« J’ai toujours voulu écrire »
Theodora Navarro
2016-12-09 14:30:00
« J’ai trouvé ça moins difficile que ce à quoi je m’attendais », se souvient-elle. Tout en précisant que c’est « l’abandon, qui est difficile à trouver. » L’angoisse de la page blanche, elle l’a connue, mais sa force de caractère et son métier d’origine ont vite repris le dessus. « Comme tous les avocats je suis une travailleuse acharnée, je me force à continuer. Il y a des pages qui ont été difficiles à écrire qui sont parmi les meilleures, et d’autres où je me trouvais très inspirées… que j’ai finalement jetées! »
Habitante de Saint-Henri
Les personnages prennent vie sous sa plume, sans qu’elle ait prévu leur destinée. « C’est comme s’ils avaient pris forme par eux-mêmes, il se sont mis à exister…, se souvient-elle. C’était intuitif du début à la fin. »
Le lecteur suit alors un morceau de la vie de Louis, et de son ami Michel, en plein coeur du quartier de Saint-Henri. Un choix de lieu qui n’est pas anodin. Line Deslandes a une vision de Saint-Henri qu’elle dit « romantique ». « J’habite à Saint Henri, j’aimais St Henri en 1995. C’est un quartier mixte. J’aime ça, cette réalité concrète. On est comme plus dans la vraie vie... »
Montréal elle-même s’est imposée. Car si l’écriture a duré deux ans et s’est déroulé majoritairement à Washington, c’est bien la Belle Province qui forme le corps géographique du roman. « Montréal est la ville avec laquelle j’ai le plus de liens, sourit-elle. Et puis j’étais loin, elle me faisait rêver… »
Concilier l’écriture et la pratique
Si elle dit avoir toujours eu une passion pour l’écriture - elle suivait déjà des ateliers alors qu’elle était en poste à Paris en 2011-2012 - Me Line Deslandes ne pensait pas publier Le Monde des autres. « À la fin je me suis attachée aux personnages, je me suis attachée à Louis et Michel. J’allais le mettre dans mon tiroir et je me suis dit que j’avais envie de voir si d’autres personnes s’y attachaient aussi... »
Un processus qu’elle a également trouvé difficile. « À la fois je trouve que c’est beau, c’est le fun, c’est un héritage pour mes enfants mais c’est aussi insécurisant d’être lue par les gens autour de soi. C’est quelque chose qu’on dirait qu’on ne peut pas arrêter... »
De nombreux avocats ont du goût pour l’écriture, la rédaction… Peut-on pour autant être écrivain et avocat à la fois? Pour Me Deslandes, qui pratique en droit corporatif et en droit des valeurs mobilières, les deux ne sont pas dissociables. « J’aimerais faire les deux. J’aime beaucoup la pratique du droit et je voudrais concilier les deux. »
En attendant de retourner au Québec, l’auteure s’est attelée à un second roman. Encore aux prémices de l’histoire, Me Deslandes ne connaît pas encore les personnages. Elle attend qu’ils s’invitent, qu’ils s’immiscent. Son goût du travail fera le reste.