L’avocate spécialisée en enlèvements d’enfants
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Julien Vailles
2016-10-06 14:30:00

Droit-inc : D'abord, vous attendiez-vous à cette distinction?
Me Caroline Harnois : Ce n'est jamais réellement une surprise. Pour être nommée, il faut que notre candidature soit recommandée par deux avocats qui sont déjà Fellows, et avec lesquels on ne travaille pas. Les critères d'admission sont au moins dix d'expérience, dont une bonne portion ayant un caractère international, et la reconnaissance par ses pairs, comme les avocats et les juges.
Et quels accomplissements vous ont valu ce titre?
En début de pratique, j'ai travaillé cinq ans à la Conférence de La Haye, particulièrement dans le cadre de la Convention sur les aspects civils de l’enlèvement d’enfants. Et depuis mon retour, je continue sur cette lancée.
Quels sont vos mandats? De quoi sont faites vos journées?
J'ai deux grands intérêts : le droit de la famille et le droit international. Je me spécialise plus particulièrement en matière de droit international privé de la famille et dans les dossiers d'enlèvements d'enfants. C'est une pratique non conventionnelle pour un grand bureau! Mais on m'y laisse beaucoup de latitude pour développer cette pratique. Dans la vie de tous les jours, j'ai donc des dossiers plus « traditionnels » en droit de la famille, comme des litiges familiaux généraux incluant des divorces, et d'autres moins traditionnels, comme ceux concernant des enlèvements.
Parlez-moi plus précisément de ce que vous faites en matière d'enlèvements d'enfants.
Je me concentre sur les aspects civils des enlèvements, et non sur les aspects criminels. Je représente souvent le parent duquel les enfants ont été enlevés, et qui vit à l'extérieur du Québec, lorsque les enfants sont amenés ici. Quand deux pays sont partis à la Convention de La Haye, par exemple, on peut présenter une demande de retour au pays par l’intermédiaire d’une demande administrative auprès des Autorités centrales puis de la Cour supérieure. C'est plus pratique et moins draconien ainsi! Malgré tout, ce sont des dossiers intenses, rapides! Par ailleurs, le fait d'être à présent Fellow me permettra de jouir d'une crédibilité instantanée lorsque je traiterai avec des avocats venant d'autres pays, ce qui sera très pratique dans ce genre de dossiers.
Quel est, selon vous, le plus grand enjeu en droit de la famille en ce moment?
Évidemment, c'est la problématique concernant les conjoints de fait. Il y a eu beaucoup de réflexions depuis l'affaire Lola et le rapport d'Alain Roy qui date d'il y a déjà un an. Il faut faire quelque chose dans ce domaine : c'est un enjeu de société pressant.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours académique et votre carrière?
J'ai étudié le droit à l'Université de Montréal. J'ai eu l'occasion d'aller à La Haye en tout début de carrière. J'ai en fait pu y aller parce que je devais remplacer une avocate qui était en congé de maternité. Puis, j'ai obtenu un contrat temporaire d'une durée de quatre à six mois, et le temporaire est devenu permanent : j'y suis restée cinq ans! Par la suite, j'ai vu que Lavery recherchait quelqu'un avec mon profil. J'y suis avocate depuis et associée depuis 2014.