Arrêt des procédures contre Yves "Colosse" Plamondon après 28 ans de prison

La Presse Canadienne
2014-03-14 07:00:00

Jeudi, la poursuite a annoncé qu'elle acceptait son acquittement pour la première accusation et arrêtait les procédures pour les deux autres accusations.
Si M. Plamondon a passé près de trois décennies en prison, c'est qu'il a toujours refusé de reconnaître sa culpabilité, démarche nécessaire pour demander une libération conditionnelle.
"C'est évident qu'il y aura des poursuites concernant le préjudice qu'il a subi", a averti son avocat, Daniel Rock, au cours d'une entrevue téléphonique, jeudi après-midi.
Quelques heures plus tôt, son client quittait le palais de justice de Québec manifestement ému.
"Je suis bien content, c'est fini", a dit M. Plamondon, de sa voix enrouée.
"C'est quelque chose. Ça fait 30 ans que j'attends après ça. C'est fini, c'est fini. On n'en parle plus", a-t-il ajouté.
Mais son avocat a bien l'intention de continuer à en parler pour dénoncer, a-t-il dit, le système de délateurs.
"Ils se sont appuyés sur un délateur complètement farfelu. On a découvert, après, les faveurs qu'il avait eues", a raconté l'avocat.
"Le système de délation, c'est effrayant", s'est-il exclamé.
Me Rock a pointé vers de nombreuses causes, actuellement devant les tribunaux, qui remettent en question le rôle des délateurs.
"Actuellement, le système des délateurs est fortement contesté et ça date de la cause de M. Plamondon", a-t-il souligné.
Aujourd'hui âgé de 64 ans, Yves "Colosse" Plamondon avait des démêlés avec la justice, dans les années 1980. On lui reprochait d'appartenir au milieu du trafic de drogue. C'est ainsi qu'on avait établi un lien entre lui et les trois victimes de meurtre. C'est donc en 1985 qu'il a été condamné à 25 ans de détention pour les trois meurtres.
Ses avocats ont dû aller jusqu'à obtenir une enquête du ministère fédéral de la Justice. C'est cette démarche, en 2008, qui a conduit à sa libération, en janvier de cette année, en attendant un nouveau procès qui, finalement, n'aura pas lieu.
"Ils n'ont jamais rien voulu concéder", a reproché Me Rock à la Couronne.
Jeudi, le procureur de la Couronne, Me Michel Breton, expliquait pourquoi il y avait arrêt des procédures. "Il y a les témoins repentis de l'époque qui sont décédés. Il y a des enquêteurs décédés. Il y a des témoins civils décédés. Il y a des experts décédés; le médecin légiste est décédé", a-t-il énuméré.
"En plus, tous les éléments de preuve qui ont été déposés lors du premier procès ont été détruits depuis", a-t-il ajouté.