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Comme devenir Une VP-Juridique en entreprise

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Camille Laurin-Desjardins

2021-01-05 15:00:00

Comment est-elle devenue vice-présidente juridique au sein d’une grosse entreprise, elle qui n’avait pas exactement planifié d'être avocate en entreprise?
Me Véronique Théorêt. Photo : LinkedIn
Me Véronique Théorêt. Photo : LinkedIn
Après avoir pratiqué pendant 10 ans chez Fraser Milner Casgrain (aujourd’hui Dentons) en droit immobilier et commercial, Me Véronique Théorêt a fait le saut en entreprise, en 2010, au sein du groupe Montoni, une entreprise de construction et de gestion immobilière.

Dix ans plus tard, elle vient d’être nommée vice-présidente légale, acquisitions et financement. Sa collègue Geneviève Grégoire, également avocate, vient quant à elle d’être nommée vice-présidente légale, développement et construction. Toutes les deux seront maintenant responsables de l’élaboration du plan d’action opérationnel et de la stratégie légale de Montoni.

Droit-inc s’est entretenu avec Me Théorêt à propos de ses nouvelles fonctions, et est aussi revenu sur ses motivations à quitter un grand bureau pour pratiquer en entreprise.

Droit-inc : Vous êtes chez Montoni depuis dix ans... Quelles étaient vos fonctions, au départ?

Véronique Théorêt : Oui, ça fait 10 ans et quelques semaines! Au départ, c'était comme soutien à ce qui était surtout contrats de construction, contrats généraux... Puis, la compagnie a évolué. Auparavant, la compagnie était principalement constructeur et entrepreneur général. Et au fil des années, on a diversifié nos activités, et on est devenu de plus en plus développeur et gestionnaire de propriété, en plus de demeurer constructeur et entrepreneur général.

Donc dans mon ancienne vie, j'avais vraiment une expertise en acquisitions et en financement, donc on a mis à profit cette expertise, et on a continué...

En 2013, je suis devenue directrice, acquisitions et financement, donc on continuait quand même à faire des contrats de construction, mais avec une spécialisation plus clairement identifiée pour les acquisitions et le financement.

Cette nomination doit être une belle réalisation, pour vous?

Oui, tout à fait! Je suis contente. C'est un travail d'équipe, aussi... de mettre en place l'équipe, en ce qui concerne les investissements. Donc on travaille beaucoup avec l'équipe d'investissement, la directrice des finances, les gens qui travaillent sur les chiffres et le ''pro forma'', pour être sûrs que ces acquisitions et ces financements, ou les baux qu'on signe, ç'a de l'allure... Et dans notre équipe acquisitions et financement au niveau légal, on est trois. Donc il y a moi, une conseillère juridique, qui fait plusieurs dossiers, et une adjointe qui travaille avec nous.

On a décidé de structurer un peu plus le département juridique, dans lequel nous sommes sept. Il y a la vice-présidente légale, Franca Riso, on est deux vice-présidentes légales associées, Geneviève Grégoire et moi... pour essayer de soutenir la croissance de l'entreprise. Il y a des besoins importants, on est vraiment très occupé... mais ça permet de développer une expertise et de répondre correctement aux besoins de tous nos clients internes.

Oui, parce qu'en ce moment, il y a un boom immobilier, vous devez être très occupée...

On est chanceux, on touche du bois, dans la situation actuelle, ça va vraiment très bien. Au niveau industriel, c'est très fort, et au niveau résidentiel aussi... On a commencé le développement résidentiel, donc il y a beaucoup de demandes là aussi.

Concrètement, en quoi consiste votre travail?

On dit tout le temps qu'on a un seul client : c'est la compagnie. Pour nous, l'équipe d'acquisition et financement, on travaille avec l'équipe de direction, avec l'équipe de développement, avec l'équipe des finances, et également tout ce qui est gestion des propriétés.

Ça va de la supervision de vérifications diligentes à de la négociation de documents d'acquisition, on a aussi de nombreuses discussions avec les banques, donc la négociation des documents contractuels, au niveau des termes financiers... Il y a de la négociation des baux également, avec nos locataires. On a des partenaires aussi, donc les documents de partenariat, selon la structure...

Qu'est-ce qui a fait que vous avez quitté la pratique privée pour un poste en entreprise, il y a 10 ans?

