Entrevues

Coup de gueule d’un étudiant en droit aveugle!

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Delphine Jung

2018-10-30 15:00:00

Il est encore très difficile pour les avocats handicapés de se trouver un emploi, et notamment dans les cabinets privés.
Juba Sahrane, qui a perdu la vue à l'âge de 13 ans, a terminé son Barreau en juin 2018 et se cherche depuis un stage
Juba Sahrane, qui a perdu la vue à l'âge de 13 ans, a terminé son Barreau en juin 2018 et se cherche depuis un stage
Juba Sahrane n'hésite pas à le dire. « J'ai malheureusement vécu des situations de discrimination».

Le jeune homme de 24 ans, qui a perdu la vue à l'âge de 13 ans, a terminé son Barreau en juin 2018 et se cherche depuis un stage.

Face aux difficultés qu’il éprouve dans le milieu, et notamment lors du processus d’entrevues, il prône des mesures drastiques.

« Lorsque j'arrive chez eux (en cabinet privé), je sens tout de suite un froid. Je peux même le sentir à la poignée de main. Puis, 95 % du temps, les questions portent sur mon handicap. Lors d'une dernière entrevue, on m'a demandé par exemple, "qu'est-ce qu'un étudiant non-voyant peut m'offrir?"».

Pas déstabilisé le moins du monde, Juba Sahrane a affronté ces questions. En vain. Il ne fera pas son stage dans ce cabinet.

«Le privé ne veut rien savoir de nous», ajoute-t-il, en précisant qu'il y a tout de même «quelques exceptions».

Les seuls dont Juba souligne le travail, c'est Bombardier, avec ses bourses de la Fiducie des dirigeants juridiques pour la diversité. Il a d'ailleurs été récipiendaire de l'une de ces bourses qui lui a permis de travailler un été dans l'entreprise.

«Daniel Desjardins, (vice-président principal, Affaires juridiques, NDLR) est vraiment sincère dans sa démarche, il m'a donné une chance», raconte l'étudiant.

De la figuration

Il souligne que bon nombre de cabinets font de la figuration et envoient leurs représentants aux événements qui soutiennent la cause des handicapés, mais sont beaucoup moins enclins à agir concrètement.

«La bonne foi, je veux bien y croire, mais malheureusement, si on ne les oblige pas, il n'y aura jamais de résultat», croit le jeune homme qui pense qu'il faudrait que les gros cabinets réservent au moins une place pour les personnes en situation de handicap.

D'après Juba, les ministères et les organismes gouvernementaux sont plus susceptibles de les intégrer.

Il faut dire qu'ils sont soumis à la loi sur l’accès à l’égalité en emploi qui prévoit des moyens pour favoriser l’accès au marché du travail pour les personnes handicapées.

Mais qu'en est-il des compétences alors ? «Lorsqu'on sort de l'école du Barreau, nous avons tous les compétences. Je n'ai ni plus ni moins de compétences que tous ceux qui sortent de l'école comme moi», lance-t-il.

Rôle du Barreau

Me Marie-Douce Fugère, elle aussi non-voyante, fait partie de ceux qui ont réussi à trouver un emploi dans le droit
Me Marie-Douce Fugère, elle aussi non-voyante, fait partie de ceux qui ont réussi à trouver un emploi dans le droit
Il déplore d'ailleurs le manque d'implication du Barreau à l'égard de la cause des personnes handicapées. «Il ne fait rien pour nous aider et nous sommes totalement livrés à nous-mêmes alors que nous avons clairement un désavantage en partant», dit-il.

Il souhaiterait que le Barreau les réfère vers des cabinets ou des ministères susceptibles d'accueillir les gens comme lui.

«Si un étudiant ou une étudiante éprouve des difficultés particulières dans sa recherche, l’École réfère celui-ci ou celle-ci à leur consultante en employabilité qui peut alors l’aider dans sa recherche de stage, dans la préparation de son cv, ainsi que dans sa préparation aux entrevues. Ce service est offert sous forme de consultation individuelle et pour quelque motif que ce soit», répond Jean-François Del Torchio, directeur des communications du Barreau.

Me Marie-Douce Fugère, elle aussi non-voyante, fait partie de ceux qui ont réussi à trouver un emploi dans le droit. Après son assermentation en 2012, elle a travaillé à la direction des affaires juridiques et parlementaires de l'Assemblée nationale, à la SAAQ et aujourd'hui, à la CNESST.

