Dix minutes pour séduire

Céline Gobert
2012-06-13 15:00:00

Me Anthony Soliman, gardien du temps, ne plaisante pas et fait résonner l’alarme dans la salle d’audience de la Cour d’appel du Québec lorsque le temps est écoulé.
Face à Marie-France Bich, juge de la Cour d’appel du Québec, Me Johanne Brodeur, vice-présidente du Barreau du Québec, Me Gacia Kazandjian, secrétaire-trésorière de l’AJBM, et Me Horia Bundaru, avocat chez Norton Rose et gagnant de l’édition précédente, les candidats y sont allés de bons mots, mêlant débat philosophique et enjeux juridiques.
« C’est un concours oratoire de technique de rhétorique qui nous permet de nous confronter au stress de plaider, d’être face au juge, de voir quel pouvoir de conviction on a auprès du juge, mais également de se faire connaître un petit peu », explique Me Marion Soumagne, l’une des participantes.

Me Michèle Frenière d’Heenan Blaikie a répondu « non » à la question : « le seul moyen de se délivrer de la tentation est-il d’y céder ? » face au « oui » de Me Étienne Giroux du service de recherche de la Cour supérieure.
« Je me sens comme une adolescente au secondaire qui aurait un exposé oral à faire. C’est très stressant », déclare Me Frenière.
« Pour moi, c’était un défi d’autant plus que je ne suis pas plaideur mais recherchiste, je voulais sortir de ma zone de confort », dit, quant à lui, Me Giroux.
Enfin, Me Marion Soumagne de Freiheit Légal, dernière candidate en lice, a essayé de convaincre le jury que la facilité de parler résultait de l’impuissance de se taire.

Une heure et demie plus tard, c’est Me Michele Frenière, côté français, qui remporte le 1er Prix, suivie à la seconde place par la française Me Soumagne.
Côté anglais, Me Julia Lifchits remporte le 1er Prix après avoir répondu à la négative à la question suivante « Are great talkers really little doers ? »
Me Frenière aura l’honneur de représenter le Barreau de Montréal au Prix Paris-Montréal de la Francophonie en septembre, ainsi que le Québec au concours international de l’éloquence de la francophonie organisé par la Conférence Internationale des Barreaux de tradition juridique commune, qui aura lieu en fin d’année en Afrique.
« Je suis très fière, dit-elle, et j’encourage tous les jeunes Barreaux à vivre l’expérience car cela est très enrichissant. Cela m’a appris à ne pas reculer devant les craintes que l’on peut avoir face à l’obstacle. »
Me Lifchits, quant à elle, représentera l’AJBM, à la seconde édition de l’International Debate Championship qui se tiendra à Montréal, en septembre prochain.
Les orateurs des débats francophones :

Me Patrick Zakaria, Services Juridiques Mon Avok : peut-on empêcher un cœur d’aimer? Non.
Me Michèle Frenière, Heenan Blaikie : le seul moyen de se délivrer de la tentation est-il d’y céder ? Non.
Me Étienne Giroux, Service de recherche de la Cour Supérieure : le seul moyen de se délivrer de la tentation est-il d’y céder ? Oui.
Me Marion Soumagne, Freiheit Légal : la facilité de parler est-elle l’impuissance de se taire ? Oui.
Les orateurs des débats anglophones :

Me Zalman Haouzi : is it better to be safe than sorry ? No.
Me David Kellerman, Kellerman Avocats : can the "it’s not you, it’s me" excuse be taken seriously ? Yes.
Me Georges Greiss, Papineau Avocats : can the "it’s not you, it’s me" excuse be taken seriously ? No.