Entrevues

Spécialiste ès drogues

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Hélène Roulot-ganzman

2019-09-18 14:45:00

Après une vie consacrée à la lutte contre la drogue et le crime organisé, cette enquêteuse conseille maintenant les avocats pour qu’ils préparent mieux leurs dossiers...
 Suzanne de Larochellière prend sa retraite de policière en avril 2018. Photo : Photo de courtoisie.
Suzanne de Larochellière prend sa retraite de policière en avril 2018. Photo : Photo de courtoisie.
Quand Suzanne de Larochellière prend sa retraite de policière en avril 2018, on est à la veille de la légalisation du cannabis récréatif par le gouvernement fédéral.

Durant ses derniers mois de service, elle travaille donc à mettre en place les futures procédures d’intervention, notamment en cas de conduite avec les facultés affaiblies ou de production illicite de cannabis. Quand elle raccroche, elle est donc considérée comme l’une des grandes spécialistes ès drogues. C’est forte de cette expertise que six mois plus tard, elle entre chez Sirco, une entreprise d’investigation indépendante, qui propose des services d’enquête, de protection et de prévention.

« Je savais que je voulais continuer à enseigner, à faire de la prévention auprès des jeunes et à mener des d’enquêtes, confie-t-elle. Je suis ici à la bonne place! »

Suzanne de Larochellière chapeaute aujourd’hui tout ce qui a rapport à la drogue chez Sirco, et cela n’a rien d’un hasard. Elle se plaît en effet à raconter qu’adolescente, son père policier lui demandait d’assister à des présentations sur les effets de la drogue et lui en faisait faire des résumés.

« Sous-prétexte qu’il les faisait lire à ses équipes, ironise-t-elle. En réalité, il voulait être absolument certain que je n’y toucherai jamais, car de par son métier, il connaissait les dégâts que cela cause. »

Et ça a fonctionné. Entre cette prise de conscience paternelle et son expérience de jeune fille voyant certains de ses amis sombrer à cause de la drogue, elle suit la voie de son père et devient elle-même policière, d’abord dans des suretés municipales, puis à la Sureté du Québec (SQ) pendant près de trente ans.

« Dès que je suis entrée à l’école de police, mon but était de faire de l’infiltration pour lutter contre la drogue », commente-t-elle.

Chez Sirco, la jeune retraitée de la SQ prend ainsi en charge le volet formation et prévention en entreprise, notamment pour tout le volet alcool, drogues et médicaments au travail. Elle met en place des formations qu’elle présente dans les entreprises, les municipalités et autres organisation gouvernementales ou paragouvernementales. Il s’agit d’expliquer quels sont les différents types d’intervention possibles lorsqu’une personne est intoxiquée au travail. Ce que les superviseurs ont le droit de faire. Quelles sont les limites de leurs droits.

Travailler avec les avocats

Depuis l’entrée en vigueur de la loi sur la légalisation du cannabis, certains employeurs ressentent en effet le besoin de tenir des séances d’information pour mettre leurs employés en garde. Mme de Larochellière leur explique ainsi les risques de la consommation de drogue, comment ça peut nuire au travail selon le type de poste, le lapse de temps qu’il faut observer entre la consommation et la prise de service, etc.

« Il y a des milieux où la consommation de drogue porte vraiment à conséquences, prévient-elle. Les métiers qui nécessitent de conduire notamment, que ce soit des véhicules à moteur, des chariots élévateurs, etc. Il y aujourd’hui des gens qui perdent leur emploi après un accident parce qu’ils étaient intoxiqués. »

Quand elle n’est pas en formation, Suzanne de Larochellière s’adonne à son autre passion, l’enquête. Elle répond aux demandes d’entreprises qui suspectent par exemple un employé de frauder. Il lui arrive également de travailler pour un avocat ayant besoin d’une preuve pour étayer son dossier. Les ordres professionnels s’adressent notamment régulièrement à elle pour prouver qu’une personne exerce illégalement.

Pour mener à bien ses diverses demandes, l’enquêteuse dispose d’équipes d’infiltration, de filature, d’experts en nouvelles technologies mais aussi de l’assistance de maîtres-chiens, dont l’aide est précieuse lorsqu’il s’agit de s’assurer qu’il n’y a pas de drogues qui circulent là où elles ne le devraient pas. Notamment dans des événements professionnels ou encore impliquant des enfants.

« Depuis la légalisation, il y a une certaine banalisation, estime-t-elle. Les gens croient ou essayent de se convaincre que ce n’est finalement pas plus grave que l’alcool. Ce n’est pas vrai! Je regrette que l’accent n’ait pas été plus mis sur la sensibilisation et la prévention, notamment auprès des jeunes. »

Un déficit d’information que Suzanne de Larochellière s’attèle à combler un petit peu chaque jour via ses fonctions chez Sirco.
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