De l’art numérique au droit
Sonia Semere
2024-03-05 14:15:14
Une avocate ayant démarré sa carrière dans le milieu de l’art nous explique comment elle parvient à apporter une touche de créativité dans ses dossiers…
Eliane Ellbogen est avocate en droit de la propriété intellectuelle chez Fasken avec une pratique axée sur les technologies de l’information.
Si Droit-inc s’est intéressé à son profil, c’est parce qu’après avoir dirigé un centre d’exposition numérique pendant une dizaine d’années, Me Ellbogen a pris un véritable tournant dans sa carrière en prenant la voie du droit.
L’avocate nous confie qu’elle sentait qu’elle manquait de défis dans sa vie professionnelle « Ç'a aussi coïncidé avec mon deuxième congé de maternité, j'avais du temps pour réfléchir sur le futur de ma carrière ».
Si le droit peut sembler éloigné du milieu de l’art, Me Ellbogen voit une vraie continuité dans son parcours.
« Dans le milieu de l'art, j'occupais plutôt un rôle de gestionnaire, c'est énormément de gestion des ressources financières, des ressources humaines, de la logistique… ».
Apporter de la créativité dans sa pratique
Mais alors, comment parvient-elle à ajouter une touche de créativité dans sa pratique?
Selon Me Ellbogen, dans tous les domaines du droit, il y a un travail créatif. Et pour cause, il faut toujours trouver une solution à un problème, ce qui demande un soupçon de créativité.
« On le voit en particulier dans des dossiers de litige où il faut être stratégique. Il faut regarder le problème sous différents angles et se dire comment est-ce que je peux sortir de ces schémas-là ? ».
Côté dossiers, l’avocate est également amenée à être en contact avec des gens créatifs comme des artistes ou des inventeurs par exemple.
Ayant été au plus proche du milieu artistique pendant plus de seize ans, Me Ellbogen a développé une sensibilité unique sur le marché juridique montréalais.
« Ça me permet de comprendre la réalité de l'artiste ou du créateur et de la mettre en contexte avec le cadre juridique ».
Parmi les dossiers qui l’occupent présentement, elle évoque la loi 96 qui est venue amender la Charte de la langue française.
« Il y a certaines dispositions qui touchent particulièrement les marques de commerce et comment elles sont utilisées au Québec. Je donne des avis à mes clients à ce sujet presque de façon quotidienne ».
Une passion pour les arts visuels
Son intérêt pour les arts visuels, l’avocate l’a développé durant son baccalauréat en histoire de l'art à l’Université McGill.« En sortant du Cégep, j'hésitais entre le droit et l'art et peut-être que, de par ma nature un peu rebelle, je suis allée vers l'art ».
Très rapidement, Me Ellbogen s’intéresse au dialogue entre le public et les artistes avec ce questionnement en tête : Comment créer une expérience collective autour de l'art ?
Après les études, elle décide, avec plusieurs amis, de créer un lieu pour l'art numérique. Situé à Montréal, en plein Mile-Ex, le centre Eastern Block est aujourd’hui une véritable institution dans le milieu artistique.
« Ça s'est beaucoup professionnalisé au fil du temps. Dans les premières années, c’était un peu plus underground », nous confie-t-elle.
À la fois centre de production et d'exposition, cet espace offre également des soirées de performance et des tables rondes.
Me Ellbogen parle d’un véritable laboratoire de recherche de création dédié notamment aux nouvelles technologies.
« L’idée étant toujours d'entrer en dialogue avec tout ce qui est émergent dans notre société, de faire appel à toutes ces technologies à travers différents médiums artistiques ».