J'ai gagné à la loto!

Emeline Magnier
2013-09-11 15:00:00

Femme charismatique et avocate allumée, elle dirige une petite brigade juridique composée de sept avocats, huit secrétaires, et une stagiaire, laquelle traite pas moins de 2275 dossiers par année.
"Nous sommes une super équipe, privilégiée de travailler dans une organisation comme la nôtre", indique l'avocate qui a toujours eu un penchant pour la pratique à volume.
Virage social
Membre du Barreau depuis 1997, Me Archambault a commencé à user les manches de sa toge en tant que stagiaire en litige fiscal, au Ministère de la Justice à Ottawa.
Elle travaillera par la suite dans un petit cabinet montréalais, toujours en droit fiscal, la plaidoirie en moins. Si cette expérience lui a permis d'acquérir une grande rigueur et une bonne formation, elle décide rapidement de prendre un virage à 180 degrés dans l'orientation de sa carrière.
"Je cherchais un sens à mon travail que je ne trouvais pas dans cette pratique", confesse-t-elle.
Se sentir utile, aider les gens, et être sur le terrain. Elle choisira donc d'intégrer l'aide juridique en 1999, et n'échangerait aujourd'hui sa place pour rien au monde. "J'ai gagné au loto en 1999", dit-elle d'un ton rieur mais non moins empreint de sincérité.
Elle a continué de travailler à l'usure de sa robe noire pendant plus de dix ans, traitant des dossiers de droit civil, familial, et de régimes de protection.
Coach d'experts

Elle se positionne comme coach d'une équipe spécialisée. "Je nous vois comme des experts, mais toujours avec une composante sociale, comme les spécialistes en impôts maîtrisent la loi fiscale", illustre l'avocate.
La directrice met l'emphase sur le travail d'équipe et axe la gestion du bureau autour du leadership participatif pour susciter l'engagement des avocats et employés.
Chaque vendredi, tous les avocats se retrouvent pour discuter de leur dossiers problématiques et recueillir l'avis de leurs confrères plus expérimentés.
"Ce ne sont pas que les jeunes qui vont voir les avocats plus anciens, c'est vraiment à double sens", explique la directrice.
Gestion efficace
Les avocats siègent également sur des comités institués pour assurer le fonctionnement optimal du bureau. Comité sur l'organisation du travail, comité social, la rationalisation de la productivité est aussi passée par l'aide juridique qui compte aussi un comité de développement des affaires.
"Nous sommes retournés dans les CLSC nous présenter et nous informer sur les programmes offerts pour aider les personnes qui viennent nous voir", explique Me Archambault.
Gérer les situations de crise avec des clients difficiles, s'assurer que les avocats disposent des moyens nécessaires pour faire leur travail, former les nouveaux arrivants, discuter d'un dossier épineux, et partager des anecdotes de cour avec des collègues, les journées de la directrice sont bien remplies.
Et il lui arrive encore de "mettre les mains dans les dossiers", dit-elle, notamment quand un avocat est absent pour que le client n'attende pas. Service à la clientèle oblige.
Volume et priorités

"Il faut distinguer l'urgent et important de l'important non urgent, et répartir son temps équitablement pour traiter les dossiers avec diligence", explique-t-elle.
Et pour cause: chacun des avocats tient une journée d'accueil par semaine au cours de laquelle il reçoit 16 nouveaux clients, qu'il aura vocation à suivre pour le reste des procédures. Si procédure il y a, et à condition que l'admissibilité à l'aide juridique soit prononcée.
"Nous encourageons les clients à garder le même avocat si d'autres litiges surviennent, et si le domaine de droit est couvert par notre bureau", explique Me Archambault.
Si la masse de travail est conséquente, la gestion de l'émotionnel requiert aussi beaucoup d'énergie, face à des clients qui sont parfois totalement démunis, tant matériellement que psychologiquement.
"Il faut un juste dosage entre l'empathie et la sympathie. Apprendre à se protéger, c'est un art!" souligne l'avocate.
Avec une vie professionnelle bien occupée, Me Archambault parvient aussi à préserver une vie de famille privilégiée. Mère de trois filles âgées de quatre, huit et dix ans, c'est elle qui fait la conduite à l'école chaque matin.
"J'arrive à faire un travail qui m'allume dans de bonnes conditions, et à être présente pour ma famille", dit celle qui se présente comme une maman qui délègue peu.
Elle précise d'ailleurs que ses filles, intéressées à sa profession, préféraient quand elle plaidait plus souvent. "Je revenais fréquemment avec une anecdote de cour à raconter!"