Les critères pour fixer un taux horaire

Marie-Ève Buisson
2025-03-12 14:15:58

La détermination des taux horaires des avocats repose sur plusieurs facteurs clés, que ce soit pour un avocat en pratique solo ou pour un grand cabinet qui établit les tarifs de ses professionnels.
Dominique Tardif, présidente de la firme de recrutement juridique ZSA, explique les principaux éléments pris en compte dans cet exercice.
« Dans tous les cas, il faut couvrir les coûts, se verser un salaire et, dans le meilleur des cas, générer des profits dès la première année », explique-t-elle.
1. Couvrir les coûts
Avant même de fixer un taux horaire, un avocat ou un cabinet doit d’abord s’assurer de couvrir ses coûts d’exploitation.
« Il faut bien connaître ses coûts. Comme pour toute entreprise, il faut au minimum couvrir ses dépenses, mais idéalement, il faut facturer davantage pour pouvoir se verser un salaire et générer des profits ».
Cela inclut des dépenses comme le loyer, l’équipement, les outils informatiques, les frais de déplacement et le personnel de soutien.
2. L’expertise
Le niveau d’expérience d’un avocat influence grandement son taux horaire.
« L’avocat qui débute dans un secteur de droit et qui a peu d’expertise à vendre ne coûtera pas la même chose que l’avocat qui a 10 ans d’expérience. »
Un avocat expérimenté peut résoudre un problème en quelques minutes grâce à sa connaissance approfondie, alors qu’un junior devra effectuer des recherches supplémentaires, ce qui peut impacter la facturation.
3. La localisation géographique
Un avocat exerçant dans une grande métropole ne facturera pas le même tarif qu’un avocat en région.
« Les taux horaires varient selon l’emplacement : un avocat en région ou dans un petit village ne facturera pas le même tarif qu’un avocat exerçant dans une grande métropole. »
Le coût de la vie, le marché local et la concurrence influencent ces écarts de prix.
4. La clientèle
La clientèle desservie joue aussi un rôle central dans la fixation des taux.
« Il faut tenir compte de la capacité de payer du client : un réfugié ou un employé ayant besoin d’un coup de main n’aura probablement pas les mêmes moyens qu’une multinationale opérant à l’échelle internationale. »
Les particuliers, PME, multinationales et gouvernements ont tous des moyens financiers différents, et les honoraires doivent être ajustés en conséquence.
5. Le domaine de pratique
Certains domaines du droit permettent de facturer des taux plus élevés que d’autres.
« En droit des affaires, on va généralement avoir des taux qui peuvent être plus élevés qu’en droit de l’immigration, par exemple. »
En droit de l’immigration, il est aussi courant d’opter pour des tarifs forfaitaires plutôt qu’un taux horaire.
6. La concurrence
Les avocats doivent tenir compte des prix pratiqués par leurs concurrents.
« On peut choisir de se positionner dans le haut du marché en offrant un service haut de gamme, de s’aligner sur les tarifs de la concurrence ou encore d’adopter une stratégie plus abordable pour attirer une clientèle plus large et se démarquer. »
Ce positionnement stratégique peut permettre d’attirer plus de clients et, au final, d’être plus rentable.
7. La taille du cabinet : un facteur relatif
Contrairement à une croyance répandue, la taille d’un cabinet n’est pas nécessairement synonyme de tarifs plus élevés.
« Ce n’est pas tant la taille du cabinet que les services sur lesquels un client peut compter. »
Dans un grand cabinet, certaines tâches administratives sont prises en charge par du personnel non facturable. En revanche, un avocat en solo devra parfois inclure ces tâches dans son temps facturable.