Le négociateur
Dominique Tardif
2018-05-23 14:15:00
Je suis arrivé en droit un peu par hasard. Après mes études en sciences au Cégep, je ne savais pas trop, en toute honnêteté, vers où me diriger. Ne comptant pas d’avocat dans la famille, je ne connaissais de la profession que ce que j’en voyais dans les films et à la télévision. Cela dit, j’aimais le débat, l’importance de la fonction dans la société, etc. Contrairement à plusieurs de mes amis qui se dirigeaient vers l’ingénierie, j’ai ainsi opté pour le droit et, rapidement j’ai su, en touchant les différentes matières, que j’y étais à ma place.
2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière, qui est encore jeune?
Mon plus grand défi fut de m’adapter à mes différents rôles. J’ai d’abord quitté la pratique privée montréalaise pour travailler à Jersey : c’était un droit nouveau pour moi, basé sur le droit anglais. Ensuite, parti travailler au Cambodge, il m’a fallu apprendre à conseiller les clients sur un droit encore bien incertain et en développement. Chez SNC par la suite, le défi consistait à apprendre les rouages du monde de l’ingénierie et de la construction, que je ne connaissais pas encore. C’est chez Innergex que j’ai fait mes débuts en énergie et en négociation de contrats de vente d’électricité. Je poursuis cela aujourd’hui chez Hydro-Québec, où mon grand défi actuel consiste à prendre part aux négociations du contrat de vente d’électricité avec le Massachusetts, sachant qu’il s’agit d’un dossier d’une importance gigantesque non seulement pour l’entreprise, mais aussi pour la province.
3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?
Si j’avais une baguette magique, j’aimerais voir une plus grande collaboration entre les avocats, et moins de confrontation. Je changerais, en d’autres mots, l’approche. Il y a évidemment beaucoup d’affrontements dans le métier, et chacun se doit de représenter les intérêts de son client. Mais une plus grande collaboration permettrait au système d’être plus efficace et de trouver des ententes satisfaisantes pour les parties, qui ont, elles, à ‘vivre’ avec la solution trouvée pendant une période de temps plus ou moins longue par la suite.
4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique?
Je pense que la perception est assez stable. Évidemment, il y a toujours cette perception à l’effet que les avocats gagnent tous très bien leur vie, ont des taux horaires très élevés, etc., alors que la réalité est parfois tout autre. Il est important de ne pas oublier qu’il existe bien des types d’avocats, et qu’ils ne sont pas tous comme ceux qu’on voit dans la télésérie Suits! Bien des gens qui font d’autres choses, comme ceux de l’aide juridique par exemple, gagneraient à mon avis à être davantage mis en valeur aux yeux du public.
5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière?
Je crois que pour réussir dans la profession, il faut d’abord se connaître soi-même et être ouvert d’esprit, plutôt que d’avoir des idées préconçues.
Des avocats, il y en a partout dans la société, et à tous les niveaux. Qu’il s’agisse de travailler à la Direction de la protection de la jeunesse ou ailleurs, il existe beaucoup d’avenues et bien des champs de pratique différents de la pratique traditionnelle du droit en grand cabinet.
bref, il y a une place pour chacun dans la profession.
Et lorsqu’on trouve sa place dans un domaine qui nous intéresse, je crois que la réussite va généralement de soi. Parce que lorsqu’on aime ce que l’on fait, on plonge dans notre univers, on est enthousiaste (et c’est contagieux!), on s’investit et tout cela nous amène plus loin éventuellement.
- Le dernier bon livre qu’il a lu : Solomon Gursky Was Here (auteur : Mordecai Richler)
- Le dernier bon film qu’il a vu : The Florida Project(réalisateur : Sean S. Baker)
- Sa chanson fétiche : Enjoy The Silence (groupe : Depeche Mode)
- Son péché mignon : Un petit whisky en fin de soirée!
- Son restaurant préféré : Les Cavistes (rue Fleury Ouest à Montréal)
- Le pays qu’il aimerait visiter : l’Iran
- S’il n’était pas avocat, il serait…agent de joueurs – agent sportif! Parce qu’il aime vraiment les sports.
Diplômé en droit de l’Université de Montréal, il s’est joint en 2004 au cabinet Lavery après avoir complété ses examens du Barreau du Québec. Il a ensuite pratiqué au sein du cabinet britannique Mourant Ozannes à Jersey dans les Îles Anglo-Normandes puis à DFDL à Phnom Penh au Cambodge entre 2007 et 2009. En 2010, de retour au pays, Me Leblanc s’est joint à SNC-Lavalin à titre de conseiller juridique avant de joindre l'équipe des affaires juridiques d'Innergex énergie renouvelable en 2015.