C'est un concours de circonstances... D'un point de vue géographique, mon bureau était à la Place Ville-Marie, et moi jj’habitais à Laval. J'étais dans mon deuxième congé de maternité, et la conciliation travail-famille était un élément important... Il y avait toute la pression, le développement de la clientèle, les heures facturables... c'était quelque chose qui, de mon côté, avec les deux enfants, était plus difficile.

Je m'étais dit, durant mon deuxième congé de maternité, que j'essaierais de voir s'il y avait quelque chose d'un peu plus proche... Et de bouche à oreille, les gens qui connaissaient l'entreprise ici m'ont mise en contact. Il y avait une avocate à l'époque qui quittait pour aller faire son MBA... Donc j'étais à la bonne place au bon moment, comme on dit!

Ça vous a apporté plus de flexibilité, donc?

Oui... On travaille très fort. Mais on peut quitter souvent à des heures plus régulières, comparativement à la vie des grands bureaux, où, souvent, s'il y a une transaction, on sait quand on rentre, mais on ne sait pas nécessairement quand on sort!

De notre côté, souvent, on sort! Ça arrive fréquemment qu'on continue de travailler plus tard le soir, mais... S'il faut aller chercher les enfants, on va chercher les enfants! C'est normal et c'est compris. Ce qui est recherché, c'est d'arriver au résultat. Il faut que les dossiers sortent, il faut que les ententes sortent, souvent rapidement... Mais ce n'est pas le même genre de pression.

Donc oui, plus de flexibilité… et le fait d'avoir « un seul client », c’est intéressant. Parce que ça permet d'approfondir, on devient des experts dans la compagnie, on sait quels sont les buts, quelle est la vision. Donc ça permet d'aller négocier les ententes en ayant ça en tête... ce qui fait qu'on réussit à aller chercher ce qui est important pour nous.

Quand vous avez commencé vos études en droit, est-ce que c'était une éventualité, pour vous, d'être avocate en entreprise?

En fait, à l'université, non... Je dirais que je me voyais principalement dans un grand bureau. Je penchais vers le droit corporatif. Durant mon stage – à l'époque, c'était Byers Casgrain, qui est devenu Fraser Milner Casgrain, et maintenant, c'est Dentons –, j'ai eu la chance de faire un procès. On faisait une rotation litige et commercial... et j'ai eu la chance de faire un procès avec un associé, et je suis tombée en amour avec le litige! Donc, j'ai fait à peu près un an et demi de litige…

Ce dont je m'étais moins rendue compte à ce moment-là, c'est que ça faisait dix ans que le dossier avait été commencé, et j'arrivais à la fin du dossier, à la partie vraiment le ''fun'' (rires)!

Mais les dix années précédentes, pour ma part à moi, ça cliquait moins. Donc après un an et demi, j'ai transféré en droit corporatif, immobilier, principalement. Et je me suis trouvée à ma place.

On n’en parle pas nécessairement beaucoup, à l'université, d'être avocat en entreprise, n’est-ce pas?

Pas beaucoup. Et ce n’est pas nécessairement valorisé. C'est sûr que c'est le grand bureau qui est mis de l'avant.

Pour de jeunes avocats qui commencent, c'est très intéressant d'être en entreprise, ça permet premièrement de connaître son client, de savoir ce qui est important pour lui, de développer une expertise envers son client. Et en droit immobilier, en droit de la construction, ça touche à plein de choses. Donc on voit plusieurs éléments très concrets.

Par exemple, les vérifications de diligence, on vérifie, on prend connaissance des tests de sol, on travaille avec des arpenteurs, des architectes... c'est sûr que ce n’est pas notre responsabilité de vérifier les plans... Mais au fur et à mesure qu'on les regarde et qu'on comprend de plus en plus ces choses-là, ça amène une diversification de nos activités, ce qui rend aussi les choses très intéressantes.

Oui, on fait du droit, mais il y a l'aspect très concret lié à la construction, à un bâtiment, qui fait que ça permet d'avoir une influence sur la négociation du bail, par exemple, ou du contrat de construction. Cet élément-là est le fun! Versus, quand on est en grand bureau, on se concentre beaucoup sur les documents, mais tout l'aspect plus concret, des fois, c'est un peu moins présent.

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