Ma pratique au Cambodge

Dans le cadre d’une série spéciale, Droit-inc s’entretient avec des avocats membres du Barreau du Québec qui ont choisi de pratiquer à l’étranger.

La première fois que Me Jeanne Perreault découvre le Cambodge, en 2013, son coup de coeur va à la ville de Phnom Penh, un lieu « convivial », explique-t-elle, où des petits restaurants Khmer côtoient des bistros français, et où l’on trouve aussi bien des marchés locaux que des centres commerciaux tout neufs.

Barreau 2011, elle a obtenu son baccalauréat en droit, profil international, à l’Université Laval la même année. Après avoir travaillé pendant deux ans et demi en cabinets privés à Montréal, elle a d’abord rejoint Ho-Chi-Minh-ville au Vietnam avant de s’établir au Cambodge.

Lorsque le cabinet spécialisé en investissements DFDL, pour lequel elle travaillait déjà à l’époque au Vietnam, lui propose de rejoindre l’équipe cambodgienne, elle n’hésite pas à dire oui.

Aujourd’hui, son travail chez DFDL consiste à aider des investisseurs, étrangers et locaux, à s’établir au Cambodge et dans les pays voisins. Le cabinet intervient dans des secteurs tels que le tourisme, l’immobilier, l’éducation et la production manufacturière.

Un travail très varié

Le rôle de Me Perreault est d’accompagner et de conseiller les clients dès qu’ils prennent la décision de venir dans la région ou qu’ils décident d’acheter ou créer un partenariat avec une entreprise locale.

« C’est un travail très varié et intéressant. J’ai toujours aimé les voyages, la découverte de nouvelles cultures et j’ai toujours voulu vivre une expérience de travail à l’étranger.», dit-elle à Droit-inc.

Pour rappel, le Cambodge est un pays de droit civil dont les lois sont très largement inspirées du droit français et du droit japonais. La plupart des notions de base lui sont donc familières.

Cependant, le droit est « en plein développement », explique l’avocate, et plusieurs secteurs ne sont pas encore réglementés ou ne le sont que partiellement. « L’application de la loi se fait parfois de façon inégale et certaines pratiques peuvent changer sans préavis, détaille Me Perrault. Au début, ça peut être déstabilisant et frustrant, mais on s’y habitue. C’est un beau défi.»

Des différences avec le Québec

La langue est évidemment un gros défi pour l’avocate qui avoue avoir un Khmer est encore très « rudimentaire. » « Heureusement, la grande majorité des Cambodgiens parlent Anglais et même un peu Français, alors on finit toujours par se comprendre », avoue-t-elle, avant d’ajouter que le plus difficile est d’être éloignée de sa famille et de ses amis.

« Mais en même temps, il s’agit d’une conséquence inévitable quand on choisit de venir s’établir si loin, alors il faut assumer ses décisions et vivre avec. Heureusement, j’ai eu la chance d’avoir des amis et de la famille en visite dans la région, ce qui aide beaucoup. »

Autre différence : au Cambodge, la hiérarchie occupe une place très importante. Selon l’avocate, il est « crucial » d’aborder les gens en utilisant le titre approprié suivant leur âge ou leur position. A défaut, cela peut être considéré comme un « manque de respect».

La vie Phnom penhnoise

« Phnom Penh est une ville extrêmement dynamique, chaotique - sauf les dimanches - avec ses bâtiments coloniaux, temples et tours à bureaux. Les voitures et motos circulent de manière tout à fait désorganisée… et quand il pleut, les rues sont complètement inondées, mais il fait soleil presque tous les jours de l’année ! », décrit l’avocate trentenaire.

L’un de ses coups de cœur, outre les Cambodgiens eux-mêmes, est la ville de Kep, située à environ deux heures de Phnom Penh. Il s’agit d’une toute petite ville sur le bord de la mer, où l’on y pêche le crabe qu’on sert avec une sauce à base de « délicieux » poivre de la région, explique Me Perrault.

« On peut marcher dans une des seules montagnes du coin, visiter la campagne, faire de la plage et l’air y est frais. C’est parfait pour prendre une pause de la vie « phnom penhnoise » parfois folle. »

Revenir au Québec ? Elle ne sait pas encore...D’autant plus qu’elle adore travailler dans un milieu aussi « multiculrel » et entourée par des collègue venus de partout dans le monde : Japon, Chine, France, États-Unis et Grande-Bretagne. « Cela rend le quotidien au bureau encore plus intéressant. J’apprends tous les jours. »