Faites votre place en droit du sport

Emeline Magnier
2015-05-28 17:05:00

Le juriste est l’un des rares avocats québécois qui a su se faire une place en droit du sport, et particulièrement du hockey professionnel, une pratique de niche, dépendante du milieu très prisé qu’est celui des sports de haut niveau. Et à en croire la fréquence des appels qu’il reçoit d’un client entraîneur ou d’un journaliste sportif au cours de l’entrevue, le juriste est visiblement très occupé.

Il a également fait partie de l’équipe qui a participé à l’acquisition des Canadiens en 2009 par le consortium mené par les frères Molson. Parmi ses clients, on compte aussi l’athlète olympique Bruny Surin, l’entraîneur de hockey Guy Boucher, et bien d’autres. Un « book of business » dont plusieurs aimeraient sans doute disposer.
Pourtant, au départ, rien ne prédisposait celui qui indique avoir toujours eu un grand intérêt pour le sport en général à devenir avocat.
Saisir les opportunités
Fils de fonctionnaires et originaire de la ville de Québec, c’est sur les conseils d’un ami que Me Vézina « met sur la glace » son projet de devenir ingénieur et applique dans différentes facultés de droit. « J’ai eu des accusés positifs et j’ai décidé d’écouter la vie », explique-t-il.
Après un baccalauréat à l’Université Laval et un diplôme en Common law à l’University of Western Ontario, il intègre le Barreau du Québec en 1999 et se joint au cabinet Lavery à Montréal. « Plus les années ont passé, plus j’ai aimé le droit et j’ai eu des opportunités intéressantes. Et depuis, je n’ai plus jamais regardé en arrière.»

Relations et confiance
Lors d’une transaction commerciale, l’avocat a été présenté à un groupe d’intervenants dans le milieu du hockey, comprenant des joueurs et des jeunes retraités qui avaient l’ambition de s’imposer comme gestionnaires dans la ligue. « Ils voulaient réaliser des choses, nous avons maintenu des liens ensemble et développer une relation professionnelle et amicale.»
De fil en aiguille, il s’est vu confier différents mandats et dispose aujourd’hui de clients en Amérique du Nord et en Europe, le marché étant « limité », sa pratique se doit d’être globale. « C’est un milieu très serré et très sollicité de l’extérieur. Les relations sont fondamentales et bâties sur la confiance », explique-t-il.
Les compétences qu’il a développées en droit des affaires sont transférables à l’industrie du sport où les transactions sont souvent comparables à des opérations commerciales. « Il n’y a pas de lois du sport, alors on consulte surtout la législation commerciale ». Il intervient notamment pour la négociation de contrats d’embauches et des avantages y afférant, contrats de vente de clubs de hockey, entente d’endossement ou contrats de rétention de talents. « L’industrie est particulière mais les mandats sont très variés.»
Des places chères mais disponibles

Me Vézina cite notamment le débat entourant le statut des joueurs de ligue junior de hockey et le recours collectif déposé par des centrales syndicales visant à déterminer s’ils sont des joueurs amateurs ou des employés au sens des normes du travail. « S’ils doivent être mis sur le payroll, ça change la donne », commente l’avocat.
Il fait également référence aux questions de santé et sécurité et à la responsabilité des opérateurs de clubs sportifs, ainsi qu’aux cas de commotions cérébrales et aux poursuites judiciaires lancées par les joueurs qui en ont été victimes.
Quelles sont donc les qualités requises dont devrait se prévaloir un avocat qui souhaite exercer en droit du sport ? « Il faut une bonne connaissance de l’industrie et en comprendre les enjeux globaux tant aux États-Unis qu’au Canada, il y a peu de frontières en droit du sport professionnel », souligne Me Vézina. Il ajoute qu’il est aussi important de bien saisir les besoins du client dans cette industrie encore jeune où les règles sont souvent dictées par des enjeux financiers.
« Le talent est un cadeau, mais le succès ne vient qu’avec le travail », conclut-il citant Jean Béliveau.