«QS répond à mes aspirations de plus de justice sociale»
Marie Pâris
2014-03-19 11:15:00
Diplômée de deuxième cycle en relations industrielles, elle représente et soutient les membres du SCFP en matière de droit à l’égalité, d’équité salariale, de droits parentaux, de respect de la vie privée et de libertés fondamentales.
Elle a plaidé des dossiers constitutionnels sur la réforme de la Loi sur l’équité salariale et la Loi sur le contrôle des dépenses du gouvernement Harper. Me Desjardins a également agi à titre d’experte à l'Organisation internationale du travail à Genève dans une commission sur la traite des personnes aux fins d’exploitation du travail.
Droit-inc: Qu’est-ce qui vous a motivée à vous lancer dans la campagne ?
Me Annick Desjardins : Le fait que les partis au pouvoir, successivement, déçoivent mes attentes pour plus de justice sociale.
Quels sont les trois principaux objectifs de votre programme ?
La réduction des inégalités socio-économiques, le développement économique respectueux de l’environnement et la réforme des institutions démocratiques.
En quoi votre métier d’avocat vous aide-t-il en politique ?
Cette formation est plus qu’utile à l’épreuve des faits et à l’analyse empirique et documentée des politiques publiques. Comme juriste, on sait faire la distinction entre ce qu’un gouvernement minoritaire est capable d’accomplir via le pouvoir exécutif et les limites que pose le pouvoir législatif. La ligne de communication péquiste voulant qu’ils aient été empêchés d’agir sur certains enjeux parce qu’ils étaient minoritaires ne tient pas la route.
Pourquoi avez-vous choisi de rejoindre ce parti ?
Québec solidaire est un parti intègre qui répond à mes aspirations pour plus de justice sociale, pour une approche démocratique inclusive, pour les droits de la personne et pour le bien commun.
Il y a beaucoup d'enjeux juridiques dans cette élection, notamment autour des droits de la personne avec la Charte...
Je suis coordinatrice du Service des droits de la personne du Syndicat canadien de la fonction publique depuis dix ans, et je travaille en collaboration avec les groupes communautaires du mouvement des femmes. Je défend au quotidien les victimes de discrimination en emploi, qu’elle soit directe, indirecte ou systémique.
Je pense que la Charte telle que proposée par le PQ constitue un obstacle systémique à l’emploi qui affecte de façon disproportionnée les femmes musulmanes, mais aussi les sikhs et les juifs. Je n’y vois pas un outil de lutte contre l’intégrisme, bien au contraire. Il faut par contre affirmer clairement la laïcité et la neutralité de l’État.
À mon avis, la proposition de Québec solidaire, fondée sur de larges consultations menées par la Commission Bouchard-Taylor, est non seulement raisonnable, mais permettrait un consensus au delà de lignes partisanes, qui passerait le test devant les tribunaux s’il était adopté par l’Assemblée nationale.
Que retirez-vous de cette campagne, d’un point de vue personnel ?
Une campagne électorale n’est qu’un rendez-vous dans une démocratie participative. La campagne permet de tisser des liens bien au-delà de l’échéance électorale.
Pendant la campagne, continuez-vous à pratiquer ?
Oui, j’ai pris des congés personnels, mais je continue de travailler.
Selon vous, quels sont les points des programmes des autres partis qui seront impossibles à mettre en place ?
Pour la CAQ, c’est l’annonce de quatre milliards de coupures de dépenses en quatre ans, tout en promettant la création d’emplois. C’est interdire l’utilisation des cotisations syndicales à d’autres fins que la stricte négociation collective.
Le rôle de défense des droits des salariés implique nécessairement des activités plus larges que la simple négociation collective ; par exemple assurer le respect de la Loi sur l’équité salariale ou de la Loi sur la santé et la sécurité au travail ; travailler à l’intégration au travail des personnes handicapées ou des nouveaux immigrants, faire pression pour améliorer la Loi sur les normes du travail ou le régime de rentes du Québec pour l’ensemble des salariés…
Pour le PQ, c’est interdire le port de signes religieux par les employés des services publics, et gouverner avec un ministre constamment en conflit d’intérêts.
Quant au PLQ, c’est espérer faire des économies par la privatisation des services publics, ce qui s’est révélé une stratégie désastreuse au plan économique et au plan éthique ; le statu quo sur la question nationale.
Que pensez-vous de l'adoption du nouveau Code de procédure civile par le gouvernement ? Faut-il aller plus loin ?
Les réformes successives du Code de procédure civile n’ont jamais véritablement amélioré l’accès à la justice pour les citoyens et citoyennes. Il faudra vivre le nouveau Code pour l’évaluer.
Que pensez-vous de la candidature de PKP ?
Elle est plus que problématique à plusieurs égards. D’abord parce que le Code d’éthique et de déontologie des membres de l’Assemblée nationale n’a pas été conçu pour des situations telles celle de M.Péladeau.
Même en appliquant les exigences du Code d’éthique relatives aux intérêts dans une entreprise, il demeurera dans une situation de conflits d’intérêt (pas seulement en apparence) à tant de niveaux qu’il est impensable qu’il puisse siéger effectivement au Conseil des ministres.
De plus, le fait que le PQ avalise son approche de relations de travail en faisant de lui un candidat vedette n’a rien pour me rassurer. Le PQ vire à droite, tant sur le plan identitaire que sur le plan économique et cela est inquiétant.
Il y a beaucoup d'avocats dans les listes du PQ, PLQ et CAQ, et vous n’êtes que deux pour QS... Qu'en pensez-vous ?
Les avocats et avocates représentent 0,5% de la population active au Québec. Chez QS, avec deux candidates sur 125, on a un ratio de 1,6%. La profession est donc bien représentée au sein de notre groupe.