Le surdoué de la fiscalité
Daphnée Hacker
2014-03-28 14:00:00
Directeur principal du département de fiscalité, M. Coutu travaille auprès d’entreprises dont les chiffres d’affaires varient entre 10 à 500 millions de dollars. «Mes clients proviennent de secteurs très variés; que ce soit les énergies vertes, les services financiers ou encore des courtiers hypothécaires», énumère-t-il.
La difficulté, selon lui, est de se tenir informé de chaque changement de règlements dans des secteurs aussi variés. «Il y a constamment des modifications. Je suis tout ça de très près, c’est le seul moyen de faire sauver un maximum d’impôts», explique-t-il.
Déchiffrer les règles fiscales
Les gouvernements fédéral et provincial sont de plus en plus offensifs auprès des entreprises lors des vérifications fiscales, avance le spécialiste. «Les deux paliers gouvernementaux ont embauché plus de vérificateurs. Ils sont non seulement plus nombreux, mais beaucoup plus agressifs dans leur approche», observe-t-il. Il remarque que les conclusions de nombreuses vérifications sont souvent erronées, et qu’il se retrouve fréquemment à aller en opposition. «C’est déplorable de devoir se battre ainsi, mais quand une vérification ne me semble pas juste, je n’hésite pas à répliquer!»
La vérification fiscale est certes nécessaire pour épingler ceux qui tentent de profiter du système, estime M. Coutu, mais de nombreuses entreprises, pourtant bien intentionnées, se retrouvent dépassées par les règles fiscales. «Ces règles ne font que se complexifier depuis la dernière décennie.»
Il suffit souvent d’une mauvaise expérience lors d’une vérification pour qu’un propriétaire d’entreprise se décide à demander les services de M. Coutu. «On ne va pas se le cacher, nos honoraires représentent un coût important pour les entrepreneurs, mais ils comprennent rapidement que mon équipe peut les faire économiser gros», fait-il valoir.
Au-delà des économies : la gestion du risque avec l’avocat
En plus de faire économiser beaucoup d’argent à ses clients, M. Coutu tente aussi de les aider à gérer le risque. «Quand ils sont réellement déterminés à faire des économies d’échelle, nous gardons contact tout au long de l’année.» En faisant un suivi régulier des décisions de l’entreprise, le fiscaliste peut s’assurer que toutes ces manœuvres bénéficieront à son client, plutôt que de lui nuire.
La gestion du risque nécessite souvent l’aide des avocats, explique le fiscaliste. Par exemple, en 2011, lorsque la taxe sur le capital a été abolie, il a fallu que les fiscalistes revoient tout un système de fiducies. «Nous avions des dizaines de clients qui, pour sauver de l’impôt, avaient des structures fiduciaires très complexes qui ne servaient dorénavant plus à rien.»
Les avocats se révèlent des partenaires incontournables lorsqu’il est temps de revoir la structure de la compagnie, avance M. Coutu. «Il y a tellement d’aspects légaux lors de la création ou de l’abolition d’une fiducie et d’une société de personne, il faut absolument qu’un avocat soit là pour nous guider.»
Lors de ces opérations fiscales et légales très pointues, l’avocat doit aider le fiscaliste à justifier ses choix auprès du client. «C’est important que le client comprenne tout ce qui se passe, tant au niveau fiscal que légal, même si c’est vraiment complexe. Après tout, ce sont ce sous!», conclut-il.