Devenu père malgré lui

Agence Qmi
2014-03-10 13:15:00

Il y a trois ans, son ex-conjointe lui apprenait qu’elle était enceinte.
«Elle me disait qu’elle prenait la pilule, mais elle me mentait en pleine face, explique-t-il. Elle savait très bien que je ne voulais pas être père.»
Même après plusieurs discussions à ce sujet, son ex-petite amie refusait de se faire avorter. Après l’accouchement, elle l’a traîné en justice, réclamant une pension alimentaire.
«Pourtant, je lui ai répété plusieurs fois que je ne m’occuperais jamais de cet enfant-là», défend-il.
Jean a perdu sa cause devant les tribunaux et paie depuis deux ans une pension alimentaire pour sa fille.
« La même chose »

Vendredi dernier, le Néo-Écossais Craig Jaret Hutchinson a été déclaré coupable d’agression sexuelle par la Cour suprême du Canada, pour avoir troué ses condoms afin que sa partenaire tombe enceinte. Le tribunal a conclu que le sabotage des condoms constitue une fraude puisque sa partenaire, qui s’est fait avorter, n’était pas consentante.
Selon Me Julie Couture, avocate en droit criminel, la même décision aurait pu être rendue si un cas comme celui de Jean s’était rendu en Cour suprême.
«Si une femme arrête de prendre sa pilule sans le dire à son conjoint, elle vient de commettre une fraude et cela vicie le consentement. Mais est-ce suffisant pour dire qu’elle a commis une agression sexuelle?», se demande-t-elle.
Pour Rémi Gervais, juriste, la décision de la Cour suprême n’ouvre pas la porte à la condamnation pour agression sexuelle d’une femme, «parce qu’il doit avoir un risque de dommages physiques» pour en arriver à une telle conclusion. Dans la cause d’Hutchinson, les dommages physiques constituaient la grossesse non désirée et l’avortement qu’a subi sa partenaire.
Mis au courant de ce jugement de la Cour suprême, Jean a confié au Journal vouloir tenter sa chance en appel, quoiqu’encore un peu sceptique qu’il obtienne gain de cause.
«Je vois une toute petite lumière au bout du tunnel, dit-il. Ça m’encourage.»