À la rencontre de votre future adjointe
Theodora Navarro
2014-05-27 15:00:00
«On a envie de démystifier le milieu, explique Mme Demers, enseignante et responsable des stages du secteur secrétariat juridique. Nos étudiantes appréhendent bien le milieu de l’entreprise, le secteur médical, mais elles connaissent peu le secteur juridique. C’est l’occasion de leur montrer que c’est une véritable vocation.» Et d’ajouter: « J’ai exercé 15 ans comme secrétaire juridique et je ne me suis pas ennuyée une seule seconde! »
Bilinguisme
Mélissa Morand, conseillère en ressources humaines au sein du cabinet BCF, est venue accompagnée une professionnelle: Thérèse Frenette, presque 33 ans d’expérience comme adjointe juridique. «Les étudiantes nous demandent souvent si le bilinguisme est requis ou un bon niveau de français exigé», explique Mme Morand, avant de préciser: « Les deux sont en effet indispensables, nous faisons passer des tests, notamment de grammaire. » Un point à ne pas négliger pour les étudiantes.
La grammaire demande du travail, mais le jeu en vaut la chandelle! Mme Frenette apprécie son poste d’adjointe juridique, qui lui permet d’être véritablement « le bras droit de l’avocat », et d’avoir une grande latitude d’action dans son travail de tous les jours.
Passionnée par le droit, elle avoue qu’il faut aussi l’être par le monde du secrétariat… et par les gens. « On est un véritable soutien pour les jeunes avocats car on développe, au fil des ans, une vraie expertise du droit...» Devenir parajuriste? Thérèse n’est pas certaine d’en voir l’intérêt. « Après trente ans d’expérience, mes tâches correspondent en partie à celles d’un parajuriste ». De belles perspectives pour les finissantes!
Discrimination?
Du côté du cabinet d’avocats Norton Rose Fulbright, les questions sont encore différentes. À Fouzia Bhuiyan, adjointe juridique, on demande surtout s’il y a du surtemps… et si les adjointes engagées sont parfois victimes de discrimination. «Mais je les rassure aussitôt, car, au contraire, c'est très multiculturel dans notre cabinet. Pour Norton Rose Fulbright, la diversité est une priorité et un élément important», précise la jeune femme en souriant.
Les étudiantes semblent parfois inquiètes de la réalité du stage. Qu’y feront-elles? Est-ce une expérience décisive pour leur carrière? Là encore, Mme Bhuiyan tempère. « Elles n'ont pas d'inquiétudes à avoir, car on veut surtout les voir utiliser ce qu'elles ont appris à l'école. De plus, les deux premiers jours de stage sont consacrés à la formation! »
Solidarité
Pour les plus stressées, avoir une personne sur laquelle s’appuyer est toujours bénéfique. « Nous accueillons trois stagiaires, dans des services différents. J'ai rencontré la finissante qui fera son stage en droit des affaires. Je lui ai laissé mon numéro de poste, en lui proposant de m'appeler pour que nous puissions dîner ensemble. Je sais que ça peut être rassurant d’avoir, en partant, une personne ressource lorsqu’on est en stage! » La solidarité entre adjointes est un point de départ essentiel.
Au stand de PME Inter Notaires, les questions concernent plutôt... les notaires! « Souvent, les étudiantes ignorent qu’il s’agit d’un travail similaire à celui de secrétaire en cabinet d’avocats », sourit Chantal Bélanger, adjointe. Quant au travail, il ne manque pas. « On a beaucoup de difficultés à trouver de la relève, explique-t-elle. Il est vrai que c’est un métier qui demande une vraie vocation.»
Et la vocation, Jordan Coll et Teresa Raso l’ont déjà. Présentement étudiantes en secrétariat général, elles espèrent suivre la spécialisation juridique dès la fin de leur DEP. « Le métier semble passionnant, il y a de belles possibilités d’avancement, et le salaire est bon », estime Jordan.
En attendant de pouvoir goûter aux joies du secrétariat juridique, les jeunes femmes arpentent le salon et observent les adjointes des grands cabinets. Devant celui de Stikeman Elliott, la pause se fait plus longue. « Je travaillerais bien là », souffle Jordan.
La spécialisation juridique intéresse de plus en plus les étudiantes de l’EMICA. Dispensée par des professeurs passionnés, elle est orientée de façon à rendre les finissantes compétitives sur le marché du travail. « Nous travaillons beaucoup les langues, surtout le français. Les secrétaires doivent avoir un excellent français écrit, alors nous n’hésitions pas à leur faire faire des dictées juridiques. On veut élever leur niveau au maximum », explique Danielle Demers.
La pratique est également à l’honneur. « C’est très court comme formation, seulement 4 mois, alors on les met dans le bain. Par exemple, les étudiantes vont bientôt avoir la chance de se rendre à la Cour Suprême! » La spécialisation se termine aussi par un stage de trois semaines.
Pour la responsable des stages en secrétariat juridique, le métier prend avant tout « de la persévérance. L’adjointe juridique doit devenir un véritable bras droit pour son patron. » Un point de vue repris par Mireille Bédard, également professeure dans le parcours. « Être secrétaire juridique, cela demande de prendre des initiatives, d’être autonome ». Après 20 ans comme secrétaire de notaire, elle transmet au quotidien sa passion pour ce beau métier.