La comptable devenue associée
Céline Gobert
2012-10-04 14:15:00
« La personne à qui vous parlez aujourd’hui est très différente de celle qui a commencé ici !, confie-t-elle à Droit-Inc. Je ne viens pas du tout d’un environnement d’affaires, j’étais très réservée, si on m’avait demandé, stagiaire, si je voulais être associée un jour, j’aurais probablement dit non. »
Depuis 2003, pourtant, elle endosse le costume d’associée, en vérification et pour le groupe de services conseils en commerce de détail.
En vérification, RSM Richter compte 15 associés, parmi lesquels ne se trouvent que trois femmes seulement… « et plusieurs à venir ! » souligne la comptable.
« C’est un environnement qui vous apprend vos forces, qui vous apprend à faire confiance à vos capacités. J’ai gagné en confiance à force d’évoluer ici. »
Une fidélité à la firme qu’elle justifie par la variété de ses tâches quotidiennes.
« C’est fait de beaucoup d’échanges, de rencontres et de conversations. On a cette idée que les comptables sont assis en arrière de leurs bureaux avec leur calculatrice alors qu’en réalité, il y a énormément d’interactions au point que parfois on aimerait avoir plus de moments à soi », dit-elle.
Mauvaise presse
Cette spécialiste en commerce de détail et en sociétés publiques est aussi mère de deux enfants, une jeune fille de 18 ans, un garçon de 15 ans.
Originaire de St-Hubert, celle qui partage également la fonction d’associée ressources humaines aime son métier.
« La vérification a mauvaise presse, les gens pensent que c’est quelque chose de très ennuyant alors que c’est fascinant ! »
Selon elle, c’est un travail qui permet d’aller à l’intérieur des compagnies, de comprendre les risques, les défis auxquels elles font face.
« Il n’y a pas beaucoup d’emplois qui vous permettent d’aller partout comme cela, d’aller vivre plusieurs industries, et comprendre comment l’économie du Québec fonctionne de l’intérieur. »
C’est peut-être ce goût pour le travail qu’elle aimerait transmettre à ses enfants.
« Lorsque l’on aime ce que l’on fait, on projette une image d’aimer le travail, et même si mes enfants m’ont vu travailler fort, ils m’ont vu travailler en aimant ce que je faisais. C’est bien plus facile que de faire 40 heures de quelque chose que l’on n’aime pas ! »
L’environnement est exigeant, elle le reconnaît, mais offre également une flexibilité qu’elle n’aurait pas trouvé ailleurs.
« Pourquoi je suis restée ? Je n’ose pas utiliser le mot conciliation travail-famille… On est en contrôle de notre horaire, au service du client mais flexible. Je n’ai jamais manqué de pièces de théâtre de mes enfants, car je m’arrange dans mon horaire, et je compense ailleurs. »
Ce qui lui plaît le plus, ajoute-t-elle, c’est le sentiment de contribuer à aider ses clients à grossir ou à résister dans un environnement qui n’est pas toujours facile.
Se compléter
Ses clients vont du manufacturier de pièces d’avion à l’éditeur, en passant par les compagnies publiques spécialisées en technologie.
Son dernier mandat en date concerne une compagnie publique de jeux en ligne qui fait plein d’acquisitions : Amaya Gaming.
Elle collabore avec de nombreux cabinets d’avocats parmi lesquels elle cite McCarthy Tetrault, Lavery, ou encore Heenan Blaikie avec qui elle travaille actuellement sur un mandat où un client qui souhaite devenir publique se fait acheter par une compagnie déjà publique.
« Je pense que de manière générale les avocats et les comptables sont les conseillers des clients, de nos clients communs. Nous avons donc tout intérêt à communiquer le plus régulièrement que possible. »
Bien utile notamment pour tout ce qui concerne les lourdes procédures administratives, précise-t-elle.
« Je suis sûre que les avocats ont tout autant à cœur que nous le succès et le bien être des clients. En se côtoyant, on va se compléter.»
Des conseils
Selon la comptable, les qualités nécessaires pour être une bonne professionnelle sont l’écoute et l’empathie.
« Souvent les professionnels ont tendance à avoir des solutions toutes faites, avant même de savoir ce que sont les attentes et les désirs de la clientèle. »
Ses conseils ?
1) Se demander quelles sont les préoccupations des entrepreneurs et ce qu’ils recherchent.
2) Aller chercher les personnes appropriées pour les besoins spécifiques du client à un moment donné.
3) Considérer que l’entreprise est un peu à soi, expérimenter leurs inquiétudes et leurs joies.
4) Savoir revenir à la base, comprendre ce qui fait le succès d’un détaillant : son image, son produit, son branding, son service.
5) Apprendre aux clients à faire face aux concurrents.
« L’environnement économique inquiète beaucoup de gens, particulièrement dans le commerce de détail, nous ne sommes pas en boom économique, il y a beaucoup de compétition, entre détaillants, mais aussi au niveau de la distribution avec les magasins en ligne par exemple », confie-t-elle.
Même si le contexte économique est difficile, elle reste persuadée que les consommateurs sont prêts à payer.
« Il faut simplement leur montrer la valeur de ce qu’on apporte, ils ne paieront pas pour avoir exactement la même chose que le détaillant à côté s’ils ne ressentent pas une différence. »
A 47 ans, elle nourrit maintenant de nombreux objectifs de carrière : se faire connaître, accompagner de plus en plus de gens dans le milieu, coacher les jeunes, leur offrir son expérience.
« Devenir associée, ce n’est pas une fin en soi, c’est un début ! » conclut-elle.