Décès d’un père de la Loi sur la protection du consommateur
Didier Bert
2023-01-23 10:15:00
Originaire de Cartierville, ce barreau 1968 était diplômé d’une maîtrise en droit de l’Université de Sherbrooke.
Directeur général du Centre communautaire juridique de l’Estrie (CCJE, Aide juridique) durant 31 ans, Jacques Lemay est le coauteur de la Loi sur la protection du consommateur (LPC), en collaboration avec Me Claude Masse. Me Lemay voyait dans cette loi un moyen de rééquilibrer les forces entre les commerçants et les consommateurs.
Jacques Lemay a été le président du Président du Comité du Barreau du Québec sur la formation des avocats. Il a également présidé le Comité de la formation continue obligatoire (CFCO) du Barreau du Québec. C’est sous son égide que l’obligation de formation continue de 30 heures sur une période de deux ans a été appliquée aux avocats.
Le Barreau du Québec lui a décerné la médaille du mérite en 2000, pour son dévouement exceptionnel à la cause du Barreau et son implication dans la défense des intérêts de la justice
Me Lemay a exercé comme professeur et secrétaire de la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke au début des années 1970. En 2004, il est nommé ambassadeur de la faculté.
L’avocat a été membre de plusieurs comités et conseils d’administration dans le domaine de l’éducation et de la justice. Il a été administrateur à l’Université de Sherbrooke. Il a occupé la présidence du conseil d’administration du Cégep de Sherbrooke. Il a également présidé l’organisme Éducaloi.
Jacques Lemay a exercé des responsabilités à la Fondation Robert-Sauvé, qui promeut les droits des personnes en situation de pauvreté, à La Cordée, une ressource alternative en santé mentale, à la Coopérative de solidarité les Haubans, à la Régie régionale de la santé et des services sociaux, ainsi qu’à l’ACEF-Estrie dont il était secrétaire-trésorier. L’avocat considérait que la loi ne défendait pas assez les personnes les plus démunies.
Animé par cette conviction, celui qui aimait donner de lui-même pour contribuer à améliorer le sort d’autrui a également été actif à la Maison St-Georges, à Centraide Estrie, à l'Office de protection du consommateur, à la Société d'arthrite du Canada en Estrie, et au Comité de développement du centre-ville de Sherbrooke.
« Mon bénévolat est un juste retour des choses », expliquait Jacques Lemay dans une entrevue donnée à La Tribune en 2004. « C'est normal de donner un peu, et pas seulement de recevoir.Et j'aime ce que je fais. Si ce n'était pas le cas, je ne le ferais pas. Je me lève tôt, je gère bien mon temps et je vais à l'essentiel. Ainsi, je n'ai jamais l'impression de faire trop de choses à la fois, surtout que je me concentre dans des sphères précises. Et je suis l'homme le plus heureux du monde. »
Plus loin dans l’entrevue, Jacques Lemay assurait: « Tout ce que je voulais étant jeune, c'était faire de bonnes études et les réussir, ce que mon père n'a pas eu la chance d'accomplir à son époque. Je n'ai jamais été un planificateur, mais en regardant en arrière, je peux dire que je ne regrette rien. »
Plusieurs hommages
Le successeur de Jacques Lemay à la tête de l’Aide juridique de l’Estrie, André Collard, rend hommage au défunt sur la page d’avis de décès: « Il a été celui qui a marqué non seulement le réseau d’aide juridique dans l’Estrie mais aussi au niveau national grâce à ses qualités de leadership et son sens de l’action sans pareils. Sur le plan personnel, c’est lui qui m’a permis d’évoluer tant personnellement que professionnellement et j’ai eu le privilège de lui succéder à titre de directeur général du CCJE. »
« Pour l’aide juridique, il fut un homme dévoué et plus grand que nature. Pour moi, il fut un mentor attentionné », salue André-Gilles Brodeur, avocat à la retraite, qui a exercé au Centre communautaire juridique de l’Estrie durant trois décennies avec Me Lemay.
Le juge surnuméraire de la Cour supérieure, Martin Bureau, garde un souvenir marquant de Me Lemay. « Un géant et un précurseur nous a quitté. Quel privilège de l’avoir connu en 1971 comme professeur et ensuite de l’avoir côtoyé pendant de très nombreuses années comme confrère. Un juriste remarquable et un homme sensible et dévoué à plusieurs causes. Je conserve tant de bons souvenirs », écrit-il.
Jacques Lemay a aussi laissé une marque auprès de ceux qui l’ont côtoyé dans ses engagements communautaires. « Vraiment attristé d'apprendre le départ de Jacques, que j'ai côtoyé au CA de La Cordée. J'ai découvert en lui un humaniste imprégné de justice sociale, d'empathie et d'engagement inconditionnel dans les causes qu'Il épousait. Il a été un pilier dans sa vie professionnelle, et aussi dans le leadership qu'il a exercé dans la mise sur pied de la Coop des Haubans », témoigne Clément Mercier.
Jacques Lemay laisse dans le deuil sa conjointe Nicole Brunet, ses trois filles et ses sept petits-enfants.