Les ICP pour mesurer le succès de votre cabinet ?

Delphine Jung
2018-03-06 11:15:00

C’est ce qu’explique Me Marc McAree, associé au cabinet torontois Willms & Shier Environmental Lawyers explique dans un article publié sur le Canadian Lawyer magazine, que
« Il y a environ 15 ans, avant même que les indicateurs clés de performance ne soient connus comme tels, notre cabinet travaillait avec notre comptable. Puis, nous avons, au fil des années, affiné l’utilisation des indicateurs clés de performance », explique-t-il.
« Ce sont des données utilisées par les entreprises pour mesurer leur performance, une croissance ou une décroissance », explique de son côté Me Jean-François Gagnon, chef de la direction du cabinet Langlois.

Ces ICP sont généralement communiqués aux avocats du cabinet, dans un souci de « transparence », précise Me Gagnon. Chez lui, tout le monde a donc accès « à des données très sensibles sur le fonctionnement du bureau » : les associés et les professionnels.
« On fait la même chose avec le personnel non professionnel qui n’a évidemment pas accès aux données sensibles comme la performance des individus ou des groupes, mais ils ont accès au positionnement global du bureau sur un certain nombre d’indicateurs », dit-il.
Révéler lacunes et opportunités

Pour lui, les indicateurs clés de performance permettent aux tendances de devenir rapidement apparentes et les comparaisons des données peuvent révéler des lacunes ou des opportunités.
Pour Jean-François Gagnon c’est essentiel d’être capable de bien évaluer la capacité de la performance de l’entreprise.
Certains indicateurs peuvent être communs d’une entreprise à l’autre. Mais les besoins de chaque entreprise diffèrent en fonction de sa structure, de sa croissance, de ses buts et objectifs, etc.
Indicateurs opérationnels et financiers

Pour lui, les ICP sont fondamentaux, « sinon, une entreprise ne pourrait pas se gérer ».
« Le concept général qu’on applique chez Langlois, ajoute Jean-François Gagnon, c’est un concept de croissance rentable et intelligente. Les indicateurs de performances vont nous donner des statistiques pour nous dire si nous sommes en chemin vers nos objectifs. Est-ce qu’il y a des enjeux particuliers dans l’entreprise, est-ce que la profitabilité du cabinet est comparable à notre marché à nous ? Ce sont des données extrêmement précieuses. »
Évaluer avocats… et clients

L’entreprise pourrait aussi évaluer la « qualité » de ses clients pour voir si cela vaut la peine de le garder.
« Nous pourrions arriver à un moment où nous nous disons que ce client n’est peut-être pas fiable », dit le président-directeur général de Miller Thomson à Toronto, Orest Szot.
Même les clients font donc l’objet des ICP. « Chez nous, ce chiffre est présenté au niveau macro, donc pour l’ensemble de nos clients. Plus un compte est ancien, moins on a de chance d’être payé. Tous les cabinets d’avocats ont les mêmes unités de mesure pour cela », précise-t-il.
Mary Juetten, auteure de ''Small Law Firm KPIs: How to Measure Your Way to Greater Profits'' estime de son côté qu’un indicateur ne fournit pas une image complète. Par ailleurs, se concentrer sur trop d’indicateurs va peser sur le processus. Elle suggère donc de choisir une poignée d’ICP qui correspond aux étapes majeures de l’entreprise.
Ces ICP peuvent-ils devenir une source de stress pour les avocats ? « En principe non, car nous fixons des objectifs réalisables, assure Me Gagnon. Les ICP sont plus une source de réconfort que de stress, tant qu’ils sont en lien avec le plan stratégique de l’entreprise. »