Le courage de lâcher prise!
Mario Charette
2014-01-10 14:15:00
Avez-vous déjà vu des trapézistes? Le spectacle offert par ces athlètes est un des plus fascinants sous le grand chapiteau. Les trapézistes adroits défient la gravité avec une aisance surprenante. Parfois, on a l’impression qu’ils s’envolent pour attraper le trapèze qui se dirige vers eux.
Avez-vous déjà réfléchi aux difficultés liées à l’apprentissage de cet art? Les trapézistes doivent, évidement, apprendre à attraper le trapèze en mouvement, ce qui demande un sens remarquable de la coordination.
Il leur faut aussi acquérir une autre habileté moins évidente, soit le courage de lâcher prise. En effet, il leur sera impossible d’attraper l’autre trapèze à moins qu’ils ne commencent par lâcher celui qu’ils tiennent déjà.
Le trapéziste a besoin d’une forte confiance en ses capacités pour y parvenir mais doit aussi surmonter l’anxiété naturelle de se trouver dans le vide.
Voilà une métaphore intéressante pour ceux d’entre nous qui vivent une transition professionnelle. On vient de vous donner une belle promotion, par exemple. En soi, c’est une bonne nouvelle mais qui n’est pas dépourvue de son lot d’interrogations et d’incertitudes.
Ainsi, le nouveau poste peut vous demander d’utiliser des capacités que nous n’êtes pas sûr de maîtriser pleinement. Vous n’êtes pas certain de pouvoir faire face aux nouvelles attentes. Vous vous sentez donc soudainement «dans le vide». Vous avez lâché le trapèze précédent, duquel vous pouviez vous balancer en toute sécurité, votre vieux poste que vous connaissiez bien.
Serez-vous maintenant en mesure de saisir l’autre trapèze qu’est ce nouveau poste avec sa part d’inconnu? Pour l’instant, comme un trapéziste, vous flottez dans les airs entre les deux et vous vivez l’angoisse.
Toute transition professionnelle implique donc une période de doute et d’incertitude, tout à fait naturelle, similaire à ce que les trapézistes ressentent. Comme eux, il nous faut faire preuve de courage et surmonter l’angoisse du vide. C’est le prix à payer pour avancer, car autrement nous resterions dans notre vieux poste confortable et, comme le trapéziste qui ne ferait que se balancer, nous n’arriverions nulle part.
Pour progresser, il faut donc avoir le courage de lâcher prise.
Avant d’accepter une promotion, il faut quand même décider si vous devriez attraper ce trapèze plutôt qu’un autre. Voici quelques questions à se poser lorsqu’on vous présente une telle occasion.
1. ''Cette promotion me correspond-elle?'' Nous avons tous entendu parler d’un bon vendeur qu’on a promu gérant des ventes et dont la carrière décline depuis. Il faut donc se demander si vous aurez du succès dans le poste qu’on vous offre, s’il vous correspond bien.
2. ''Suis-je prêt pour de nouvelles responsabilités?'' Notre trapéziste a passé beaucoup de temps à développer ses capacités afin d’être prêt. Lorsqu’on ressent de l’angoisse devant une promotion, il faut faire la différence entre l’angoisse du vide dont on vient de discuter et le signal d’alarme qui ne manquera pas de se faire entendre en vous si vous n’êtes pas encore prêt pour le poste.
3. ''Vous offre-t-on les ressources nécessaires?'' Pour réaliser un nouveau mandat, il faut des ressources. Cela va d’un budget suffisant jusqu’à la disponibilité d’un mentor au besoin. Si vous avez l’impression que vous n’aurez pas le soutien nécessaire, il faut mettre les choses au clair avant d’accepter la promotion.
4. ''Est-ce une vraie promotion?'' Certaines promotions sont en fait des changements de titre alors que les tâches et les responsabilités restent sensiblement les mêmes. Il s’agit plutôt d’un mouvement latéral qu’on nous présente comme une promotion pour flatter notre orgueil. Contrairement à ces fausses promotions, les vraies impliquent toujours un niveau accru de rémunération.
Mario Charette, est consultant en gestion de carrière depuis 18 ans. Il a eu l'occasion d'aider des centaines de jeunes et de moins jeunes à prendre des décisions adéquates et à gérer leur carrière. Il est connu pour sa grande connaissance du marché du travail et des formations. Sa chronique "De bon conseil" , au Journal Métro, porte sur les débouchés de formation et sur l'avenir des emplois. On peut communiquer avec lui sur Twitter à @marioco2 et sur LinkedIn