Pourchasser le talent
Daphnée Hacker-b.
2013-03-21 14:15:00
Celui qui travaille depuis 12 ans au sein du groupe de certification du cabinet comptable Richter est de plus en plus souvent en charge de mandats de certifications de jeunes entreprises, aussi connues sous le nom de start-up.
« Je rencontre beaucoup de personnes qui ont une vision d’affaire inusitée, qui sont voués à réussir, mais qui ont besoin pour ce faire de quantifier leur projet, d’avoir une structure comptable, c’est là que j’interviens », précise-t-il.
Pour le comptable de 35 ans, ce sont les expériences de travail qu’il a accumulées auprès de clients plus établis qui lui permettent de bien comprendre quelles sont les bases financières nécessaires à la réussite d’un projet.
Il passe ainsi la majeure partie de son temps auprès de clients provenant des secteurs du commerce de détail, de la fabrication et de la distribution. Au sein de ces entreprises dont le chiffre d’affaires moyen se situe entre 75 et 100 millions de dollars, il identifie les risques de comptabilité, effectue des contrôles internes et des vérifications.
Montant tranquillement les grades dans sa propre entreprise, M. Desrochers, maintenant directeur principal de son équipe, dispose de plus en plus de temps pour bâtir sa propre clientèle.
Et cette clientèle, elle est en grande partie composée de jeunes entreprises qui ont un fort potentiel de croissance, mais qui n’ont que quelques millions, voir parfois seulement 1 million de chiffre d’affaires.
Pourquoi cette obsession avec les start-ups? « C’est tellement motivant d’aider des gens à réaliser un projet dans lequel ils croient sincèrement. »
Celui qui enseigne au centre d’entrepreneurship HEC et participe à l’émission Génération Inc. à V-télé sait comment reconnaître les futurs talents. « Ça se voit très rapidement, les vrais entrepreneurs ont non seulement les yeux qui scintillent lorsqu’ils parlent de leur projet, mais s’ils sont sérieux, ils ont déjà pensé à tous les moyens de concrétiser leur idée. »
Passer de l’intuitif aux chiffres
Une fois qu’un nouveau client est déniché, en quoi consiste son rôle? « Dans un premier temps, on discute beaucoup, je dois tout comprendre de leur concept » explique-t-il avec un grand sérieux. Ensuite, il faut développer cette idée intuitive et l’articuler en une vision d’affaires, avec des projections financières, des états financiers… Pour le comptable, les chiffres viennent donc confirmer la viabilité du projet.
« Mon rôle, si je devais le définir, ce serait celui de quart arrière! » lance-t-il en riant. « Sans blague, c’est un peu cela : je m’occupe de la gestion, de la planification, de la stratégie. »
Les premières années d’une compagnie sont très difficiles, rappelle-t-il, il n’y a presque pas de liquidité puisque tous les revenus servent à payer la prochaine commande. Il faut éviter de payer trop d’impôt, ou de se mettre dans une situation légale indésirable.
Être là, pas par pas
Le réseautage est très important pour bien démarrer une entreprise, explique le comptable.
Pour éviter que ses clients effectuent un faux pas et mettent en péril leur entreprise, M. Desrochers s’assure de les mettre en contact avec des investisseurs, des banquiers compétents et des avocats de confiance.
« Il faut qu’il y ait une forte synergie » insiste-t-il, que l’avocat croit autant au projet que le client lui-même.
Lorsque le client a un bon concept et qu’il a l’équipe compétente pour lui assurer un succès financier et juridique, il y a moyen de tripler voire quadrupler le chiffre d’affaires en quelques années, croit M. Desrochers.