Elle raconte ne jamais avoir dû faire face à de la discrimination, mais avoir déjà entendu des histoires du genre.

Aussi, «la plupart des campagnes de sensibilisation ne concernent pas vraiment les personnes handicapées, mais plutôt les femmes, les immigrants, les Autochtones...», ajoute-t-elle.

D'après les chiffres du Barreau, en 2017, 68 % des avocats souffrant de handicap travaillent à leur compte. Mais ce n'est pas forcément révélateur d'un rejet de la part des cabinets d'après Me Fugère.

«Ça peut aussi vouloir dire que le handicap nous amène à vouloir plus de flexibilité, notamment pour gérer les moments plus difficiles», suggère-t-elle.

Elle concède aussi que «la société au complet n'est pas sensibilisée sur le fait que malgré notre situation de handicap, nous avons les capacités de travailler et que ce fait est souvent ignoré».

Juba raconte qu'avec les moyens technologiques actuels, il arrive à travailler comme n'importe quel avocat. «Ce n'est pas parce que j'ai une déficience visuelle, que je ne suis pas capable de plaider devant un juge», ajoute-t-il.

En parlant de juge, l'étudiant attend depuis longtemps qu'un juge handicapé soit nommé...


En 2017, la profession comptait 134 handicapés sur ses 26 512 membres, soit 0,5 %.

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16 commentaires
  1. Avocat
    Avocat
    il y a 6 ans
    Sad but true
    C'est certes dommage, mais l'immense majorité de ce que font les avocats passe par l'utilisation de ce sens qu'est la vision. Lire de la jurisprudence, analyser des pièces, voir les réactions non-verbales des témoins, du juge, etc...

    C'est un peu comme si un aveugle s'insurgeait de ne pas pouvoir devenir pilote. Dommage, oui, mais un peu inévitable.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      True what?
      Vous pensez qu'ils ont fait comment pour faire leur droit et passer le Barreau?

    • Me
      Comment ils ont fait
      Ils ont pu bénéficier de divers services offerts par la faculté où ils ont étudié. À McGill, par exemple, des étudiant(e)s sont rémunérés pour aider les étudiants affectés par une déficience. Ils ont de l'aide pour faire leurs travaux, bénéficient de divers accommodements comme des délais additionnels pour faire leurs examens, quelqu'un peut leur lire les questions, etc. Pas certain qu'ils auront la même aide pendant un procès.

    • Urbain
      Urbain
      il y a 6 ans
      Bonne chance pour le stage
      J'aurais tendance à le croire mais l'ennui c'est justement qu'il ne s'agit que d'une croyance, pas d'une preuve. En tout cas selon les faits qu'il rapporte. Aussi, il semble que le marché des stagiaires soit déjà saturé, ce qui ne doit pas aider.

      Évidemment, un juge doit selon moi être nommé pour sa compétence, pas pour son handicap (ou sa couleur, son sexe, etc.), bien que l'un n'empêche pas l'autre.

    • CFF
      Comment ils ont fait et comment ils feront
      Non seulement ce que vous avez indiqué, mais il est à noter qu'une partie appréciable de la pratique échappe complètement du cadre scolaire, tel qu'indiqué par le commentaire du premier procureur, soit l'appréciation de la crédibilité, le non-verbal en interrogatoire ou en contre-interrogatoire, les "cues" physiques donnés au courant de la plaidoirie par la magistrature (ennuiement, impatience, intérêt sur un point particulier, etc.).

      En plus de tout ça, en pratique privée, il faut se demander pourquoi un employeur prendrait un tel risque, avec une productivité qui, de façon quasi-certaine, sera affectée par la nécessité de ressources particulières supplémentaires et d'adaptations, quand il a le choix de refuser un tel risque et d'y aller avec le choix sécuritaire.

      C'est triste, mais c'est une réalité. Avec égards, surtout en début de pratique, j'ai beau croire que des adaptations existent pour faire lire de façon sonore par un programme ce qui se retrouve en ligne, mais qu'en est-il du surlignement pour la préparation de la plaidoirie de l'avocat senior? Ou dans l'ensemble des dossiers en vices cachés ou immobiliers, comment apprécier les preuves photographiques et leur force probante, autre que par ce qui est décrit par autrui?

