Le Québec bannit les technologies de communication des salles d'audience

La Presse Canadienne
2013-04-15 07:00:00
La nouvelle directive empêche l'émission de courriels, de tweets et de textos dans les salles d'audience sans le consentement d'un juge, même si les avocats et les journalistes pourront continuer de prendre des notes sur leurs appareils électroniques.
Ces nouvelles règles sont adoptées au moment où de nombreux médias utilisent les populaires sites de réseautage social comme Twitter pour transmettre de l'information en temps réel et attirer des lecteurs sur leur site Internet.
Une porte-parole de la Cour du Québec a indiqué que des juges de son tribunal ainsi que de la Cour supérieure et de la Cour d'appel avaient rédigé ensemble les lignes directrices des nouveaux règlements. Elles ont été finalisées après des mois de discussions.
Dorénavant, il sera "interdit de diffuser ou de communiquer des textos, des observations, de l'information, des notes, des photos ou des documents audio ou vidéo de l'intérieur d'une salle d'audience vers l'extérieur".

Un éditorialiste a contesté ces règlements en alléguant qu'ils constituaient un pas en arrière et que c'était plutôt aux salles d'audience de s'adapter.
Des groupes représentant les médias ont critiqué ces règlements, les qualifiant de "hâtifs" et "exagérés".
Brian Myles, le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, a dit qu'il considère que le pouvoir judiciaire a agi trop rapidement et a outrepassé ses droits en appliquant une règle générale à tous les tribunaux après seulement quelques expériences avec la technologie.
"Twitter est un outil du XXIe siècle et il permet aux journalistes de transporter les citoyens dans la salle d'audience", a affirmé M. Myles, ajoutant que les magistrats avaient pris cette décision sans consulter quiconque.
La porte-parole de la Cour du Québec Annie-Claude Bergeron a dit que les lignes directrices avaient été tracées après un examen minutieux, en gardant à l'esprit le décorum.
Elle a ajouté que les lignes directrices ne sont pas coulées dans le béton et qu'elles pourront évoluer avec le temps.
"Éventuellement, chaque cour devra composer avec ses propres expériences et nous déciderons alors si les règlements doivent être modifiés", a dit Mme Bergeron.
Les avocats et les journalistes pourront garder leurs appareils électroniques sur le mode vibration ou silencieux, mais devront les éteindre s'ils sont jugés dérangeants pour le bon déroulement des activités judiciaires. Ils pourront se servir de ces appareils afin de prendre des notes, mais ne pourront envoyer des messages vers l'extérieur.
Les membres du public devront tous éteindre leurs appareils, comme c'est déjà le cas actuellement. Ces règlements s'appliqueront à toutes les salles d'audience du Québec, et ceux qui ne suivront pas ces règlements pourraient faire face à des sanctions.
Néanmoins, Mme Bergeron ne s'attend pas à d'énormes changements dans les salles d'audience lundi.
"Il n'y aura probablement aucune révolution, a-t-elle confié. Chaque juge dans chaque salle d'audience continuera d'être le maître absolu."