Un associé expérimenté de Gowlings change de cabinet
Éric Martel
2019-06-27 15:00:00
Rappelons que Gowlings a fusionné en 2016 avec Wragge Lawrence Graham & Co (WLG) pour devenir Gowlings WLG. Le cabinet international est présent dans 17 villes et compte plus de 1400 professionnels juridiques dans le monde.
« Je n’avais plus rien à apprendre de cette formule-là , avoue-t-il, dans la salle de conférence de KRB Avocats. Je ne le cacherai pas, il y a une grosse différence entre un cabinet national et international. »
Le Barreau 1981 pointe du doigt le nombre de joueurs croissants sur le marché, les acquisitions constantes des grands cabinets, et surtout, leurs taux honoraires croissants.
« Je ne sais pas jusqu’où la spirale de l’augmentation des taux va aller, mais il faudra que ça arrête », dénonce-t-il.
Le plaideur dénote également les conflits d’intérêts, devenus « ingérables » dans les grands cabinets.
Il se remémore l’un de ses dossiers, où il était appelé à représenter un entrepreneur qui poursuivait une firme de génie importante. Alors qu’il était déjà bien investi dans le litige, le comité d’arbitrage des conflits d’intérêts de Gowling WLG lui a indiqué qu’il ne pourrait pas compléter son dossier, puisque cette firme de génie visée était l’un des gros clients du bureau de Londres du cabinet.
« J’ai perdu deux ou trois dossiers comme cela. Ce sont tout de même de gros honoraires », déplore-t-il.
Cabinet boutique
Mais, lorsqu’on aborde KRB Avocats, le ton de Me L’Heureux change. Au cours de l’entrevue, l’ancien de l’Université de Montréal encense les frères Mes Chris et Alex Karambatsos à maintes reprises.
« J’avais beaucoup entendu parler des deux frères, de leur vision, de leur leadership. Ils ont une expertise pointue dans leur domaine, en plus d’être d'excellents développeurs », s’enthousiasme-t-il.
Alors que les associés fondateurs se concentrent sur le droit transactionnel, ils cherchaient un avocat qui pouvait leur apporter une plus-value en litige. C’est dans cette optique qu’ils misent donc sur Me L’Heureux.
« Il y a plein de cerveaux jeunes et brillants ici, mais ils manquaient d’heures de vol en termes de pilotage. Je suis là pour ça! » image le juriste d’expérience.
Le trac d’un débutant
Âgé de 62 ans, le juriste est gonflé à bloc à l’idée de jouer un rôle de mentor et d’amener le volet litige de son nouveau cabinet à un autre niveau. Le mot retraite ne semble pas faire partie de son vocabulaire.
« Je veux pratiquer tant que je vais vivre, tant que ma santé va me le permettre. Avec respect pour ceux qui s’amusent à frapper des balles blanches, moi, je ne pourrais pas faire ça tous les jours. J’aime encore plus pratiquer qu’à mes débuts », explique-t-il.
Il s’avance dans sa chaise et dépose ses deux poings sur la table lorsqu’il parle de son métier. Ses yeux s'illuminent.
« C’est la plus belle profession, assure-t-il. On est payé pour apprendre tous les jours. Le litige, c’est un microscope privilégié sur ce qu’il y a de plus beau et de pire chez l’humain. »
Plaider lui offre le même sentiment qu’à ses débuts. Il avoue même que le trac qui l’habitait lors de ses premières plaidoiries ne l’a jamais quitté.
« C’est le même sentiment qu’un chanteur avant d’entrer sur la scène. Si tu n’as plus de trac, ça ne fonctionne plus », conclut-il.