      Je compatis, mais en même temps, je ne peux en vouloir aux employeurs qui ont refusé ce jeune avocat en devenir, il devrait plutôt viser un travail au gouvernement qui pourrait être adapté à sa situation particulière.

    • YL
      d'accord
      C'est bête mais je suis d'accord ... sans vision, c'est très très difficile de pratiquer le droit sérieusement ...

    • Hessas
      Hessas
      il y a 6 ans
      non thing
      Bonjour, Avocat,

      Je viens de lire votre commentaire que je trouve tout simplement hargneux, et c'est dommage!!! nous avons affaire tous les jours avec certaines personnes qui voient, et que les personnes non voyantes n'ont rien à leur envier. De plus, vous avez répondu méchamment à M. Juba, une personne qui ira sûrement loin dans son parcours, c'est juste une question de temps, et sachez que nul n'est à l'abri d'un handicap, M. avocat, vous qui exercez dans un domaine de droit et de justice soit disant, vous devez donner des points positifs et non offensants. Pourtant, M. Juba a réussi son baccalauréat en droit contrairement à certains qui ont leurs yeux. Certains ont leur yeux et lisent à l'envers leurs jurisprudences!!!!

    • samia
      samia
      il y a 6 ans
      non thing
      Quel monde pourri dans lequel nous vivons,

      IL ya des avocats malheureusement qui ont leurs yeux et qui n'ont rien dans leur petite jugeote, tout simplement, par contre, ce jeune homme que vous discriminez gratuitement a beaucoup à donner que certains d'entre vous, la preuve personne n'a plus confiance en droit et la justice de nos jours, car certains avocats exercent le tordu et non le droit!!!!! un jour, je suis sûre et certaine, que vous le solliciterez pour travailler chez vous!!!

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a 6 ans
    Souffrirait-on d'une vision en tunnel dans la profession?
    Mais le témoignage de Me Marie-Douce Fugère semble contredire la plupart des arguments avancés dans les commentaires précédents. Par ailleurs, s'il est vrai que le langage non-verbal est important, soulignons que l'interprétation de ce que l'on croit percevoir chez l'autre, reste très ethnocentrique: ce qui serait traduit comme de la gêne dans une culture particulière, ne l'est pas dans une autre. Pour les personnes qui ont une oreille très exercée et qui prêtent attention à des détails qui peuvent paraître anodins à d'autres, ne pas voir son interlocuteur ne change pas grand-chose puisque ces fameux indices non-verbaux peuvent être véhiculés dans la voix. Essayez de deviner ce que pense un juge ou un témoin impassible, imperturbable avec un superbe "poker face", juste en vous appuyant sur le visuel!

    Bref! Est-ce que c'est, par exemple, dans TOUS les domaines de droit que l'on apprécie des preuves visuelles, et ce, 24/7?

    Quant au fait de comparer le métier d'avocat avec celui de pilote, pourrait-on un peu se calmer avec l'hyperbole?

  3. Juba Sahrane
    Juba Sahrane
    il y a 6 ans
    Réponse aux interrogations des uns et des autres.
    "Je viens de lire les commentaires des uns et des autres par rapport à
    cet article. Je suis outré de voir la cruauté dont font preuve
    certains d’entre vous. En plus d’être ignorents, ils sont agressifs et
    méchants. Un peu d’humanité et de respect! Que vous ne connaissiez pas
    comment nous fonctionnons, c’est une chose, mais que vous vous
    permettez de juger et de tirer des conclusions hâtives sans rien
    connaitre du sujet, je trouve cela bas et indigne de supposés «
    officiers de justice ». En général, j’ai une règle simple : je ne
    débats pas avec les ignorents qui ne veulent rien savoir. Cependant,
    vu l’ampleur du sujet, j’ai jugé utile de répondre à ceux qui parlent
    à travers leur chapeau de quelque chose qu’ils ne connaissent pas.

