Des compressions dévastatrices pour les facs de droit

Sébastien Lebel-Grenier, Guy Lefebvre, Daniel Jutras, Eugé
2013-01-21 11:15:00

De manière plus significative encore, des facultés de droit fortes sont nécessaires pour assurer le maintien du caractère distinctif de notre système juridique. Un droit vit en grande partie par la recherche et les écrits dont il est l'inspiration. La recherche rend possible la comparaison, la systématisation et la transformation du droit. Elle permet de raffiner les outils à la disposition du législateur, de mieux comprendre les droits et obligations des justiciables et d'assurer une évolution cohérente et adaptée du droit. Les chercheurs contribuent par ailleurs directement à la gouvernance et aux politiques publiques en intervenant en commission parlementaire, dans des commissions d'enquête et dans de multiples autres forums.

Sous-financées
Les facultés de droit québécoises font énormément avec peu. Si on les compare à la moyenne des facultés de droit canadiennes, les facultés québécoises ont en proportion un corps professoral 25% plus petit et des moyens financiers 40% moins importants.
Les coupes de 5,2% du financement des universités annoncées par le gouvernement lors du récent dépôt des crédits budgétaires auront un effet dévastateur sur les facultés québécoises. Comme plus de 90% de leurs dépenses sont liées aux ressources humaines, les facultés ne pourront réduire celles-ci sans sabrer dans le personnel, les programmes et la qualité de la formation qu'elles offrent.

Nous comprenons les contraintes liées aux finances publiques et prenons acte de la décision gouvernementale de ne pas augmenter les droits de scolarité. La réalité est toutefois que la vitalité de la communauté juridique et du droit québécois sont tributaires de la santé des facultés de droit québécoises et que les coupes annoncées auront sur celles-ci un impact catastrophique.
Sur les auteurs : Sébastien Lebel-Grenier est doyen de la faculté de droit de l'Université de Sherbrooke, Guy Lefebvre doyen de la fac de droit de l'UdM, Daniel Jutras de celle de l'Université McGill et enfin Eugénie Brouillet de celle de l'Université Laval.
Note : le texte est reproduit ici avec l'autorisation de Sébastien Lebel-Grenier.