À 72 heures du vote, direction le Québec!
Ryan Hillier
2015-10-16 15:30:00
Stephen Harper
Depuis le tout début de la campagne, le PCC est demeuré stable dans les sondages, recueillant autour de 30% des intentions de vote des Canadiens, malgré les hauts et les bas de la campagne. Cela démontre que le parti de Stephen Harper a réussi à consolider sa base conservatrice, mais qu’elle peine à aller chercher les électeurs du centre-droit, qui semblent miser de plus en plus sur le Parti libéral du Canada.
Au cours des derniers jours, nous avons appris que le messie électoral australien, Lynton Crosby, qui était venu prêter main forte aux Conservateurs, se serait distancé du PCC. L’un des associés de la firme de stratégie de M. Crosby a gazouillé à cet effet sur Twitter, incitant les internautes à créer le mot-clic #NotInCanada. M. Crosby aide-t-il encore le premier ministre de loin, ou un froid s’est-il installé entre les deux hommes suivant la décision de la garde rapprochée de M. Harper de tenir un rassemblement partisan ce weekend avec les frères Ford en banlieue de Toronto?
Du côté du Québec, les Conservateurs mettent « toute la gomme » afin d’aller chercher les circonscriptions encore prenables dans et à proximité de la région de la Capitale-Nationale, où les idées conservatrices sont encore très bien reçues.
Hier soir, après une visite à Trois-Rivières, M. Harper a fait une présence marquée sur le plateau d’« En Mode Salvail », où il a répondu à des questions somme toute légères, et a même interprété deux chansons, en anglais et en français, tout en jouant du piano. Aujourd’hui, il passe sa journée, entre autres, dans la circonscription de Beauport-Limoilou.
Le « Mystère de Québec » se prolongera-t-il avec l’élection d’un nombre important de députés conservateurs dans la région (en contraste marqué avec le restant de la province?) Il faudra attendre au 19 octobre pour le savoir, mais cet auteur croit que les perspectives d’un tel dénouement sont bonnes.
Justin Trudeau
Justin Trudeau et son parti ont, depuis quelques jours, le vent dans les voiles. Une majorité des sondages donnent le PLC gagnant des élections générales. Bien que l’avance des Libéraux demeure mince, M.Trudeau a demandé hier à l’électorat canadien de lui accorder une majorité de sièges à la Chambre des communes.
M. Trudeau, qui a passé la journée d’hier à parcourir plusieurs circonscriptions montréalaises où ses candidats, dont les avocats Marc Miller et Mélanie Joly, sont aux prises à une forte concurrence de la part de leurs adversaires du NPD, a dû composer avec une crise médiatique qui pourrait bien faire basculer sa campagne à la toute dernière minute.
En effet, le codirecteur de campagne libérale, Dan Gagnier, a envoyé ce lundi une lettre à cinq hauts dirigeants d’un promoteur de projets de pipeline au Canada et aux États-Unis afin de leur suggérer de s’adresser le plus tôt possible aux bonnes personnes d’un nouveau gouvernement afin de ne pas reporter la mise en service de leurs projets.
Il y a évidemment un problème avec le fait qu’un haut placé de la campagne du parti politique qui formera potentiellement le prochain gouvernement prenne l’initiative d’expliquer à une entreprise comment naviguer après le scrutin.
Alors qu’on se serait attendu à ce que Justin Trudeau demande immédiatement à son coprésident de campagne de démissionner, sa réaction initiale a été de défendre le comportement de M. Gagnier comme étant « conforme aux règles éthiques ». Dan Gagnier a finalement démissionné quelques jours plus tard.
Erreur stratégique de la part de l’Équipe Trudeau ? Je crois que oui. Ça ne prend pas grand-chose pour que les questions éthiques, notamment le scandale des commandites, revienne sur le radar des électeurs. Il sera intéressant de voir quel impact aura ce malheureux développement sur les Libéraux (qui menaient jusqu’ici la meilleure campagne, tous partis confondus) au niveau des intentions de vote au courant du weekend, particulièrement au Québec.
Tom Mulcair
Avec leur parti en forte baisse dans les sondages à la fois au Canada (où il a chuté d’environ 7 points depuis le début de la campagne) et au Québec (+/- 8 %), les stratèges du NPD ne peuvent réalistement encore croire que le NPD formera le prochain gouvernement, à seulement 3 jours du vote.
Les néo-démocrates voudront certainement, en priorité, tenter de sauver le plus grand nombre de sièges possible au Québec, là où la vague orange a frappé le plus fort en 2011. Que ce soit en raison de la montée du Parti conservateur (dans la grande région de Québec), ou des gains du Bloc québécois et des Libéraux ailleurs dans la province, le NPD lutte pour sa survie depuis maintenant quelques jours.
Tom Mulcair est lui-même, depuis tout récemment, en danger de perdre son propre siège aux mains de l’avocate libérale Rachel Bendayan. Souvenons-nous qu’avant l’arrivée de M. Mulcair, Outremont était un bastion libéral. Le chef néo-démocrate est néanmoins à Lac-Mégantic aujourd’hui afin de formaliser la promesse de son parti de construire une voie de contournement pour le chemin de fer s’il est élu.
Il est à noter que M. Mulcair est le seul chef de parti à bénéficier de l’appui de la populaire mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy-Laroche. Curieusement, aucun autre chef de parti n’a accepté de la rencontrer, malgré la longueur de la présente campagne.
Gilles Duceppe
Selon les projections du site threehundredeight.com, émises en fonction d’une agrégation de plusieurs sondages et de résultats antérieurs dans les diverses circonscriptions du pays, le chef du Bloc Québécois pourrait, pour une deuxième élection consécutive, être défait dans la circonscription de Laurier-Sainte-Marie par la néo-démocrate Hélène Laverdière.
Bien que ces projections mathématiques ne prennent pas en compte la « prime à l’urne » dont bénéficient les chefs de parti dans leur propre circonscription, elles ne prennent pas non plus en compte le travail de terrain important et apprécié que mène la députée actuelle, Mme Laverdière.
Toutefois, la campagne déterminée que mène la libérale Christine Poirier dans la circonscription pourrait au final bénéficier à M. Duceppe, en raison des votes qu’elle soutirera au NPD. Gageons qu’il faudra attendre une bonne partie de la soirée avant de connaître le vainqueur dans cette circonscription.
Ailleurs au Québec, le Bloc québécois semble maintenant miser sur une nouvelle stratégie, en prédisant publiquement (à travers la voix de leur chef) une victoire libérale minoritaire au scrutin fédéral. Le Bloc, qui est engagé dans plusieurs luttes serrées avec le NPD à travers la province, tente de convaincre l’électorat de voter pour une représentation forte à Ottawa, exclusivement dédiée aux intérêts du Québec, maintenant qu’un vote stratégique en faveur des néo-démocrates n’est plus nécessaire.
Sur ce, je vous souhaite une bonne fin de semaine de réflexion. Je vous reviens lundi, sans faute, avec mes prédictions du résultat du scrutin!