Les erreurs de l’avocat solo

Emilie Therrien
2013-10-29 13:15:00

Certains vous diront de prendre tous les types de mandats qui s’offrent à vous. Je vous dirais plutôt de vous limiter à certains domaines en particulier et de ne pas hésiter à référer des mandats à vos confrères et consœurs qui exercent dans d’autres domaines.
Déjà que vous devez apprendre la pratique «sur le tas» dans les domaines qui vous intéressent sans pour autant pouvoir facturer toutes ces heures à vos clients, ne vous imposez pas de charge supplémentaire qui, de surcroît, ne vous intéresse pas vraiment!
Par exemple, en droit des affaires, je ne ferais pas de droit fiscal, tout comme en droit du travail, je ne ferai pas de dossiers d’accidents du travail et lésions professionnelles. Il s’agit de choix, et je préfère de loin référer ces dossiers à d’autres qui en retour, me référeront les leurs qui collent plus à mes intérêts. Il faut mettre ses limites, sinon notre santé psychologique et déontologique en sera forcément affectée!
Vouloir s’occuper de tout
Un avocat à son compte doit posséder des notions de base en comptabilité, en ressources humaines et parfois même en psychologie pour pouvoir opérer sa propre pratique. Une erreur à ne pas faire est de vouloir s’occuper de tout alors qu’on a des connaissances limitées.
À moins d’avoir complété une formation de comptable avant ses études de droit, il vaut mieux confier sa comptabilité à une société de gestion externe.
Au début de ma pratique, je me voyais comme une Superwoman qui pouvait tout faire, surtout la comptabilité! Ce n’est qu’un dimanche soir, après avoir passé plusieurs heures à entrer toutes mes factures dans mon logiciel de comptabilité que la Superwoman a rencontré son Waterloo.
J’ai contacté Canico, un service de gestion de petits cabinets, qui a pris en charge toute ma comptabilité. La Superwoman se concentre maintenant sur ce qu’elle aime le plus: le droit.
Trop dépenser
Être à son compte coûte cher, très cher même: loyer, téléphone cellulaire, cotisation professionnelle du Barreau, logiciel de facturation, comptabilité, livres, matériel de bureau, formation continue, et j’en passe… Il est facile d’y perdre la tête et sa chemise…
La nature de nos opérations rend difficile la préparation d’un budget, autant pour sa pratique que personnellement. C’est pourquoi il faut dès le départ exercer un certain contrôle sur ses dépenses. Bien que ces dernières soient déductibles de votre revenu et réduisent vos impôts à la fin de l’année, encore faut-il qu’il en reste, des revenus!
Ainsi, si votre bureau est situé proche du Palais de justice, profitez du Centre d’accès à l’information juridique (CAIJ), n’hésitez pas à aller consulter leurs livres et à utiliser l’accès gratuit aux banques de données.
De même, pour la formation continue: repérez les formations gratuites offertes par différents organismes, profitez d’un mentor ou publiez des articles dans des revues ou sur des sites Internet. Cela vous donne des heures en banque et vous fait économiser en même temps.
De mon côté, j’aime beaucoup assister à des conférences. Cela peut toutefois me revenir cher à la longue. Pour ceux ayant déjà atteint le nombre d’heures requis, je vous partage l’astuce suivante: si une formation en webinaire vous intéresse, proposez à un confrère de s’y inscrire et de défrayer le tiers ou la moitié des frais. Il pourra récolter les heures pour une somme moindre et vous aurez la chance de visionner la conférence qui vous intéresse.
Quels sont vos trucs pour éviter ces erreurs? Quelles sont, selon vous, les erreurs que tout avocat solo devrait éviter?
Émilie Therrien est avocate dans une société nominale et pratique dans plusieurs domaines de droit. Elle collabore également au Journal du Barreau. Chaque semaine, elle fait part des hauts et des bas de la pratique solo sous forme d’anecdotes et de trucs, le tout dans le but de faire comprendre ce que constitue le quotidien pas toujours facile des avocats travailleurs autonomes.