Une vie chez RSM Richter
Céline Gobert
2012-09-27 14:15:00
« Je suis sorti de l’université, je suis rentré chez RSM Richter, puis je suis encore là ! C’est mon premier et seul emploi et je vais mourir ici je pense… », plaisante cet associé, qui avant d’œuvrer en consultation a commencé par faire de la vérification.
Puis, de stagiaire, il est devenu associé, et responsable du bureau de restructuration et d’insolvabilité pour le Canada.
Pourtant, il avait reçu des offres des grands bureaux de l’époque. Mais RSM Richter avait un petit quelque chose en plus…
« Au moment où j’ai commencé on devait être une centaine, aujourd’hui on est 450 donc, déjà, il y avait un beau défi à relever. De plus, il y avait ici une convivialité, on se sentait confortable, le monde avait l’air à l’aise, alors j’ai accepté l’offre. »
En 1985, l’insolvabilité, c’était un peu le Far West, explique Gilles Robillard.
« On arrivait puis on prenait possession d’une compagnie le vendredi à 5 heures, et les employés se présentaient le lundi matin et tout était fermé. C’est devenu un domaine beaucoup plus sophistiqué avec les années où plusieurs lois ont été passées. »
Aujourd’hui, dit-il, beaucoup plus d’outils ont été créés pour permettre à des compagnies, qui n’auraient pas forcément survécu auparavant, de se sauver.
Une évolution inhérente à son métier, qui a su le séduire.
Diversité
« La diversité, également, est quelque chose qui me plaît beaucoup dans mon métier, ajoute-t-il. On ne travaille jamais dans le même domaine, avec le même monde. Si j’étais pris de 9 à 5 dans un bureau je serais bien malheureux, et je ne serais jamais resté ici aussi longtemps. »
Chez RSM Richter, il a géré tous types de dossiers, à tous les niveaux, pour des entreprises dans toutes sortes de domaines un peu partout au Canada : compagnies dans le domaine de l’aviation, résidences pour personnes âgées, hôtels, compagnies manufacturières.
« On en apprend à tous les niveaux, c’est jamais monotone, dit-il. On est comme des pompiers, c’est tout le temps une urgence. »
En outre, ce n’est pas comme s’il œuvrait en vérification où chaque année, les mêmes clients reviennent. Là, une fois les dossiers obtenus, il passe à autre chose.
« En tant qu’associé, il s’agit surtout de développer la stratégie : comment va-t-on approcher un dossier ? Comment va-t-on être capable de le faire avancer versus notre personnel, qui, lui, fait davantage d’analyses comptables et travaille étroitement avec nous autres ? »
Ce qu’il apporte aux clients ? 30 ans d’expérience dans le domaine des affaires.
Il a assumé les fonctions de contrôleur dans le cadre d’importants projets de restructuration transfrontaliers et internationaux, a piloté de nombreuses missions d’enquêtes sur les fraudes pour le compte d’établissements financiers, d’organismes de réglementation et d’entreprises, a été appelé à témoigner dans de nombreuses causes importantes, a donné bon nombre de conférences et a rédigé de nombreux articles sur la restructuration transfrontalière et les questions liées aux redressements.
« De l’extérieur, on peut se demander « comment fait-on pour travailler dans un climat aussi stressant ? ». Mais c’est comme de la chirurgie, à un moment donné, je ne pense pas que l’on veut que son chirurgien soit nerveux ou se demander s’il est capable de guérir ou pas ! »
Triptyque
Son travail se divise en trois volets.
D’abord, il peut par exemple travailler pour une banque, inquiète au sujet de ses avances bancaires, et qui veut faire valider les informations que l’entreprise lui fournit. Dans ce premier cas, et en cas de problème, il est appelé à collaborer avec les deux.
Ensuite, il est chargé de dossiers de faillite purs et simples, ou de fraudes. Comme avec Norbourg. Il gère alors une liquidation.
Enfin, il y a également les restructurations en vertu de différentes lois où la débitrice, la compagnie ou l’avocat viennent le voir parce qu’il ont besoin d’aide.
« Là on travaille avec eux pour développer un plan d’ensemble qui peut prendre toutes sortes de facettes : réduction de la taille d’entreprise, congédiements, etc. », explique l’associé qui comptent parmi ses mandats récents : Earl Jones, Jestgo, ou encore Kitco.
Constamment, il travaille avec les avocats. Pour Kitco, c’est avec Gowlings et Woods. Pour Jestgo, c’était Stikeman Elliott et McCarthy.
« En cas de restructuration, la compagnie qui obtient nos services vont avoir leurs avocats, nous on a les nôtres. Si moi j’ai besoin de représentation, c’est moi qui vais chercher les avocats. Pour les dossiers bancaires : les avocats de la banque sont impliqués. »
C’est simple : il collabore ainsi avec 95% des grands bureaux montréalais et déclare avoir une bonne relation avec les avocats de Montréal.
« La complicité fait une bonne collaboration », dit-il.
Un travail d’équipe essentiel, lorsqu’on attaque un problème, explique-t-il.
« Il faut qu’on soit lié, que l’on soit capable de développer une stratégie et de fonctionner tous ensemble. Dans le cas contraire, c’est la compagnie qui en paie le prix. »
Défis
30 ans qu’il travaille chez RSM Richter, oui. Et pas un regret.
« Je travaille dans un domaine qui offre tout le temps des défis », dit celui qui est également impliqué dans le gestion de la firme au Conseil d’Administration.
« Nous sommes aussi sur le point d’ouvrir un bureau à Toronto, nous travaillons sur les changements de "branding" de la firme. En plus du travail, nous sommes tout le temps en évolution. »
Selon lui, RSM Richter est une firme jeune, habitée par le challenge.
« Tant que j’ai le goût de rentrer le matin, je resterai ici », affirme-t-il.
D’autant plus qu’avec le temps, il a appris à remanier sa façon de travailler, ce qui lui offre plus de liberté, plus d’équilibre qu’auparavant.
« Je me suis mieux équilibré ces dernières années même si, malheureusement, lorsque j’ai commencé j’avais des priorités différentes, confie-t-il. Mais j’ai rattrapé le temps perdu avec les années. Je voyage, je joue au golf, je fais du ski. »
Avant, il travaillait beaucoup du bureau, maintenant il travaille de la maison.
« En me levant, et devant un café, je vais produire beaucoup plus qu’en plusieurs heures au bureau. »
Néanmoins, l’associé ne reste jamais trop longtemps chez lui : conférences, réunions de créanciers, travail avec les banquiers, les avocats. Il ne s’arrête jamais.
Un conseil à un jeune qui voudrait la même carrière que lui ?
« Je lui dirai qu’il faut être capable de travailler sous pression. »