Brian Mulroney.
Concrètement, ce Carrefour hébergera l’École supérieure d’études internationales (ESEI), qui rassemblera sous un même toit « les forces vives en études internationales de l’Université Laval », comme le décrit l’Université.
« Créer un pôle d’excellence francophone en enseignement et recherche pluridisciplinaire, c’est fondamental pour traiter des enjeux mondiaux, estime Me Farman, coprésidente d’honneur de cette campagne avec Me Jean Raby, associé chez Astorg à Londres. Les enjeux deviennent de plus en plus complexes, vous le voyez au niveau économique mais aussi au niveau politique et diplomatique. »
Pour l’avocate, avoir ce pôle à partir de Québec « qui va chercher de l’information », « accueillir des professeurs étrangers », « mettre en place un programme de bourses pour supporter les étudiants », et qui deviendra « réellement un carrefour d’échanges », est essentiel pour affronter l’avenir.
Un attachement certain
L’avocate est très attachée à son ancienne université, où elle a complété un baccalauréat en droit en 2000 et une maîtrise en administration en 2004. Aussi, quand la rectrice Sophie D’Amours l’a sollicitée, soutenir cette campagne allait de soi pour cette Barreau 2003, qui estime que ce projet constituera un support pour « les leaders de demain ».
« L’Université Laval est mon alma mater, souligne-t-elle. Pour moi, l’université est un tremplin, elle m’a donné le goût de m’impliquer, de faire la différence dans la communauté juridique comme avocate, mais aussi de m’impliquer au sein de la communauté d’affaires. »
Me Farman estime que le Québec et ses universités ont évolué en prenant conscience de l’impact des enjeux internationaux. « Notre société évolue aussi pour accueillir des gens de partout sur la planète et pour exporter ses talents, afin qu’on puisse faire rayonner la culture québécoise et surtout une culture basée sur la francophonie et la langue française ».
« Je pense qu’une société est riche uniquement si elle est diverse, c’est aussi le rôle de notre université », ajoute l'avocate, autrefois associée chez Lavery de 2003 à 2013, devenue associée chez Norton Rose Fulbright en 2014, puis associée directrice du bureau de Québec depuis 2016.
Trouver du sens
C’est avec une vision de politique internationale qu’a d’ailleurs décidé de se tourner vers le droit celle qui se décrit comme une « enfant de l’immigration » adepte de concours oratoires, et dont le père était professeur de littérature française dans le bas du fleuve.
« J’ai découvert un domaine, les sciences de la vie et la santé, me donnant l’impression que je faisais une différence. » Cette différence, pour Me Farman, est celle de supporter des professeurs, des chercheurs, des écoles de savoir, mais aussi « des hôpitaux qui au quotidien se débattent pour faire avancer les connaissances ».
« On l’a vu plus particulièrement dans les deux dernières années avec la pandémie, précise-t-elle à ce sujet. C’est devenu une stimulation incroyable, tout cela m’a amenée dans des rôles de gestion où je peux prendre soin de mon monde, m’impliquer. »
Tout conjuguer
Recueillir 80 millions de dollars et être associée directrice à temps plein, est-ce seulement jouable ? La question fait sourire l’avocate, qui précise un point de taille : près de la moitié de cette somme a déjà été levée, « avec des contributeurs tant au niveau du gouvernement provincial que des donateurs privés québécois et autres ».
Me Farman supervise « la portion québécoise » des dons, et pour l’avocate, tout est une question de flexibilité et d’organisation. « Ça prend beaucoup de coordination, et il faut essayer de garder un peu de temps pour prendre l’air ! »
Si la mission ultime de son implication « donne des ailes », il devient facile de trouver ce temps, selon l’avocate. « Ça prend un conjoint, des enfants, un adjoint, mais aussi une volonté basée sur des projets, des campagnes, des conseils d’administration qui viennent nous chercher et pour lesquels la cause en vaut la peine. »
Viser l’excellence
L’avocate se réjouit avec ce projet que la chance soit donnée à des étudiants d’accéder à des programmes multidisciplinaires de haut niveau. Cela permettra aussi selon elle « de faire rayonner notre capital national et de faire venir des talents internationaux pour soutenir ce processus ».
Quant aux étudiants qui voudraient s’inspirer de son parcours, Me Farman leur conseille avant tout de « vibrer ». « Ça prend de l’excellence, de la rigueur, remarque-t-elle. C’est un domaine complexe, il faut vibrer au son de notre société, s’impliquer, c’est ce qui a toujours été le moteur de ma carrière. » Elle leur conseille ainsi de se battre pour des enjeux sociaux qui leur sont chers.
Me Farman ajoute un point « essentiel avec les nombreux enjeux de santé mentale » à la sortie de la pandémie, mais aussi « avec les enjeux de conciliation travail-famille » : celui de prendre soin de soi, d’être équilibré, de trouver un rythme et des moments pour se ressourcer, afin d’affronter les complexités de la pratique.