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Et si j’étudiais à l’étranger?

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Marie Pâris

2013-11-29 12:45:00

Envie d’aller voir ailleurs et de découvrir les facultés de droit étrangères? Difficultés, bons plans et démarches à suivre, deux étudiants ont raconté leur expérience à Droit-inc…
Mathieu Harnois-Blouin, étudiant à l'UdeM, actuellement à l'Université du Kent à Canterbury.
Mathieu Harnois-Blouin, étudiant à l'UdeM, actuellement à l'Université du Kent à Canterbury.
Vous suivez des cours de droit et, comme beaucoup d’étudiants, vous avez sans doute le goût de voyager un peu. Si de nombreuses universités étrangères ont des accords d’échange avec les établissements du Québec, le projet de s’exiler pour six mois, un an ou plus, peut paraître compliqué, voire effrayant.

Pour répondre à vos questions, voici les témoignages de deux étudiants qui ont sauté le pas: Mathieu Harnois-Blouin, inscris à l’UdeM, et Olivier Marceau, en droit civil à l’Université Laval, sont actuellement à l’Université du Kent, à Canterbury en Angleterre, et à Panthéon-Assas à Paris.

Droit-inc: Quelles sont les modalités de l'échange?

Olivier: Le programme est proposé aux étudiants dès la deuxième année. Pour ma part, je préférais faire l’échange en troisième année pour maîtriser le plus de notions possible avant d’étudier un autre ordre juridique. Avec ce séjour à l’étranger, j’obtiendrai la mention «profil international» sur mon diplôme.

À Paris, je suis tout simplement considéré comme «étudiant étranger», sans appartenir à un niveau d’étude particulier. De ce fait, j’ai pu choisir des cours aussi bien en baccalauréat qu’en maîtrise: les cours qui nous sont ouverts sont donc très nombreux et variés, et on peut orienter à sa guise son semestre sur le droit civil français, le droit international des affaires, etc.

Avez-vous dû aller à la pêche aux informations et faire beaucoup de démarches pour partir, où est-ce que votre université a facilité la participation au programme?

Olivier: Faire une session à l’étranger est très simple pour l’étudiant qui le désire. L’Université Laval organise des séances d’informations et l’inscription se fait par un formulaire. En plus, un professeur de la faculté est responsable des études internationales, ce qui permet à l’étudiant, dès l’inscription et tout au long du séjour, de communiquer avec lui s’il a des questions.

Lorsque le dossier est accepté, on est convoqué à d’autres séances d’informations plus spécifiques au pays d’accueil, où l’on aborde notamment les questions du visa d’étude, du logement, du système d’éducation, etc.

Très peu de démarches sont à entreprendre avec l’université du pays d’accueil grâce à ce rôle d’intermédiaire que joue l’université québécoise. À mon avis, l’obtention du visa est l’étape la plus lourde en raison des nombreux documents à fournir.

Mathieu: Bien que quelques démarches soient nécessaires pour pouvoir participer à un tel échange, comme s'informer sur les universités et préparer les documents nécessaires à la demande d'admission, l'UdeM chapeaute les démarches en faisant la demande d'application auprès de la Maison internationale, qui fait elle-même la demande auprès de l'université d'accueil.

Pourquoi avez-vous choisi ces universités à Paris et Canterbury?

Olivier: La grande majorité des universités partenaires avec Laval se situent en pays francophones, plus particulièrement en France. Personnellement, j’ai choisi Paris par curiosité d’y vivre pendant une demi-année, mais avant tout pour la renommée de l’université.

Je ne regrette aucunement mon choix. En plus, les activités culturelles sont innombrables et il y a beaucoup d’étudiants étrangers.

Mathieu: J'ai choisi Canterbury car l'Université du Kent offre un programme de droit de qualité, et de surcroît en anglais. Un choix logique pour un étudiant qui souhaite découvrir une autre culture juridique, tout en ayant l'opportunité d'améliorer sa maîtrise de l'anglais.

Par sa position stratégique en Europe, le Royaume-Uni permet aussi d'enrichir son échange en faisant des voyages dans les pays voisins.

En quoi est-ce difficile d'étudier le droit à l'étranger?

Olivier: Peut-être à cause de l’absence de connaissances de base du droit du pays d’accueil. Certains jugements et articles de loi sont connus de tous les étudiants locaux, et l’exposé du professeur n’est pas toujours simple à comprendre. Ça nécessite donc quelques recherches supplémentaires pour tout remettre en contexte.

Mathieu: Les difficultés proviennent entre autres de la barrière linguistique et de la différence entre les traditions juridiques. Mais ces barrières sont loin d'être insurmontables, et constituent plutôt un défi intéressant: c’est un bon moyen d'assouvir sa curiosité intellectuelle.

Quelles sont les principales différences entre étudier le droit à l’étranger et au Québec?

Olivier: D’abord, les étudiants français ne disposent pas de livres de doctrine pour compléter l’exposé du professeur. Les cours magistraux sont donc de vrais marathons d’écriture pour constituer ses notes. Et ces cours magistraux sont dispensés dans un amphithéâtre pouvant contenir 1 000 élèves, ce qui rend le contact difficile avec le professeur.

La méthode d’évaluation est également différente: il n’y a qu’un examen par cours et il se fera en général à l’oral durant quinze minutes dans le bureau du professeur. Enfin, les jugements sont répertoriés selon la date et non selon l’intitulé des parties, ce qui occasionne un bon exercice de mémorisation. Mais on peut se réjouir de la brièveté des jugements de la Cour de Cassation, ce qui n’est pas coutume au Canada.

Mathieu: Le droit anglais, un système de common law, accorde beaucoup plus d'importance aux décisions des juges. Le pouvoir des juges anglais est donc beaucoup plus important que celui des juges français, qui ne doivent en pratique qu'appliquer le droit.

Le système juridique québécois, par son bijuridisme, chevauche donc ces deux traditions, alors qu'il adopte la common law en droit public, et le droit civil en droit privé. Mais je pense que la différence avec le droit civil français est moins grande que celle avec la common law anglaise.

Et il est évident que pour un étudiant québécois, l'aspect linguistique entre en jeu: les termes anglais nous sont un peu moins familiers.

Que vous apportera cet échange, d'un point de vue professionnel?

Olivier: Ça permet d’abord d’acquérir de bonnes connaissances en droit européen, ce qui deviendra un atout considérant le nouvel accord de libre-échange conclu entre le Canada et l’UE.

Et le fait de côtoyer au quotidien des étudiants européens et d’en apprendre davantage sur leurs cultures ne pourra que faciliter l’établissement de bonnes relations éventuelles avec des partenaires étrangers. Ça ne peut qu’être bénéfique d’avoir des amis juristes partout en Europe.

Mathieu: Cet échange me permettra sans aucun doute d'être en mesure d'offrir des services de meilleure qualité en anglais, tout en me donnant une vision plus large du droit ne se limitant pas à notre réalité nationale.

La connaissance d'une autre culture juridique permet d'élargir son champ de connaissances et de développer davantage les réflexes juridiques du futur professionnel.

Alors, qu’est-ce que vous attendez pour partir?
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