DRH, professionnel clé du cabinet ?

Agnès Rossignol
2014-10-09 15:00:00
Dans ce contexte, les cabinets se dotent de professionnels spécialisés dont la mission est d’assurer le recrutement, le développement des compétences et la rétention du personnel.
Sophie Racine s’est jointe au cabinet Langlois Kronström Desjardins (LKD) comme directrice des ressources humaines (DRH) à Montréal le 2 septembre dernier. Dotée d’une expérience de 14 ans en ressources humaines (RH), elle nous parle de son mandat.
Droit-inc : Pourquoi avoir choisi de rejoindre un cabinet d’avocats ?
Sophie Racine : On m'a approché pour travailler chez LKD. J’ai d’abord été conseillère en RH chez Olymel pendant près de cinq ans puis DRH chez Raymond Chabot Grant Thornton pendant huit ans et demi. Le passage d'un cabinet comptable à un cabinet d'avocats est naturel, je me retrouve dans le même environnement professionnel.
Le cabinet m'offrait une culture axée sur les gens. J'ai aimé l'ouverture de la direction face aux RH. Le monde des affaires est en perpétuel changement et LKD regarde en avant et veut continuer à développer ses ressources humaines. J'ai senti que j'allais être partie prenante de la stratégie de développement du cabinet et j’y ai rencontré des gens vrais et j'ai craqué. J'ai discuté de façon franche avec Me Jean-François Gagnon, l’associé-directeur du cabinet, qui m'a aidé dans ma prise de décision. Depuis, je n'ai que de belles surprises.
Quel est votre mandat ?

J'ai un profil de généraliste et j'ai mis en place de nouveaux programmes, politiques et processus que je vais compléter chez LKD. Notre réussite repose sur un personnel qualifié et heureux ; je travaille pour cela avec les deux conseillers en RH, l'un à Montréal et l'autre à Québec. Avec tous les défis qui nous attendent, l'équipe va certainement s'agrandir.
Quelle est votre implication dans le choix des avocats ?
Le recrutement est une infime partie de notre travail. Nous procédons par voie d'affichage sur le site Internet du cabinet ou Droit-inc. Les conseillers reçoivent les CV et effectuent le premier tri. Nous faisons appel à des agences de recrutement lorsque le poste concerné est rare ou s'il est difficile de recruter. Elles font alors ce travail de sélection pour nous.
Plus le poste à combler est stratégique, plus je suis impliquée dans le processus. Je collecte l'information auprès de l'avocat avec lequel va travailler le candidat. J'interviens plutôt pour définir quels sont les besoins. La première entrevue se passe avec une personne des RH et un avocat. La deuxième est menée par deux autres avocats du groupe concerné. Je présente ensuite aux associés deux ou trois candidats et j'émets des recommandations, mais je ne prends pas la décision finale.
Quel est l'intérêt d'avoir un DRH dans un cabinet d'avocat ?
Nous participons à la culture du cabinet, répondons aux besoins des personnes, et les accompagnons dans leur carrière. Le taux de roulement est bas chez LKD, la mobilisation est assez exceptionnelle. Mon rôle est plus axé sur la rétention. Le défi est d'arriver à garder les avocats heureux et de leur donner le développement de carrière qu'ils attendent. Ce sont des carriéristes, ils veulent des défis, il faut donc les amener là où ils souhaitent.
Il y a bien sûr des enjeux de générations. Les « baby-boomers » et les jeunes de la « génération Y » doivent tenter de se comprendre mutuellement et d'accepter leur réalité. Nous avons à jouer un rôle important par la mise en oeuvre de nouveaux programmes et politiques pour faire en sorte que le mariage entre les générations se fasse bien.
Quelle est votre approche des RH ?
J'en ai deux. Il faut être à la fois un expert-conseil et un partenaire d'affaires, deux rôles différents dont l'un ne va pas sans l'autre. Le partenaire d'affaires connaît bien ses clients, les avocats, leurs enjeux et défis. Tandis que l'expert-conseil connaît les lois et les pratiques. Il doit être présent pour accompagner la mise en place des programmes et des processus qui vont aider les avocats à faire face à leurs enjeux et défis, leur permettant alors d'atteindre les objectifs organisationnels.
Quelles sont les qualités pour être un bon DRH en cabinet ?
Il est essentiel de bien connaître et comprendre l'activité et la réalité des personnes que l'on accompagne. Se coller sur les défis et les priorités du cabinet lorsque l'on met en place un programme, cela permet d’avoir une valeur ajoutée.