Une Union qui veut protéger la profession d’avocat
Camille Dufétel
2023-04-21 13:15:00
À l’occasion de sa venue à Montréal, le cabinet Gowling a organisé un cocktail, le 19 avril, à l’initiative de l’associé Me Luc Deshaies, président de l’Union pour le Canada.
Parmi la trentaine et plus d’invités, quelques magistrats, bâtonniers et autres avocats étaient présents. Citons notamment Bernard Synnott, Catherine Pilon, Jacques R. Fournier et Catherine Claveau.
Me Danièle Roy, conseillère à la présidence de l’Union internationale des avocats, et membre active de l’UIA-IROL, qui a pour vocation de promouvoir l’État de droit et ainsi l’accès à la justice, l’indépendance du système judiciaire et la liberté et l’indépendance de la profession juridique, était également présente.
Au programme, verres de vin, petits fours, échanges entre confrères et consœurs, et présentation de Me Scott. Cette dernière a tenu à rappeler l’importance de s’impliquer au sein de l’UIA, peu connue au Canada.
« Ç'a déjà été plus actif ici que ça ne l’est présentement », admet à ce sujet Me Deshaies.
Développer le « membership » au Canada
L’Union, qui promeut l’État de droit et représente pour ses membres un réseau de développement professionnel, de formation et de réseautage, est en effet forte d’environ 2000 avocats membres, en plus des membres collectifs qui représentent aussi des milliers d’autres avocats…
Mais au Canada, seuls un peu plus d’une dizaine d’avocats en sont membres, ainsi que trois membres collectifs, dont le Barreau du Québec.
« Au Canada, nous aimerions avoir plus de membres, souligne Me Scott. Une des choses que j’aimerais, c’est faire augmenter le ‘membership’ là où nous n’avons pas beaucoup de personnes », explique la future présidente, qui s’implique depuis longtemps au sein de cette Union.
À Droit-Inc, elle explique que l’UIA est une des rares organisations dans le monde se dédiant à la protection de la profession juridique et à l’indépendance des avocats et des juges.
« Sans avocats ou juges indépendants, les droits des citoyens n’existent pas », insiste-t-elle.
Au-delà des séminaires, des formations, d’autres événements reconnus au titre de la formation continue et d’un congrès annuel dont le prochain est prévu à Rome en octobre prochain, l’UIA est aussi engagée.
Avocats harcelés ou menacés
L’Union, créée en 1927, défend en effet les avocats harcelés ou menacés dans le monde par des actions de « lobbying » et de plaidoyer. Elle dénonce les entraves au bon fonctionnement de la justice et milite pour le respect et la défense de l’État de droit à travers l’UIA-IROL.
Me Scott explique par exemple que l’UIA a participé à l’évacuation d’une avocate afghane et de trois de ses jeunes enfants de leur pays, où ils étaient en danger, il y a deux ans. Ils vivent désormais librement aux États-Unis.
« C'était l’une des expériences les plus incroyables de ma vie, se souvient-elle, alors qu’elle a travaillé avec un groupe d’avocats, d’anciens militaires et de gens d’affaires. À aucun moment, quelqu’un n’a dit ‘non, nous ne pouvons pas le faire’. Nous l’avons fait, et chacun y a contribué à sa manière ».
Les droits des avocats peuvent être menacés dans beaucoup d’endroits, selon elle, parfois y compris dans des pays démocratiques.
Me Deshaies, président de l’Union pour le Canada depuis quatre ans, précise qu’il a commencé à s’intéresser à celle-ci alors qu’il était bâtonnier de Montréal.
« J’ai toujours cru à l’implication dans le secteur juridique, assure-t-il. Donc encore aujourd’hui, je m’implique à l’intérieur de l’UIA. À l’intérieur de mon cabinet, on a trouvé que j’avais ma place là, sachant que je m’occupe aussi de l’Association internationale du Barreau, et que je suis membre du Barreau de Paris ».
Il précise que son implication au sein de l’UIA l’intéresse davantage du point de vue de la protection de la profession que du développement des affaires.
« Je travaille étroitement avec Danièle Roy, criminaliste, et on s’intéresse au fait de protéger la profession. On ne sait jamais, la démocratie, c’est fragile, on le voit », affirme-t-il.
Me Linda Julien, conseillère juridique chez CTI Capital Group inc., qui était également présente au cocktail, participe aux congrès de l’UIA depuis 1995.
« Je travaille dans le domaine des valeurs mobilières, c’est un droit moins humain que d’autres, et je pense que le droit doit être utilisé à meilleur escient pour avoir des effets généraux, pointe-t-elle. C’est l’essence du droit-même. »
Elle souligne la très grande diversité des participants, aussi bien spécialisés en droit civil, des affaires, droit bancaire, éthique, déontologie, qui échangent autour du sort des avocats à l’échelle internationale.
Depuis 1971, l’UIA bénéficie, comme ONG, d’un statut consultatif spécial auprès des Nations Unies et d’un statut participatif auprès du Conseil de l’Europe.