    Premièrement, pour les plaidoiries, les interrogatoires et les
    contrinterrogatoires, je vous réfère à un article publié le 20 février
    2018 par le Barreau sur Me Harry Pierre-Étienne, procureur de la
    couronne ayant plaidé en Cour suprême en 2009. J’espère que vous aurez
    la chance ne serait-ce qu’une fois dans votre vie d’aller plaider au
    plus haut tribunal du pays. Pour le soulignement des passages par
    l’avocat pour que son stagiaire puisse en prendre conscience, en
    effet, un stagiaire non voyant ne peut pas voir la phrase soulignée
    sur papier. Néanmoins, je fais confiance à l’intelligence humaine ! Le
    maitre de stage et le stagiaire, il me semble, sont assez intelligents
    pour trouver une méthode pour remplacer le soulignement ! N’est-ce pas
    ? De toute façon, le droit, ce n’est pas uniquement de la plaidoirie !
    Combien d’avocats plaident ? Pas beaucoup ! Il y a tellement d’autres
    domaines et pratiques que l’on peut faire qu’il est ironique de voir à
    quel point certains d’entre vous insistent sur un point qui n’est même
    pas fondé.

    Concernant les études, j’ai fait mon baccalauréat et mon Barreau en
    respectivement 3 ans et 8 mois. Je n’ai jamais eu le moindre support.
    Aujourd’hui, on travaille avec l’ordinateur. On a des outils
    technologiques qui nous permettent d’avoir accès à tout. Je travaille
    de façon sonore et tachtile. Notre cerveau, je vous le rappelle, est
    doté d’une plasticité qui fait que, lorsqu’un sens ne fonctionne plus,
    l’ère dans notre cerveau réservée à ce sens se rétrécit et laisse
    place au développement des autres sens. C’est pour cela que nos autres
    sens sont plus développés que les vôtres ! Les autres sens sont tout
    aussi importants que les yeux. La différence entre moi et ceux qui
    réfléchissent comme cela, c’est que j’exploite des talents que vous ne
    pourrez jamais utiliser. Je fonctionne comme cela depuis 11 ans, et
    j’ai toujours été tout aussi performants que les autres étudiants,
    voire plus. Vous pourrez toujours questionner les étudiants ayant
    étudié avec moi à l’université et au Barreau, et vous comprendrez que
    je n’ai absolument aucune difficulté à performer.

    Pour la nomination de juges, encore une fois, avant de parler, il faut
    se renseigner. En 2010, on a voulu réformé le processus de nomination
    des juges. Le but de ces travaux visait à ce qu’il y ait plus de
    diversité au sein des juges au Québec afin de représenter la diversité
    culturelle caractérisant la société québécoise. Je vous rappellerai
    qu’un système de justice ne vaut rien s’il n’est pas légitime. La
    légitimité s’acquière entre autres si ceux qui tranchent des litiges
    sont nommés de sorte à ce qu’il y ait une certaine représentativité de
    la population. L’histoire démontre cela. En 2010, le Barreau avait
    soumis un mémoire à la commission parlementaire de l’Assemblée
    nationale. Les chiffres étaient frappants : en 1989, il n’y avait
    aucun juge handicapé et, en 2007, ce chiffre n’a pas changé. On
    pouvait cependant voir que, pour toutes les autres minorités visibles,
    le nombre de juges issus de celles-ci avait augmenté entre les 2
    dates. Voilà pourquoi j’ai parlé de cela.

    Enfin, il est triste de voir que les gens sont bornés. Vous pensez que
    vous êtes invulnérables, protégés de tout accident ou de maladie qui
    pourrait vous amener à perdre la vision ou autre. Si vous ne
    connaissez pas, ce n’est pas grave. Il faut juste s’informer et
    s’ouvrir l’esprit. Cependant, juger sans connaitre, cela est grave et
    dangeureux. Je n’ai besoin ni de la pitié ni de la compassion de qui
    que ce soit. Si vous voulez rester fermés, vous êtes libres de le
    faire. Cependant, avoir un handicap, personne n’est à l’abri de cela.
    Il ne s’agit pas de race ou de sexe (caractéristiques immuables); il
    suffit d’un accident de voiture, un petit diabète et by by les yeux,
    un membre ou autre. C’est pour cela que je veux que vous vous ouvriez
    à la diversité."

  4. Anonyme
    Anonyme
    il y a 6 ans
    Bons points
    J'espère que ce commentaire de Monsieur Sahrane en fera réfléchir plusieurs.

