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«Se réinventer chaque jour»

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Dominique Tardif

2015-06-17 14:15:00

Cette semaine, Me Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec Me Mario Charpentier, associé directeur du cabinet BCF…
1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir une autre profession?

La vérité est que je ne me dirigeais pas, au départ, vers le droit. Au secondaire et au cégep, j’étais plutôt attiré par la perspective de devenir un homme d’affaires. Ayant une force en mathématiques, je pensais donc aller aux HEC. J’ai quand même appliqué en droit et après avoir été accepté, j’ai décidé de débuter par cette formation, en pensant compléter ensuite avec le MBA. J’étais d’avis que le droit me donnerait une bonne formation pour devenir homme d’affaires et dirigeant d’entreprise.

Un peu plus tard, j’ai commencé à travailler chez Stikeman Elliott comme étudiant en droit. C’est alors que j’ai appris à aimer le droit et que j’ai constaté qu’il ne s’agissait pas seulement de litige et de cas de jurisprudence : j’ai réalisé qu’existait un aspect d’affaires au droit. Si vous me demandez mon avis aujourd’hui, je vous dirais que je fais le plus beau métier du monde !

BCF a donc démarré sur cette idée d’être un bureau d’affaires (d’où le nom ‘BCF / Avocats d’Affaires’). Nous étions jeunes et voulions faire notre place dans le mid-market, qui était un peu négligé à l’époque. Le fil conducteur de toute ma carrière ? Avoir une approche d’affaires et être utile aux bâtisseurs d’entreprise.

2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?

Me Mario Charpentier, associé directeur du cabinet BCF
Me Mario Charpentier, associé directeur du cabinet BCF
BCF compte aujourd’hui 400 personnes, dont plus de 200 professionnels. Le plus grand défi, pour moi et mon équipe, a été et est encore aujourd’hui de conserver, malgré le temps et l’expansion du cabinet, ce côté magique, cette passion de l’entrepreneurship et cette proximité que nous avons avec les gens d’affaires.

Je tiens beaucoup à préserver cette philosophie qui nous permet encore de travailler comme si nous étions une start-up.

En arriver à plus de 400 personnes implique d’intégrer bien des gens et de savoir le faire en gardant le cap et en alignant tout le monde sur des valeurs communes. En étant clair et direct dès le début, on sélectionne les bonnes personnes, à savoir des gens qui s’identifient au cabinet, qui se l’approprient, qui s’impliquent et qui s’intègrent dans un esprit de collaboration et d’entraide. Je suis, notamment, très heureux de la place que nous faisons aux jeunes et de celle qu’ont prise les femmes au sein de notre organisation. Ce travail quotidien demande de la souplesse et des ajustements et, naturellement, beaucoup d’écoute.

3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?

La province de Québec est une des seules juridictions, sinon la seule, où l’on fait son droit sans préalablement compléter un autre baccalauréat. Je suis pourtant d’avis que le droit est un métier que l’on devrait faire ‘en deuxième’. Le fait d’avoir étudié dans un autre domaine et d’avoir vu et vécu autre chose fait une différence et apporte une plus-value aux clients, qui paient cher pour nos services.

Outre cela, je changerais probablement la feuille de temps ! Personne n’aime avoir la feuille de temps comme baromètre de ses actions, surtout compte tenu du fait que ce qui compte pour le client, ce sont plutôt les solutions ! Il faut toujours avoir à l’esprit la nécessité d’être clair pour nos clients et de leur donner l’heure juste. Ce qui, en bout de ligne, comptera souvent beaucoup plus que l’argent, ce sera d’en avoir fait un peu plus que le client en demande, sans nécessairement l’avoir mis sur sa feuille de temps, justement.

4. La perception de vos clients envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique ? Et pourquoi, à votre avis ?

