Tomber en amour avec le droit
Dominique Tardif
2013-07-17 15:00:00
J’étais et demeure excessivement heureux de ma chance d’avoir un père qui non seulement était un excellent avocat, mais également un très bon ‘raconteur d’histoires’. Mon frère et moi écoutions, à l’âge d’à peine 5-6 ans, ses histoires captivantes à la table à dîner : il faisait de tout, du droit des affaires au litige en passant par la fiscalité. Il fut facile pour moi, avec de telles histoires, de tout simplement tomber en amour avec le droit! Compte tenu de la tradition familiale, le choix fut donc assez facile à faire pour moi.
2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?
Mon plus grand défi fut celui du dossier de l’aéroport Pearson de Toronto. A compter de 1990-1991, je représentais les intérêts d’un client cherchant à acquérir le bail de l’aéroport. J’ai mené l’équipe qui, pendant deux ans, a négocié avec le ministère des Transports sous le gouvernement Mulroney. Le bail fut signé quelques jours seulement avant l’élection ayant conduit Monsieur Chrétien au pouvoir.
Or, Monsieur Chrétien avait indiqué que, si élu, il s’assurerait que l’aéroport ne soit pas privatisé. Une fois élu, il mit sa ‘menace’ à exécution en mettant fin au bail que notre client avait signé…et qui venait de prendre des années à négocier! Il fut donc établi que le bail était résilié.
Un projet de loi fut ensuite passé à la Chambre des communes, selon lequel notre client recevrait une indemnité dont le montant serait établi à la seule discrétion du ministre des transports, et ce, sans possibilité d’en appeler de sa décision. Heureusement pour nous, un sénateur libéral se rangea du côté des conservateurs, avec un résultat de 50-50 au Sénat. Malgré la résiliation du bail, nous avions donc droit de recevoir compensation, ce qui nous valu deux autres années de négociation.
J’ai eu, au cours de ce dossier fascinant et très médiatisé, l’occasion de me présenter, outre devant les médias, devant la Chambre des Communes et le Sénat. Ce fut certainement un débat très public et intéressant!
3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?
Je choisirais de changer la perception qu’a le public des avocats, puisque je la considère complètement injuste. En effet, 98% des avocats que je connais sont conscientieux, réfléchis, se montrent disponibles, ont les intérêts de leurs clients à cœur et travaillent très fort pour s’assurer que les objectifs de leurs clients sont atteints. La perception, cela dit, est malheureusement souvent bien différente, et à tort.
4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?
A mon avis, elle est pire qu’elle ne l’était à mes débuts. Les avocats sont parfois identifiés dans des scandales, souvent par le biais des médias. Il semble y avoir beaucoup d’information sur les ‘faux pas’ de certains avocats. Quand une pomme pourrie est dans le panier de la profession, beaucoup de gens en ont connaissance, et cela fait de l’ombre à l’ensemble du milieu juridique. Pourquoi? Peut-être en partie parce que la pratique du droit est, aujourd’hui et contrairement à il y a quarante ans, un peu moins une ‘profession’ et un peu plus ‘une business’. Indépendamment de la raison, je constate malheureusement que la profession, tant celle de notaire que d’avocat, est moins bien vue aujourd’hui.
5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant réussir comme praticien en cabinet d’avocats?
Facile à dire, évidemment, et plus difficile à mettre en application!
Pour réussir:
1. Travaillez fort;
2. Faites preuve d’honnêteté et dites la vérité. Si vous faites une erreur, ne vous en cachez pas, ne blâmez personne d’autre et corrigez-la;
3. Ayez une bonne écoute. En effet, les avocats sont typiquement des gens qui n’écoutent que peu. Pourtant, l’objectif est de bien comprendre les besoins de ses clients, ce qui implique d’écouter plutôt que de parler;
4. Soyez de ceux qui trouvent un sentiment de gratification dans le fait d’aider les autres;
5. Impliquez-vous au sein de votre communauté;
6. Apprenez les habiletés nécessaires au développement d’affaires.
La combinaison de ces éléments fera de vous non seulement un praticien qui aura du succès, mais qui se trouvera satisfait de sa profession.
En vrac…
• Le livre qu’il lit actuellement: Give and Take, d’Adam Grant, un jeune psychologue ayant développé une théorie voulant que ceux qui ‘donnent’ sont plus susceptibles de réussir que ceux qui ‘prennent’.
• Sa chanson fétiche – Good vibrations! Oui, il est fou des Beach Boys!
• Ses péchés mignons – les courses automobiles, le jardinage des légumes, le vin rouge, le voyage et la lecture.
• Un restaurant préféré? Non, comme il adore essayer les nouveaux endroits!
• Il aime…l’Italie et Israël.
• Le personnage historique qu’il aimerait pouvoir rencontrer : Moïse
• S’il n’était pas avocat, il serait…président de Procter & Gamble, étant un fan des stratégies de marketing et publicité!
Me Robert Vineberg est associé chez Davies Ward Phillips & Vineberg. Il fait partie des groupes de pratique Fusions et acquisitions, Immobilier commercial, Droit des sociétés et droit commercial, Gouvernance, et Commerce de détail.
Me Vineberg est spécialisé en transactions et en droit des sociétés. Son expertise porte principalement sur les fusions et acquisitions, l’immobilier, la gouvernance, la planification successorale et les fiducies ainsi que les organismes de bienfaisance. Sa clientèle reflète la portée des opérations qu’il aide à négocier et à conclure.
Me Vineberg est membre du Barreau du Québec depuis 1968. Il a remporté le prix Client Choice pour le Québec en 2013 décerné par l’International Law Office et Lexology et est nommé par des conseillers juridiques d’entreprise et ses pairs pour figurer dans le répertoire Guide to the World’s Leading Real Estate Lawyers.