  5. Pirlouit
    Pirlouit
    il y a 6 ans
    N'exagérons pas
    J’ai lu les commentaires et le sujet fait certes réagir mais personne ne vous a insulté personnellement. De plus, je ne vois absolument pas en quoi les propos seraient « cruels », « agressifs » ou « méchants. Ils ont le mérite de ne pas être hypocrites au-moins. Attendez de vous frotter à certains avocats ou avocates en pratique privée!

    Mais il faut nous donner l’heure juste aussi. Un aveugle est-il vraiment aussi efficace qu'un avocat ordinaire ou pas ? Si c’est le cas, on peut parler de légers préjugés qui se soignent (ça semble quand même raisonnable de penser que ça peut avoir un impact). Si ce n'est pas le cas soyons francs et on pourrait accepter qu'il y ait des incitatifs pour le privé pour compenser un léger handicap. La race ou le sexe ne devrait avoir aucune incidence de facto pour être avocat mais un handicap, oui, ça semble être acceptable.
    La pitié c’est généralement justement ce que l’on obtient avec la discrimination dite positive. Ne préférez-vous pas devenir un juge handicapé parce que vous le méritez plutôt que simplement parce que vous êtes handicapé?

    Libre à vous de croire que la discrimination dite positive est "légitime" plutôt qu'une simple illusion satisfaisant la rectitude toxique ambiante. Quant à moi je suis exactement de l'avis contraire, sauf dans des cas exceptionnel et temporaire. Qu'un juge handicapé soit nommé pour ses compétences, aucun problème avec ça. Qu'il soit nommé pour être l’handicapé de service par contre, je ne vois pas l’intérêt.

    Peut-être qu'il y a moins d'avocats handicapés dans la profession que dans la population ? Peut-être que ça s'explique par les préjugés d’une autre époque ? Peut-être que la situation va changer graduellement sans besoin de coup de baguette magique ? S’il y a 55 000 martiens bleus qui débarquent au Québec cette année, vous pensez qu’il faudrait en nommer un juge subito presto pour que ça soit représentatif et légitime ? On va peut-être leur donner le temps de s’installer, de s’intégrer, d’acquérir les compétences. Il y a un côté temporel à la représentativité, ce n’est pas un processus instantané.

    Personne ne se croit invincible et personne n’aimerait être à votre place. Là n'est pas la question. Oui il est possible qu'on n'ait pas toute l'information mais de là à dire que les gens sont fermés d'esprit parce qu'ils ne pensent pas exactement comme vous, c'est un peu rapide comme jugement.

    Une chose est sûr par contre, ce n’est pas insultant les autres et en les traitants de bornés ou autres que vous réussirez à les convaincre.

  6. Me André Traversy
    Me André Traversy
    il y a 6 ans
    Plus que ça change et plus que c'est pareil!
    Il me désole de constater que le débat au niveau de la diversité au sein de la communauté juridique n'a pratiquement pas évolué en 100 ans. En effet au début du siècle précédent, des imminents juristes considéraient que les femmes ne répondaient pas à la définition de personne et par le fait même, leur refusaient l'accès à la profession d'avocat.

    Maintenant en 2018, nous semblons ressortir les mêmes arguments dénoués de sens à l'encontre des personnes handicapées. Pourtant avec du recule, est-ce qu'un professionnel digne de ce nom. oserait affirmer que les femmes n'ont pas leur place au sein de notre profession qui me passionne?

    Je comprend que la différence peut faire peur. Par contre, est-ce qu'un avocat avec ou sans handicap, sont-ils si différents? Après tout, chacun d'eux ont été évalués avec les mêmes critères d'évaluation, ce qui ne signifie pas plus ou moins d'évaluations pour ces différentes personnes. De plus, si je compare mes diplômes obtenus ou le tableau de l'ordre, il n'y a aucune différence avec ceux qui n'ont pas d'handicap.

    Il est vrai que le marché du travail est différent que celui des études. Afin de rassurer ceux d'entres vous qui ont des craintes au niveau de la qualité du service offert à la clientèle et au public en général. Lorsque je lis la liste des avocats qui sont radiés de façon temporaire ou définitive, il me semble qu'ils ne peuvent pas tous avoir un handicap visuel. Compte tenu de notre nombre limité.

