Carrière et Formation

Un changement de cap pour un criminaliste

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Sonia Semere

2025-03-20 14:15:11

Laurent Roger Morin. Source : LinkedIn
Me Laurent Roger Morin. Source : LinkedIn
Un avocat criminaliste entame un nouveau chapitre dans sa carrière... Rencontre.

Après dix ans de pratique en solo, Me Laurent Roger Morin rejoint le cabinet montréalais Shadley Knerr.

Sur LinkedIn, l’avocat criminaliste se dit « honoré de rejoindre un groupe d’associés exceptionnels ».

Pourquoi ce tournant professionnel? Qu’est-ce qui l’anime dans le droit criminel? Droit-inc s’est entretenu avec lui.

Vous rejoignez le cabinet Shadley Knerr après avoir travaillé pendant dix ans en tant qu’indépendant. Qu’est-ce qui explique ce grand saut? Qu’est-ce que ça va changer dans votre pratique?

La réputation de ce cabinet a fait en sorte que c'était une opportunité que je ne pouvais pas manquer. Dans ma pratique, ça change beaucoup de choses. On essaie vraiment de travailler à plusieurs sur nos dossiers pour avoir des échanges d'idées et des critiques constructives. Récemment, je suis allé chercher un des plus jeunes avocats pour qu’il m'assiste dans un procès. Il y a vraiment une belle coopération et un vrai esprit d'équipe.

Pouvez-vous nous parler plus en détail des dossiers que vous traitez ?

Je travaille actuellement sur un dossier très intéressant d’un point de vue sociétal. C'est un dossier d’homicide, une histoire extrêmement difficile d'un fils qui a tué sa mère. Le jeune homme était intoxiqué au moment des événements et avait un problème de dépendance. On parle de 100 bières par semaine avec du GHB, de la kétamine et des amphétamines.

Au moment des faits, il avait carrément des hallucinations. Il voyait des volcans et des dinosaures dans son salon. Ici, la question sociétale qu’on peut se poser c’est : comment est-ce qu'on punit une personne qui a des problèmes de consommation ? Traditionnellement, on se dit que si la personne a voulu consommer, elle est responsable des conséquences de ses gestes.

Mais dans les cas de dépendance, on se rapproche de la santé mentale dans la mesure où la personne ne peut pas s’arrêter de consommer…

Est-ce qu'il y a eu des précédents dans la jurisprudence sur cette question?

Il y en a, mais je dirais que jusqu'ici, le mouvement général, c'est de garder ça séparé. Il existe un véritable malaise à l’idée de réduire la peine de quelqu’un qui consomme volontairement des substances.

Certes la personne va choisir de consommer initialement mais à un certain stade, le choix n'existe plus. Là où c'est intéressant, c'est qu'en ce moment, il y a la crise du fentanyl. Il s’agit d’un problème dramatique à l'échelle nationale.

Alors, oui, il y a eu des précédents mais j’espère que cette cause pourrait peut-être entraîner un changement de perspective.

Pour en revenir à votre parcours, qu'est-ce qui vous a orienté vers le droit criminel?

Quand j’ai fini mon baccalauréat en droit, une de mes professeures m'a offert un emploi d'été comme étudiant pour faire de la recherche. Elle avait une pratique très pointue, ne traitant que des dossiers de meurtre.

Ce qui m’a marqué dans ces affaires, c’est l’aspect humain très fort. Comprendre ce qui peut pousser une personne à commettre de tels actes est fascinant. Ça m'a tellement fasciné que c'est devenu clair pour moi que c'est cette voie que je voulais suivre.

On imagine que tout l’aspect psychologique doit être passionnant…

Effectivement, c’est ce qui est le plus fascinant dans le droit criminel. On se retrouve souvent à la croisée de plusieurs disciplines. La psychologie, bien sûr, mais parfois aussi la philosophie, car ces dossiers soulèvent des questions de société profondes.

Il y a aussi les enjeux éthiques et la manière dont la société perçoit certaines problématiques. Doit-on exclure et punir ces individus, ou au contraire, chercher à les aider et à les soutenir ?

Avec toutes vos années d’expérience, quels conseils donneriez-vous à un jeune avocat qui se lancerait dans ce domaine?

Le premier conseil que je donnerais, c’est de s’entourer d’un mentor. Cela fait une énorme différence. C’est ce qui m’a permis de traverser les débuts difficiles. Avoir un mentor permet de mieux comprendre la direction à prendre à long terme et de structurer sa pratique pour qu’elle soit réussie.

Le deuxième conseil, c’est d’apprendre à gérer des aspects moins courants du droit criminel, comme les demandes de suspension d’affaires judiciaires. Il y a de nombreux domaines périphériques au droit criminel. Pour un jeune avocat, maîtriser ces éléments moins communs peut ouvrir la porte à des dossiers plus spécifiques et intéressants.

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