L’avocate amoureuse des grands espaces
Delphine Jung
2019-02-05 14:30:00
Pas étonnant qu’une Québécoise qui a grandi à Kuujjuaq se sente oppressée en ville. Trop de monde, trop de bruit et surtout, pas assez de nature. Pas question donc de rester vivre à Montréal!
Il faut dire que la folie des grands espaces l'anime depuis sa plus tendre enfance.
Alors qu’elle n’a que cinq ans, ses parents déménagent et s’installent à Kuujjuaq. Elle prend goût à cette nature omniprésente qui l’entoure et grandit au milieu de la communauté inuit. À l’école, elle apprend même l’inuktitut.
Direction Yukon!
À peine diplômée de McGill, elle est donc repartie dans le Grand Nord, d'abord à Kuujjuaq et aujourd’hui, elle poursuit sa carrière à Whitehorse, au Yukon, au cabinet Lamarche & Lang.
Elle confie qu’arriver à Montréal, au collège Jean-de-Brébeuf, n’a pas été facile. « C’était un gros choc. Mais comme je jouais au hockey, j’ai tout de même réussi à m’intégrer et à me faire des amis », raconte-t-elle.
Après avoir obtenu son Barreau en 1996, elle fait son stage à l’administration régionale Kativik, à Kuujuaq et y obtient un poste. « La cause des Inuits me touche beaucoup. À l’époque, il y avait de gros besoins pour de l’information juridique et il y avait peu de ressources dans ce sens », dit-elle.
Après 8 ans de loyaux services, elle obtient une opportunité au Yukon pour travailler chez Davis devenu DLA Piper. Cela ne doit durer que deux ans…
Mais ce qui l’a retient aussi en Yukon, c’est l’homme qui partage sa vie et qu’elle a rencontré là-bas, tout comme sa pratique.
Finalement, Me Barrett s’y plaît.
« J’aime la pratique dans ces coins reculés. Au Yukon, je fais un peu plus de tâches qui sont normalement réservées aux notaires au Québec. J’aime beaucoup mon travail. Il y a beaucoup de développement au Yukon, notamment avec les mines et le tourisme. En région éloignée, on a une pratique très généraliste. On a des expériences qu’on n’aurait pas dans des grandes villes comme Montréal ou en gros cabinet. Ici, on se connaît tous, la relation entre clients et avocats est très forte », assure-t-elle.
Et surtout, l’environnement…
« J’aime pouvoir sortir de la ville et en cinq minutes, être sur une piste de ski de fond. La nature est vraiment belle ici et le froid ne me dérange pas trop. Il fait d’ailleurs moins froid à Whitehorse qu’à Kuujjuaq », raconte-t-elle.
Depuis qu’elle est à Whitehorse, l’avocate est aussi tombée en amour avec les chevaux et s’offre de temps en temps quelques belles sorties en montagne sur leur dos.
L’acclimatation ne semble donc pas si difficile que ça pour l’avocate qui a toutefois dû s’habituer à la présence de grizzlis dans ce coin du Canada. Elle a donc appris à réagir au mieux pour éviter qu’une confrontation tourne mal.
Seul bémol, l’éloignement avec sa famille, Il faut dire que retourner à Kuujjuaq lui prend deux jours ! « Je fais Whitehorse-Vancouver, puis Vancouver-Montréal et enfin Montréal-Kuujjuaq », détaille-t-elle.
Mais elle essaye toutefois de s’y rendre deux fois dans l’année.
Me Barrett n’est en tout cas pas prête de quitter Whitehorse. « Les locaux disent que je ne dois pas trop dire que c’est super de vivre ici, sinon il y aura bientôt trop de monde au Yukon!», conclut-elle en riant.