Bannir le taux horaire?
![Main image](https://gvm.nyc3.digitaloceanspaces.com/store/uploads/public/di/article/1739294488_Untitled__800_x_535_px___22_-min.jpg)
Marie-Ève Buisson
2025-02-11 15:00:33
Le modèle de facturation horaire est-il obsolète? Selon cette avocate, il est temps de dire adieu à cette pratique…
Jennifer Guay, avocate et fondatrice de son propre cabinet, a banni la facturation horaire. Selon elle, ce modèle nuit autant aux avocats qu'à leurs clients.
![](https://www.droit-inc.com/cache/blank.png)
« Je pense que ce modèle est dépassé, car à mesure qu’un avocat gagne en expérience, il accomplit les tâches plus rapidement, ce qui le désavantage à moins d’augmenter fréquemment son taux horaire », explique-t-elle.
Ce système pousserait donc les avocats à augmenter leurs tarifs à répétition, au risque de rebuter leur clientèle. Selon l’avocate, ce modèle alimente également la crainte de frais imprévisibles.
« Combien de fois ai-je entendu des clients me dire qu’ils hésitent à appeler leur avocat de peur de recevoir une facture salée pour quelques minutes au téléphone? », raconte-t-elle.
Ce phénomène encourage même certains clients à chercher des réponses juridiques sur internet plutôt que de consulter un professionnel.
« En bannissant le taux horaire, on pourrait aussi mettre fin aux préjugés et stéréotypes selon lesquels les avocats ne seraient que des "requins" facturant à l'heure », indique-t-elle.
Tarification forfaitaire
Selon Me Guay, la tarification forfaitaire comporte plusieurs avantages pour les clients.
Avec les forfaits, les clients savent dès le départ combien ils devront payer, évitant ainsi les mauvaises surprises à la réception de la facture.
« Cela offre une transparence accrue sur les coûts juridiques et réduit le stress lié à l'incertitude des frais, car le client sait exactement combien il paiera, sans se soucier du temps que l’avocat passera sur son dossier », dit-elle.
La tarification forfaitaire permet également aux clients de valoriser l’expertise plutôt que le temps.
« L’avocat est rémunéré pour ses compétences et non pour le nombre d’heures passées sur un dossier », ajoute-t-elle.
Attachement
Selon Jennifer Guay, l’attachement au taux horaire est avant tout une question d’habitude. « Le domaine du droit est un domaine très conventionnel. Ça a toujours fonctionné comme ça, alors pourquoi changer?» résume-t-elle.
L’avocate croit toutefois que le modèle tarifaire pourrait fonctionner dans les grands cabinets.
« Les grands cabinets gèrent déjà plusieurs personnes et tâches dans un dossier, ce qui entraîne une multiplication des taux horaires », affirme-t-elle.
En adoptant un modèle forfaitaire, cela permettrait de simplifier la facturation et d’offrir une meilleure transparence, selon elle.
Me Guay ne croit pas que la facturation horaire disparaîtra du jour au lendemain, notamment dans les domaines où la durée d’un dossier est difficile à prévoir, comme le droit familial ou criminel.
Cependant, elle est convaincue que le modèle forfaitaire a un avenir prometteur.
Son conseil aux avocats qui souhaitent adopter cette approche?
« Prenez le temps d’évaluer vos coûts et de structurer votre tarification. Il faut aussi s’assurer que toute l’équipe comprend bien le fonctionnement pour bien l’expliquer aux clients », conclut-elle.