    Personnellement, je suis d'avis qu'une discrimination est toujours positive pour une personne et négative pour une autre, et ce, peu importe la façon qu'elle est faite.Alors pour éviter toutes les formes de discrimination, ce que nous demandons ce n'est pas de la pitié, de la sympathie ou bien de la compassion. C'est plutôt de la considération. Je vais résumer ceci par un exemple bien simple: Vous participez à un tirage. On vous demande d'inscrire votre nom sur un bout de papier comme tous les autres participants. Ensuite tous les bouts de papiers sont mis dans un chapeau, sauf le vôtre. Bien sûr, votre nom n'est pas tiré. Vous contestez et on vous répond que c'est pas tous les participants qui pouvaient gagner. J'ose croire que vous allez souligner le fait que votre nom n'a pas été mis dans le chapeau, et ce, volontairement. Finalement, on vous réplique qu'en plus du fait que ce n'est pas tout le monde qui pouvait gagner, vous avez eu la même chance que les autres puisque vous avez pu inscrire votre nom sur un bout de papier. Je vous laisse réfléchir à cela.

    En terminant, pour ceux qui croient en leur opinion, je vous invite à indiquer votre vrai nom, au lieu de pseudonyme. Déjà cela ajoutera un peu plus de crédibilité. Après tout, tout bon juriste doit apposer sa signature à l'opinion qu'il défend.

    P.S.: Pour ceux que ça intéresse je vais publier dans un autre message mon expérience, afin de vous démontrer qu'un handicap visuel n'empêche pas de fonctionner et de réaliser des choses dans la vie.

    • samia
      samia
      il y a 6 ans
      nonthing
      Madame Traversy,

      Merci pour votre commentaire, moi même je trouve hargneux et honteux que ceux qui représentent soit disant la justice et le droit se cachent comme des tortues, d'ailleurs, c'est ce qui poussent les gens à ne plus avoir confiance en systèmes judiciaires de nos jours, de plus, on doit savoir que certains avocats avec leurs yeux lisent tout simplement à l'envers le DROT!!!!! Tous mes respects, Mme Traversy.

  7. Me André Traversy
    Me André Traversy
    il y a 6 ans
    Les handicapés visuels ne viennent pas d'une autre planète
    Comme je vous l'ai annoncé précédemment, je vais vous faire un bref résumé de mes réalisations ou occupations que j'ai malgré mon handicap visuel. En espérant, que cela pourra briser certains préjugés.

    Outre ma formation juridique, comme membre du Barreau du Québec. J'ai suivi une formation comptable aux niveaux collégial et universitaire. J'étudie présentement à la maîtrise en fiscalité, tout en travaillant à temps plein.

    Je suis membre du Barreau depuis 2011. Dans le cadre de mon travail actuel, je traite régulièrement avec des professionnels comptables et juridiques, dont les plus grands avocats fiscalistes. Je ne crois pas que mon handicap joue un rôle dans mes relations d'affaire avec des professionnels, puisque nous défendons de notre mieux les intérêts de la partie que nous représentons.

    Je forme, aide et conseille des collègues. Je fais des présentations devant des groupes. Je traite autant sinon plus de dossiers complexes que mes collègues qui n'ont pas d'handicap. Mes résultats sont aussi supérieurs à la moyenne.

    J'ai aussi été à mon compte, comme avocat. J'ai plaidé à la cour et aucun de mes clients ne s'est plaint ou fait des remarques comme celles que j'ai lu aujourd'hui. J'ajouterai aussi qu'une des personnes que j'ai représenté a été blanchi au criminel et maintenant elle a une carrière prospère à l'international. Je ne crois pas que ce soit une faveur que l'on m'a fait en raison de mon handicap.

    D'un autre point de vue, je participe à l'entretien de la maison ainsi que les rénovations. Je fais de même au niveau de la voiture. Je veille à répondre au besoins de ma famille.

    Je m'implique activement à titre de bénévoles dans différentes associations sportives. J'ai complété plusieurs demi-marathons.

    Ceci est un aperçu de ce que je peux faire et je ne suis pas le seul avec un handicap qui en fait autant. Il suffit d'avoir l'opportunité de le démontrer.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      CQFD
      En espérant que ça clouera le bec à ces membres de la profession qui essaient de rationnaliser leur égocentrisme et ignorance de certaines choses. Quand on ne sait pas, on se tait, on n'est pas obligé de donner son avis surtout si c'est pour faire étalage de son étroitesse d'esprit.

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