Avocats et avocates, ne quittez pas votre job pour élever vos enfants!
Delphine Jung
2018-03-08 14:30:00
Pour appuyer son propos, elle cite la conclusion d’une nouvelle étude réalisée par Kate Weisshaar, professeure adjointe à l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill.
La professeure écrit que les employeurs se méfient des mères et des pères au foyer qui tentent de réintégrer le marché du travail: « Les parents qui restent à la maison sont environ deux fois moins susceptibles d’être rappelés que des parents en recherche d’emploi et trois fois moins par rapport aux parents en emploi ».
Dans ses recherches, Mme Weisshaar a envoyé 3 374 CV pour plusieurs emplois hautement qualifiés: comptable, analyste financier, ingénieur logiciel, responsable RH et directeur marketing.
Les résultats montrent à quel point les parents réintégrant le marché du travail sont pénalisés pour leur retard de carrière: 15,3 % des mères ayant un emploi, 9,7 % des mères au chômage et seulement 4,9 % des mères au foyer ont reçu un rappel.
Les résultats étaient similaires pour les pères.
Un manque d’engagement, pensent les employeurs
Comment cette étude affecte-t-elle les avocats?
« Je pense que ces chiffres seraient similaires, voire plus significatifs en droit, car c’est un secteur très compétitif dans lequel il est déjà très compliqué d’entrer », dit Kate Weisshaar.
Se retirer du marché du travail est considéré comme un signe de manque d’engagement.
De plus, dit-elle, cette perception est probablement amplifiée dans une profession dans laquelle la pression est forte. « Ces emplois exigent de longues heures de travail et un dévouement total, de sorte que les employeurs s'inquiètent dès qu’ils observent le moindre signe de manque d’engagement », poursuit-elle.
Selon Caren Ulrich Stacy, PDG de Diversity Lab, qui promeut les femmes et la diversité dans le milieu juridique, « ces stigmates et ces préjugés sonnent vrai. En près de 20 ans en tant que chef du recrutement, je n'ai jamais pu obtenir une entrevue pour une avocate qui avait un trou important dans son curriculum vitae », dit-elle.
Cependant, le programme de bourses de perfectionnement de son organisation, qui aide les femmes qui ont quitté le marché du travail à rejoindre de gros cabinets, gagne du terrain, estime-t-elle.
Elle assure que 35 entreprises et départements internes ont embauché 65 femmes qui reviennent à la profession par le biais de ce programme. Cela dit, la concurrence est rude. « En quatre ans, nous avons reçu plus de 400 demandes », explique-t-elle.
Weisshaar n'est pas convaincue par ces programmes. « Je pense que c’est du rafistolage, plus qu’une solution », dit-elle.
Elle conseille aux parents tentés de prendre une pause de plutôt travailler à temps partiel. Pour elle, il appartient aussi au milieu de travail de rendre ces options viables et de permettre plus de flexibilité.
Mais que se passe-t-il si vous avez déjà quitté votre emploi et passé les huit dernières années à courir après vos enfants ?
Weisshaar suggère de mentir un peu. « Ne dites pas explicitement ce qui se passe dans votre vie sur votre CV. Dites juste que je vous êtes sortis du monde du travail et que vous voulez revenir. »
Anonyme
il y a 6 ansCeci est entièrement vrai, malheureusement. J'en ai fait l'expérience et ce qui devait être une pause d'un an s'est concrétisé en 5 ans de recherche d'emploi intensive, sans entrevue. J'ai finalement réussi à me refaire en acceptant d'aller travailler en région à très faible salaire, puis à faire mes preuves de la sorte pendant quelques années. À ce jour, cette pause n'a plus vraiment d'importance dans mon CV mais j'étais à 2 cheveux de tout laisser tomber après des milliers de CV rejetés.
Anonyme
il y a 6 ansEt surtout pas par une éditorialiste, une prof d'université et une aprentie sorcière de la diversité.
Anonyme
il y a 6 ansPersonne ne leur dit quoi faire dans cet article. On discute tout simplement des conséquences de certains choix.
Droit-incrédule
il y a 6 ansChère Droit-Inc, Vous citez une éditorialiste qui a écrit son article dans un magazine des USA, se pourrait-il qu'elle se base sur la situation aux États-Unis qui a une culture bien différence vis à vis des congés parentaux comparé au Canada et surtout au Québec? J'espère que des avocates qui ont pris un congé mat et pourquoi pas des avocats qui on pris un congé parental prendront le temps de venir témoigner dans les commentaires pour apporter une mise en contexte québécois bien nécessaire !
Je vous invite aussi, Droit-Inc, à vous pencher sur le Projet Justicia et peut-être faire des entrevues avec les avocat-e-s qui sont en charge de son application au sein des firmes listées: http://www.barreau.qc.ca/fr/avocats/services/projet_justicia/
Au plaisir de lire un prochain article plus instructif et basé sur la situation au Québec, je l'espère.
Me Redoute
il y a 6 ansJe pense qu'en 2018 aucune femme ne s'arrête de travailler pour "élever" ses enfants. Cela ne prend pas un cours de droit pour savoir cela. Simone de Beauvoir l'a dit il y a 70 ans: la libération de la femme commence par son autonomie financière. Élever ses enfants, sortir du circuit des affaires, voir le père le soit tard pour le voir éventuellement s'en aller avec une jeune sans enfant.....On connait la chanson.
On n'a pas besoin de renoncer à une carrière stimulante pour faire ce que les garderies ou les gardiennes à domicile font:
faire des jeux de société, fabriquer des biscuits, faire du ménage et colorier.
Une femme d'affaires et mère accomplie.