L’art de vulgariser
Daphnée Hacker
2014-04-10 14:15:00
Le rôle crucial du témoin expert
Si Mme Mercier a collaboré à la rédaction de nombreux rapports d’experts, et en a même signé quelques-uns, elle n’a pas encore été appelée à témoigner en cour. «Je souhaite le faire éventuellement, mais il faut prendre le temps de devenir un expert solide», dit-elle. La comptable observe et apprend beaucoup des associés du cabinet, qui sont ceux qui agissent le plus souvent comme témoins.
«Les témoins experts peuvent avoir un grand impact sur le jugement final, dans certains cas, leur témoignage est le nerf de la guerre». Ce rôle influent que les comptables experts sont appelés à jouer rappelle à Mme Mercier l’importance de rester indépendant. «Même si nous avons un client, c’est pour la cour que nous travaillons», insiste-t-elle.
Selon la comptable, les meilleurs témoins expert maîtrisent l’art de vulgariser des concepts très complexes. «Il faut être certain que le juge et le jury puissent comprendre tout au long de l’explication, ça demande une capacité de simplifier qui me rappelle celle nécessaire à donner des formations claires et efficaces», souligne celle qui forme régulièrement ses collègues.
Former les nouveaux… et les associés!
Comme les avocats, les comptables doivent suivre des dizaines d’heures de formation chaque année. Mme Mercier et son équipe s’occupent de donner plusieurs de ces formations à leurs collègues du département d’audit, mais aussi de plusieurs autres groupes du cabinet. Elle s’occupe aussi de former les comptables fraîchement embauchés. «C’est un moment très stressant de leur vie, le début de carrière, dans un milieu si formel… je tente de les mettre à l’aise.»
Former les jeunes comptables, c’est une chose, former les comptables expérimentés, c’est autre chose. «Enseigner à un associé qui a 30 ans d’expérience, c’est un défi!», avoue-t-elle. Loin de les craindre, Mme Mercier aime bien «utiliser» ces comptables plus âgés pour qu’ils partagent leur expérience avec les plus jeunes. «Le but n’est pas de donner un cours théorique durant des heures. En encourageant l’interaction, et l’échange, tout le monde apprend bien plus, moi inclus!», dit-elle en souriant.
Dans la tête d’un avocat
Les huit années que Mme Mercier a passées en audit l’ont grandement aidée à effectuer ses nouvelles tâches. Elle est intervenu sur des mandats très diversifiés, tant pour des sociétés dans le domaine des technologies, du pharmaceutique, de la distribution et de la fabrication. «Étant donné que j’ai touché à des domaines très différents, ça m’aide grandement aujourd’hui à analyser des opérations complexes. Par exemple, détecter s’il y a des points dans une transaction qui ne respectent pas les normes comptables», précise-t-elle.
Malgré son expérience, plusieurs détails peuvent encore lui échapper, il est donc utile selon elle de faire affaire avec des avocats. «J’aime les entendre réfléchir à voix haute lorsqu’ils évaluent un contrat», observe-t-elle. Les comptables et les avocats abordent les enjeux différemment, d’où l’intérêt de mettre à profit leurs expertises. «Ce qui est certain, c’est que l’on fait mieux ensemble que seuls!», conclut-elle.