Je crois qu’elle est meilleure qu’elle ne l’était. Les clients nous apprécient de plus en plus. Ils aiment notamment notre franc parler et notre capacité à être direct et à offrir la plus grande prévisibilité possible, et ce, même si ce qu’on leur dit n’est pas toujours ce qu’ils veulent entendre ! Adopter une approche simple et pragmatique, sans artifice, plutôt que celle de l’avocat avec un grand ‘A’, qui dicte les choses à son client au lieu de l’inverse, augmente la satisfaction et fait échec aux critiques.

5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant réussir comme vous ?

Je dis souvent qu’il faut trois choses pour réussir : le travail, le travail et le travail. Cela ne signifie pas pour autant qu’il ne faut pas avoir d’amis et prendre le temps de faire autre chose, comme par exemple s’impliquer dans notre communauté, bien au contraire.

Au début de ma pratique en fiscalité, j’étudiais 20-30 heures par semaine, en plus des heures que je passais au bureau. Je lisais, je publiais, etc. Il est important, surtout en commençant, de non seulement faire son travail mais de se maintenir à jour en lisant de la doctrine et des projets de loi et, en bref, en maîtrisant encore mieux son sujet. Comme avocat d’affaires, il faut aussi lire des livres sur la finance, la gestion et l’économie, de façon à comprendre ce que nos clients vivent.

Tout cela représente beaucoup d’heures, c’est vrai. Ce sont, cependant, ces investissements personnels importants qui permettent de ‘prendre les devants sur le voisin’. Démarrer son propre bureau implique en effet de travailler deux fois plus fort pour gagner la confiance du client, comme la réputation du cabinet n’est pas encore faite. Une fois que le succès vient, il ne faut pas pour autant tomber dans la facilité. En effet, ce n’est pas parce qu’on est premier de classe qu’on le restera toute notre vie : il faut se réinventer chaque jour et se démarquer pour gagner.

En vrac…

Des livres qu’il aime : Outre le fait qu’il se dit disciple de Jack Welsh, il a notamment aimé Built to last (Jim Collins et Jerry I. Porras); Good to Great (Jim Collins) et The Fifth dimension (John Hick).

Sa chanson fétiche – ‘Fly me to the moon’ (Frank Sinatra)…c’est qu’il est romantique, nous confie-t-il!

Son expression ou diction préféré – ‘Failure is not an option!’

Son péché mignon – La bonne bouffe!

Son restaurant préféré –Leméac (rue Laurier)

Il vivrait volontiers à…Paris

Un personnage qu’il admire beaucoup – Brian Mulroney, qui a beaucoup fait pour le Canada

S’il n’était pas avocat, il serait…probablement investment banker!

Me Mario Charpentier est l’un des six fondateurs de BCF qui compte aujourd’hui plus de 200 professionnels au Québec. Il est l’associé directeur et l’un des quatre membres du comité exécutif du cabinet. Il est coresponsable des équipes stratégiques Affaires et technologie et Capital de risque et membre de plusieurs autres équipes stratégiques du cabinet.

Il représente plusieurs moyennes et grandes entreprises publiques ou privées ayant leur siège social au Québec. Sa grande expérience, notamment en démarrage d’entreprises à forte croissance dans les domaines de la haute technologie, en fait un professionnel recherché dans le domaine.

Me Charpentier compte plus de 25 années d’expérience en fiscalité corporative rattachée aux fusions et acquisitions, au financement et à la planification fiscale et financière. Il accompagne notamment les entreprises dans leur mise en Bourse, leurs démarches d’acquisition d’entreprises ou la mise en place de partenariats.

Tout en mettant ses compétences au service des jeunes entreprises de la nouvelle économie, Me Charpentier représente, et ce, depuis le début de sa pratique, les moyennes et grandes entreprises familiales. Son expertise dans ce domaine est notable, plus particulièrement en ce qui a trait aux transferts d’entreprises familiales et au développement de programmes d’intéressement des employés clés ou de management buy-out.

Depuis 1995, il a participé à plus de 250 financements privés, publics ou en capital de risque reliés ainsi qu’à diverses transactions transfrontalières effectuées par des sociétés américaines et européennes.
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